Retif de la
Bretonne [né à Sacy (Bourgogne) en 1734, dans la ferme de
La Bretonne où il vécut jusqu'à l'âge de 16
ans] (1), homme de lettres, dont la célébrité
aujourd'hui n'est pas en proportion avec la fécondité,
puisqu'il écrivit plus de 200 volumes, entra très-jeune
en apprentissage chez un imprimeur d'Auxerre [ pendant 4 ans à partir de 1751].
En 1755, il fit son compagnonnage
à Paris, dans l'imprimerie royale, sous la direction d'Anisson-Duperron,
qui lui donnait 50 sous par jour. A trente-trois ans, il était
encore ouvrier imprimeur, lorsqu'il écrivit son premier roman
dédié aux beautés (2).
A la révolution de 1789,
il établit une imprimerie rue de la Bûcherie, près
la place Maubert, quartier digne de l'auteur. Cet atelier était
seulement à son usage ; il s'y renfermait, et, passant alternativement
de la casse à la presse, il composait et imprimait lui-même
ses ouvrages. Le cynisme de cet auteur se retrouve un peu dans la forme
de ses livres.
De tant d'ouvrages qu'il a publiés, on a beaucoup
de peine aujourd'hui à en retrouver un seul : l'épicier,
ce vampire de la littérature, les a tous dévorés.
Retif de la Bretonne est mort pauvre, après une vie misérable
: triste exemple d'une fécondité malheureuse !
Dans un
de ses meilleurs ouvrages, dont la sérieuse Angleterre a publié
jusqu'à 42 éditions, le Paysan perverti, il
a donné à deux de ses personnages des noms de caractères
d'imprimerie : Madame Parangon et
Madame Palestine.
[Il publia aussi son autobiographie sous le titre Monsieur Nicolas, imprimé sur ses presses de la rue de la Bûcherie en 1790, L'année des dames nationales en 1791 (avec une orthographe "réformée", un de ses projets) et Les Françaises, en 1786, dont nous reproduisons des pages.]
NOTES
(1) Son véritable nom parait être Restif. Du reste, il
ne s'est jamais bien accordé avec lui-même à cet
égard : le premier de ses romans est signé de la
Bretonne ; le troisième, Retif
; le Paysan perverti, Retif
de la Bretonne ; c'est ce dernier nom qui a prévalu.
(2) Son Théâtre, 1784-1793, qui forme sept volumes avec
figures, a été imprimé, en partie par lui-même
; il dit dans un avis : "Je suis le seul auteur qui s'occupe de littérature
dans ce temps de troubles. J'ai le coeur serré, aujourd'hui,
en composant ceci sans copie."
NDLR : Entre crochets, nous avons ajouté des informations.
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