Antoine
du Saix, né en 1505 à Bourg-en-Bresse, d'une famille
distinguée, a été commandeur de Saint-Antoine,
abbé de Chésery, précepteur et aumônier
de Charles, duc de Savoye, et de plus son ambassadeur en France. Il
a laissé une traduction en prose de deux traités de
Plutarque sur la morale, et quelques poésies, tantôt
sur la morale, tantôt à la louange de quelque ami.
MORALITÉ.
Quand vous direz. " Enfants, vous n'estes rien,
Si, avant tout, vous n'estes gens de bien ",
C'est fort bien dit, cela ne peut que plaire;
Mais aux propos faut joindre l'exemplaire.
Petits enfants, singes souples et gais,
Merles, linots, pies et pape-gais,
Disent et font ainsi qu'ils ont vu faire,
A tout le moins,
le veulent contrefaire.
Les voulez-vous prescher de netteté,
Si estes plein de malhonnesteté ?
Celui a beau parler d'estoc et taille,
Qui le premier s'enfuit de la bataille
Socrate a dit, de sagesse pourvu :
"Sois toujours tel que tu veux estre vu."
SUR LA CONCEPTION DE LA VIERGE.
Comme en la fleur descend doulce rosée,
Dont fruit procede et vient en la saison
Comme au miroir entre face opposée,
Et doulcement comme pluie en toison;
Comme une voix pén etre en la maison,
Sans ouverture, et au coeur la pensée,
Soleil en vitre, et par ce n'est percée :
Ainsi Jésus, pour prendre humanité,
Vint en Marie, et n'en fust one blessée,
Mais demeura rnere en virginité.
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