Ainsi, comme il vous souvient, les feuilles ont été imprimées légèrement humides. On ne saurait les conserver longtemps en cet état ; le papier se gâterait. A mesure donc que les feuilles sont tirées sur le second côté, on les porte au séchage. Cette opération peut se faire de la manière la plus simple, en étendant les feuilles à l'air libre sur des ficelles tendues, absolument comme la ménagère s'y prend pour faire sécher son linge. Mais il vaut mieux étaler les feuilles dans une étuve, c'est-à-dire dans une chambrette doucement chauffée par un calorifère, une sorte de poêle disposé d'une façon plus ou moins ingénieuse, donnant une chaleur modérée et bien égale.
Presse à satiner : un paquet de feuilles passe entre les cylindres de la machine
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Satinage Ce n'est pas tout encore ; les feuilles séchées doivent passer au satinage. Le satinage a pour but d'effacer les petites gauffrures qu'ont faites sur le papier les reliefs des lettres, lors de l'impression, l'empreinte du foulage qui rend le papier inégal. Pour cela on empile les feuilles tirées en une haute pile bien droite, intercalant sous chacune une feuille de zinc polie. Cette pile se construit sous le plateau d'une forte presse que l'on appelle la presse à satiner, appareil tout à fait analogue à un simple pressoir. On serre très fortement ; les feuilles comprimées s'aplanissent, s'écrasent pour ainsi dire un peu ; en sortant de la presse, elles sont lisses et luisantes. Dans certaines imprimeries, le satinage se fait un peu différemment : les feuilles sont superposées par petites piles minces de vingt ou vingt-cinq, avec autant de feuilles de métal poli interposées ; puis on fait passer ce paquet entre les deux cylindres d'une machine semblable à un laminoir. Les deux cylindres tournent en sens contraire : on leur présente le paquet, qui se trouve saisi, entraîné. Or la distance des cylindres a été réglée un peu plus petite que l'épaisseur du paquet ; celui-ci, contraint de passer par cet intervalle trop étroit, s'aplatit au passage ; les feuilles de papier sont fortement comprimées, de même que sous la presse. Les feuilles passées au satinage paraissent beaucoup plus fines, plus nettes pour l'œil, plus douces au toucher ; le papier semble plus beau. -Souvent même, pour certains ouvrages qui doivent être imprimés avec beaucoup de perfection, on fait passer les feuilles sous la presse ou entre les cylindres, non pas seulement après l'impression, mais aussi et. de plus avant le tirage, lorsqu'elles sont humides ; le papier, rendu plus lisse, reçoit une impression plus nette et plus belle. Ce passage à la presse des feuilles blanches avant le tirage se nomme le glaçage. - Les feuilles satinées sont empilées en grands tas.
Or une feuille n'est pas un livre. Dans le plus modeste ouvrage, tel par exemple que celui-ci, il y a une douzaine de feuilles. Douze feuilles, cela fait vingt-quatre tirages successifs. Cette feuille que nous venons de voir tirer, sécher, satiner, et dont il y a, je suppose, dans la pile, cinq, ou dix, ou vingt mille exemplaires identiques, elle attendra là que toutes les feuilles du livre viennent l'une après l'autre la rejoindre, à mesure qu'elles seront tirées. - C'est fait. Voyez-vous dans ce grand magasin sombre, ces douze ou vingt, ou trente piles hautes, larges, lourdes, de feuilles entassées, couvertes d'une enveloppe de papier d'emballage qui les garantit de la poussière ? C'est notre livre. Il dort.