Jean-Baptiste Bodoni, de Parme, a porté l'art
typographique à un point de perfection où les secrets
de la mécanique et les inspirations du goût pouvaient seuls
permettre d'aspirer.
Cet imprimeur célèbre était né le 43 mars
1740, à Saluces, chef-lieu de l'une des provinces du Piémont.
Son père, Augustin Bodoni, qui exerçait aussi la profession
d'imprimeur, donna la première direction au talent du jeune artiste.
La carrière de Jean-Baptiste Bodoni, comme artiste, date de sa
quinzième année. Il s'exerçait à travailler
les métaux dans l'atelier d'un sieur Capra, serrurier. A dix-huit
ans , il se rendit à Route pour se perfectionner (1758). Placé
à l'imprimerie de la Propagande, sous la direction de l'abbé
Ruggieri, celui-ci lui persuada d'apprendre les langues orientales,
pour parvenir à être compositeur de livres a l'usage des
missions étrangères. Bodoni fit de rapides progrès
dans cette étude : un Missel arabe et l'Alphabet du
Thibet, furent les premiers fruits de son travail.
Le 24 février 1768, Jean-Baptiste Bodoni arriva à Parme
pour y prendre la direction de l'imprimerie ducale, qui acquit dans
ses mains une grande importance. La multiplicité des éditions
entreprises par Bodoni semble un prodige, et leur supériorité
a été attribuée aux perfectionnements qu'il avait
apportés dans les procédés pour graver les matrices
et pour couler les caractères, et aussi aux améliorations
introduites dans les diverses parties de la presse.
L'imprimerie de Parme a fourni des moyens d'impression à plusieurs
nations. La France elle-même lui demanda, en 1798 (voir
aussi une exemple d'impression par Bodoni à cette date),
une frappe de caractères phéniciens et palmyréniens,
pour assortir l'imprimerie nationale.
Bodoni, entre autres distinctions honorables, avait reçu le titre
d'imprimeur du roi d'Espagne. L'empereur Napoléon lui accorda
l'ordre impérial de la Réunion et une pension de 3,000
francs. Une autre pension lui était assignée par le prince
Eugène. Le roi de Naples le décora de l'ordre des Deux-Siciles.
A l'exposition française de 1806, Bodoni obtint la médaille
d'or.
Il est mort à Parme le 30 novembre 1813.
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