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Fantaisie bibliographique par J. S.,
Auguste Aubry, Paris, 1866

 

 

Mon tigre de Nubie est mort !
(V. Hugo, Orientales, La tristesse du pacha)

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(1) En exécution de l'arrêt du parlement de Paris du 9 février 1651 qui bannissait le cardinal Mazarin, ses livres furent vendus. Un maître des requêtes, nommé Caumin, déplora ce désastre en vers latins :
Joliades toto libros dum colligit orbe, etc.
(2) La Curne de Sainte-Palaye et le président Fauchet ont consacré leur vie à l'étude de nos anciens romans de chevalerie.
(3) Biblia sacra... (Lugduni J. Turnaesius), fig. de Bernard.
(4) Icones historiarum Vet. Testamenti. . . (Lugd., ap. J. Frellonium, 1547 98 fig d'après Holbein.
(5) Duodecim specula Deum aliquando videre desideranti concinnata (Plantin, 1610), fig. de Galle.
(6) Speculum passionis D. N. Jes. Christi . . . per doctorem Udalricum Pinder connexum et in civitate Nurenbergensi impressum 1507. Fig. de H. Schauffelein.
(7) Passio, resurrectio atque in coelos ascensio D. N. J. Chr. inventa arque adumbrata à J. J. à Sandrart, iconibus expressa... à Chr. Weigelio. Augustæ, 1698

(8) Occasio arrepta, neglecta, hujus commoda .. auct. Joh. David. Antv., ex off. Plant. 1685 douze fig. de Galle.
(9) Heures à I'usaige de Rome... achevées le XXIIIe jour de janvier l'an MCCCCIIIIXX etXVI pour Simon Vostre. (Marque de Pigouchet.)
(10) Hor Beate Mar. Virginis, secund. usum Rom. Impress. Parisiis, per Germ. Hardouin, in-16.
(11) Hore in laudem Beat. Virg. Mariae, secundum consuetudinem Ecclesiæ Parisiensis. Venales habentur Parrhisiis apud Magistrum Gothofredum Torinum Biturigensem
(12) Heures à l'usage de Paris. Ces heures furent achevées le viie jour da juillet M.IIII.C.IIII.XX et VII. p, Anthoine Vérard.
(13) Incipiunt Hore beate M. Virg, M. E. Jehannot (1 497).
(14) Sermones fratris Gabr. Barlete (Parisiis, 1612).
(15) Le Pressoir mystique, par Jean d'Intras (Paris, Rob. Fouet, 1605).
(16) La Malette de David, où sont enclos trente-deux excellentes prières pour servir au chrestien comme autant de pierres polies tirées du clair ruisseau de l'Escriture. (Paris, L. Vandosme.)
(17) Cy commence le liure intitulé le Fagot de Myerre.. ., 1515 (Paris, Yol. Bonhomme).
(18) Le livre tressalutaire nommé Lesguillon d'amour divin, translalé du latin en françois par Jehan Gerson. (Paris, 1541.)
(19) Le livre de la Montaigne de contemplacion. (Paris, E. de Marnef.)
(20) S'eusuit l'Eschelle d'amour divine, composée par frère Jehan Saulvaige,
nouvellement imprimée par la veufve feu Jehan Trepperel.
(21) Le Chapelet d'amours spirituelles, faict et composé par ... Pelerin de Vermandoys.

(22) S'ensuyt le Grant Chaton en françoys. (Paris, veuve Trepperel).— Cinquante quatrains..., par le sieur Pybrac. (Lyon, 1574.)
(23) Mil IIII vingtz et quatre demandes, avec les solutions et responses à touz propos, œuvre curieux et moult récréatif selon le sage Sidrach. (Paris, Galliot du Pré, 1531.)
(24) Le Mespris de la court et louange de la vie rustique. (Genève, J. de Roumes, 1591.)
(24a) Hécatongraphie, c'est-à-dire la description de cent figures et hystoires... Ie tout revn par son autheur (Paris, Est. Groulleau, 1548.)
(25) La Morosophie, contenant cent emblesmes moraux, illustrez de cent tétrastiques latins, réduitz en autant de quatrains françois. (Lyon, M. Bonbomme, 1553.)
(26) Essais de Michel, sieur de Montaigne, livre premier et second. (Bourdeaus, S. Millanges, 1580.)
(27) Champfleury, auquel est contenu l'art et science de la Deum et vraie proportion des lettres attiques... (1529).
(28) L'Adolescence Clémentine, autrement les oeuvres de Clément Marot.... faictes en son adolescence. . ., suite de l Adolescence. . . Le premier livre de la Métamorphose d'Ovide. (Paris, Est. Roffet, M. DXXXIV.)
(29) Les faictz et dicts de feu de bonne mémoire Me Jehan Molinet, contenant plusieurs bons traictez, oraisons et chants royaulx (Paris, Langelier, 1548.)
(30) Les Lunettes des princes, avecques aulcunes ballades et additions, composées par J. Meschinot. (Lyon, O. Arnouillet.)
(31) Le grant coustumier de France, et instruction de practique. . . Imprimé à Paris par Galliot du Pré, I'an mil cinq cens et seize, le XXVIIIe de mars.
(32) La Venerie de Jacques du Fouilloux, escuier, seigneur dudit lieu. (Poitiers, 1561.)

(33) Hypnerotomachia, ubi humana omnia non nisi somnium esse docet. (Venetiis, mense decembri M.ID, in ædibus Aldi Manutii.)
(34) Hurs Graf, der Text des passions, publié par Ringmann (Joh. Knoblouch, Strasbourg, 1506.)
(35) Historiarum memorab. ex Genesi descriptio. (Lyon, de Tournes, 1558) Fig. de Bernard.- Figures du Nouveau Testament. (Ch. Fontaines.) Fig. du même.
(36) Androuet du Cerceau, Livre d'architecture, contenant les plans et dessaings de cinquante bastimens tous différens... (Paris, Benoist Prévost, 1559.)
(37) Panoplia omnium illiberalium mechanicarum aut sedentariarum arlium genera continens... per Hartmann Schopperum. (Francfort, 1568.)
(38) Figures de la Bible, illustrées de huictains françois, par Guill.Gueroult, avec les figures de Morri. (Lyon, G. Roville, 1564)
(39) Topographia Galliae... Fig. de Mérian. (Francfort, 165B, 1661.)
(40) Trattato dell'arte della piltura, scoltura ed architettura di G. P. Lomazzo. (Milano, 1585.)
(41) Le Vite de' più eccellenti pittori... di M. Georg. Vasari. (Firenze, Giunti, 1568.)
(42) Discorsi sopra l’antichità di Roma di Vincenzo Scamozzi, con 40 tavole in rame. (Venezia, 1582.)
(43) Degli abiti antichi e moderni, di Cesare Vecellio. (Venegia, 1590.)
(44) Raccolta di letters sulla pittura... publ. da Giov. Bottari. (Rorna, 1754-1773)
(45) Le vray théatre d'honneur et de chevalerie, par Vulson, sieur de la Colombière (Paris, A. Courbé, 1648)

(46) Le Jardin d’honneur, contenant plusieurs apologues, proverbes, etc. (Paris, Est. Groulleau,1549).
(47) La Tricarite, plus quelques chants en faveur de plusieurs Damoëzelles, par L. de Taillemont, Lyonnois (Temporal, 1556).
(48) Le Riz de Democrite el le pleur de Héraclite (Paris, 1547).
(49) Amoureux repos de Guill. des Autelz, gentilhomme Charollois (Lyon, Temporal, 1553).
(50) L'Art poétique, de J. Pelletier, du Mans (Lyon, de Tournes, 1556).
(51) Elegies, de J. Doublet, Diepois (Paris, Langelier, 1569).
(52) S'ensuyvent les menus propos mère sotte, nouvellement composés, par P. Gringoire (Paris, Ph. Lenoir, 1 528).
(53) Le Trésor de la cité des Dames, selon dame Cristine (Paris' Ant. Vérard, 1497).
(54) L'Esperon de discipline, pour inciter les humains aux bonnes lettres (1532).
(55) Le Rousier des Dames, sive le Pelerin d'amour, nouvellement composé par Mess. Bertrand des Marius de Marsan.
(56) S'ensuivent les vigilles de la mort du feu roy Charles septième, à neuf psaulmes et neuf leçons..., par Maistre Martial de Paris, dit Dauvergne (Paris, Jeban Du Pré, 1493).
(57) Le vergier Donnear, nouvellement imprimé à Paris, de l'entreprise et voiage de Naples... Ensemble plusieurs autres choses faictes et composées par M. Octavien de Saint-Gelais..., et par Maistre Andry de la Vigne (Paris, J. Trepperel).
(58) Le Parangon des chansons... (Lyon, 1538-1541 ).
(59) Les œuvres de M. de Molière (Amsterdam, J. Le Jeune, 1675).

(60) Compendium musicœ latino-germanicum, studio et opera Adami Gumpelzhaimeri (Augustae, 1632).
(61) La Mareschalerie de Laurent Ruse où sont contenuz remèdes très-singuliers contre les maladies des chevaux (Paris, Ch Perrier, 1567),
(62) Opera di J. J. B. Scappi, cuoco secreto di Papa Pio quinto (Firenze, 1570).
(63) La singolar doctrina di M. Domenico Romoli (In Venetia, presso D. Zanetti, 1698).
(64) Ein new Kochbuch (par Max Rumpoli, cuisinier en chef de l'électeur de Mayence), Francfort, 1587.
(65) Ci-après sen suyt le viandier pour appareiller toutes manières de viandes (Taillevant)...
(66) Platinœ de honesta voluptate et valetudine, vel de obsoniis et arte coquinaria, libri decem (Venetiis, MIID).
(67) Le Roy Modus, des deduitz de la chace, venerie et fauconnerie (Paris, G. Corrozet, 1560).
(68) La Fauconnerie, de Ch. d'Arcussia, seigneur d'Esparon (Aix, J. Tolosan,1598).
(69) Hieracosophioy, sive de re accipitraria libri tres (I. A. Thuano auct.). Lutetiae, ap M. Patissonium, 1587
(70) Kreophagia, sive de usu carnium, auct. P. Castellano (Antverpiae, 1626).
(71) Dictionnaire françois-latin... de M. Nicot, conseiller du roy (Paris, J. du Puy, 1573).
(72) Trésor des recherches et antiquitez gauloises et françoises, par P. Borel (Paris, 1655).
(73) La défense et illustration de la langue françoise, par Joach. du Belley (Paris, Langelier, 1549).
(74) La Pratique de l'orthographe françoise ..., composée par Cl. Merma (l.yon, 1583).
(75) La Fleur de lis, contenant certaines petites missives..., par G. Meurie (Anvers, J. Waesbergh, 1580).
(76) Le Curial de Me Alain Chartier (Paris, 1582)...
(77) Les fais de maistre Alain Chartier (Paris, 1489)...
(78) Le Pastissier françois, où est enseigné la manière de faire toute sorte de pastisserie .. (Amsterdam, Louis et Daniel Elzevier, 1655.) V. sur ce petit bouquin (assez mal imprimé, dit M. Brunet) la note irrévérentieuse que le spirituel bibliographe a donnée dans son Manuel, t. IV, col. 426

 

J'ai cinquante ans sonnés et j'aime le repos :
Je suis bon citoyen, j'acquitte mes impôts,
Je paie mes loyers à mon propriétaire
A jour fixe ; à la mer je préfère la terre,
De peur de me noyer ; je n'aime pas à voir
Lever l'aurore à jeun, et je nourris l'espoir,
N'ayant aucun désir d'engager de querelle,
De mourir dans mon lit de ma mort naturelle.
Ma fortune est modeste et suffit à mes voeux :
Le monde volontiers me proclame un vrai sage ;
Et pourtant, quelquefois je sens comme un nuage
Passer et repasser sur mon front soucieux.....
Je dors bien, je digère, et l'air dans ma poitrine
Circule librement : la vieillesse chagrine
N'a pas courbé mon dos ou changé mon humeur.
Pour de l'esprit, on a celui qu'on peut... Mon coeur
A pu faire en son temps, comme on dit, des folies ;
Mais il vit aujourd'hui sur ses économies ;
Il s'est mis au régime et, sobre de désirs,
Il glane quelques fleurs au champ des souvenirs.
Satisfait de mon sort, je vis exempt d'envie :
Pourtant, dans le tissu dont est faite ma vie,
En mes heures de spleen, je crois apercevoir
Parmi les fils de soie et d'or certain point noir !
J'ai, pour me garantir de l'humeur hypocondre,
Des amis dévoués toujours prêts à répondre
A mon premier appel ; j'en ai pour tous les temps :
Lorsque le soleil luit, je les promène aux champs,
Et s'il pleut, je m'enferme avec eux dans ma chambre :
Je brave sans ennui les neiges de décembre,
Les glaces de janvier : fidèles et discrets,
Ils ne se plaignent pas d'être mis aux arrêts :
Savants, historiens, voyageurs et prophètes
D'almanach, orateurs, philologues, poètes,
Chacun parle sa langue et m'instruit à son tour
Ils vivront plus que moi : je ne crains pas qu'un jour
A mon coeur déchiré le destin les enlève ;
Et lorsqu'à son appel il faudra que je lève
Cette tente mobile où chaque homme ici-bas
Ébauche des projets que tranche le trépas,
Mes amis trouveront un autre locataire.
Je ne suis, en effet, que le dépositaire
De ces hôtes muets ; tous ces bons compagnons,
Ce sont d'illustres morts, rangés sur les rayons
De ma bibliothèque où vivent leurs pensées,
Par l'art de l'imprimeur en livres condensées
Dans ce banquet servi pour tous les appétits,
Nobles et roturiers, les grands et les petits,
S'étalent revêtus de diverses parures :
In-folio couverts de bizarres gaufrures
Et renforcés de bois, à Mayence imprimés ;
Coutumiers in-quarto, in-octavo semés
Du chiffre de Henri, du croissant de Diane,
Les Aldes de Grolier et l'in-douze profane,
Enfant du dernier siècle, échappé de boudoir,
Composent mon trésor et me donnent l'espoir
Que mon nom, survivant à mon corps éphémère,
Comptera dans cent ans parmi ceux qu'on révère
J'aime qu'un livre ami rappelle le passé
D'illustres amateurs : par leurs mains carressé,
Il exhale un parfum de bonne compagnie
Qui donne un nouveau prix aux oeuvres du génie
Ceux du jour par Petit ou Bauzonnet vêtus
Acquièrent tous les jours de nouvelles vertus ;
Ils sont pour l'avenir à l'abri des naufrages
Et l'art du relieur les a mis hors de pages ;
Mais ni Trautz-Bauzonnet, ni Capé, ni Simier
Ne ressusciteront un livre de Groslier.
Dans mon modeste lot brillent les armoiries
Des de Thou, des Colbert, des Coislin, des Castries,
Des Paulmy d'Argenson et des Mazarinis.
Avec le cardinal ceux-ci furent bannis
Par arrêt de la cour ; de rares exemplaires
Sont venus jusqu'à moi par le sort des enchères (1).
J'ai fait contribuer et la ville et la cour
De Mesme, Gui-Patin, de Bore, Pompadour,
Marillac et d'Urfé, le duc de la Vallière...
L'élégante marquise a d'une main légère
Gravé douze dessins pour mon Heptaméron
Et François Rabelais a signé mon Varron
Deux lignes de Montaigne illustrent mon Sénèque ;
Ce Huon de Bordeaux, de la bibliothèque
Du président Fauchet, par La Curne annoté (2),
Pris à Sébastopol, en France rapporté,
Orne mon cabinet comme un brillant trophée.
Je triomphe... Aussitôt une amère pensée
Empoisonne ma joie et trouble mes plaisirs...
A moi Gryphe, Vérard, Vascosan, Élzévirs,
A moi vieux confidents de ma peine secrète,
Venez rendre le calme à mon âme inquiète.
Voici la Biblia (de Tournes, Lugduni) ;
La Bible de Holbein (Johannis Frelloni) (3),
Et les tableaux sacrés de Paul, sieur de la Salle (4),
Les douze Specula de Théodore Galle (5),
Le Speculum de Hans Schaufflein (6), la Passio (7)
De Sandrart et Weigel. Voici l'Occasio (8)
Arrepta de David ; j'ai les Heures de Rome (9 )
De Vostre, sur vélin, mais je tairai la somme
Que m'a coûtée ce livre, où manquait un feuillet
Et que m'a fait depuis compléter Bauzonnet
A côté j'ai placé celles de Hardoin Gille (10),
Les Heures de Tory (vente de Martainville) (11),
Les Heures de Paris, in-octavo (Vérard) (12),
Et celles de Kerver de la vente Solar (13),
Voici les Sermones Gabrielis Barlete (14),
Le mystique Pressoir (Jean d'Intras (15)), la Malette (16)
De David, le Fagot de myrrhe (17), l'Aiguillon
D'amour divin (18), le Mont de contemplacion (19),
(A Paris, chez Marnef, in-octavo), l'Échelle
D'amour (20), le Chapelet d'amour spirituelle (21).
S'ensuyt le grand Caton, les Quatrains de Pybrac (22),
L'oeuvre récréatif du vieux sage Sidrac (23),
Le mespris de la court (24) et l'Hécatongraphie (24a)
De Gille Corrozet et la Morosophie
De la Perrière avec les emblèmes moraux (25).
J'ai le livre premier des Essais (26) (à Bourdeaus
Millanges), Champfleury (27) ou l'art et la science
De G. Tory, Clément Marot, l'Adolescence (28)
Clémentine (à Paris, Roffet), de vrais morceaux
De roi! Les Faicts et dicts, oraisons, chants royaulx
De Maistre Molinet (29), les Lunettes des Princes
De Jeannot Meschinot (30), deux livres des plus minces
Qui finissaient jadis aux mains de l'épicier.
Je ne crains pas ce sort pour mon Grand coustumier
De Charles Six (31), gothique, ou pour ma Vénerie (32)
De du Fouilloux ni pour l'Hypnérotomachie (33),
J'aimais à posséder pour moi seul les Romans,
Les chansonniers du nord, chevaliers ou manants.
D'indiscrets éditeurs ont gâté ces matières
En donnant au public nos plus rares trouvères
Je lisais manuscrits les Saxons, Adenez,
Parise, Fierabras, Rainouart au Tinez,
Hugues Capet, Fauvel, Gentien, maistre Wace,
Thibaut et Jean Bodel, Colin Muset... J'en passe,
Et des meilleurs Parmi mes traités sur les arts,
Je compte le Hurs Graf (34), plusieurs Petits Bernards (35)
Androuet du Cerceau (36), Schopper la Panoplie (37) ;
La Bible de Guéroult (38), et la Topographie (39)
De Mérian (Francfort), Lomazzo (40), Vasari (41),
Vicenzo Scamozzi (42), Vecelli (43), Bottari (44),
Le Théâtre d'honneur et de chevalerie (45),
J'aime à lire un poëte en un rare exemplaire
Où format et papier, fleurons et caractère
S'unissent pour donner au style de l'auteur
Le parfum de son temps. J'ai le Jardin d'honneur (46)
A Paris, chez Groulleau ; voici la Tricarite (47)
De Taillemont, Lyonnois, le Ris de Démocrite (48),
Guillaume de Autelz (49) et Jacques Pelletier (50)
Du Mans, le Jean Doublet de Charles Langelier (51)
Gringore, ses Propos (52), le Trésor de Christine (53)
De Pisan, l'Esperon de toute discipline (54),
Bertrand des Marius de Marsan, le Rousier
Des Dames (55), Martial de Paris (56), le Vergier
D'Honneur (57), le Parangon des chansons (58), le Molière...
Mais je crois qu'il est temps de borner ma carrière ;
Autrement vous diriez : Quand aura-t-il tout vu ?
Ce Molière Elzévir, relié par Duru (59),
Adam Gumpelzhaimer (60), La Mareschalerie (61)
De Ruse, le Scappi (62), singolar doctrina
Di Romoli (63), Rumpolt (64), Taillevant (65), Platina (66) ;
Le Roy Modus (67), déduicts de chasse et vénerie ;
D'Esparon (68), le De re accipitraria
De de Thou (69), Castellan, la Creophagia (70).
Je n'ai pas négligé non plus la linguistique.
Voici Nicot (71), Borel (72), du Bellay (73), la Pratique
De Mermet (74) et la Fleur de lis de G. Meurier (75),
Le Curial (76), les Faicts de Maistre Alain Chartier (77),
(Cinq pouces! non rogné), clôra ma galerie.
J'ai terminé mon rêve et maintenant je puis,
Si vous êtes discret, vous conter mes ennuis :
J'évite les regards, je crains la compagnie
Je rase la muraille en marchant, mes amis
Ne me connaissent plus ; dans la salle de vente
Je cherche les coins noirs, en secret je gémis  ;
Je dévore un affront et je vis dans l'attente
D'un phénix qui me fuit. Honte sur moi, trois fois,
J'ai laissé m'échapper le Pastissier françois (78) !

 

 

 
 © Textes Rares, 1998