Blason
(page 161, extrait)
Le voyla pourtant, je le voy, voyla, le voyla, MON VICTORIEUX,
ô qu'au naïf & au naturel ! ô front relevé,
venerable, front vray tableau d'honneur, throsne de bienseance, theatre
de Majesté ! O yeux, ô beaux yeux, tous traits & attraits
; yeux doux, yeux fuzils & allumettes, flambeaux & lumieres d'amour,
le rendez-vous & le sejour des graces, yeux, ô doux yeux en
temps calme et serain ! Mais en orage et tourmente, ô yeux la tourmente,
& l'orage mesmes ; ouy l'eclair, ouy le foudre en ces yeux ardens
; foudre, & tout autre foudre que celuy, qu'on voit en la pierre Astrapias
! Nez Royal, ô nez aquilin, tiltre des mieux marquez entre les tiltres
de Dieu ; marque d'honneur entre les Roys de Perse : si privilegié,
& de telle mise entre les Grecs, que comme on apelloit l'homme de
bonne memoire Memnon ; un victorieux Calinicos ; & celuy aussi qui
avoit le nez Aquilin, Grypos. Douce gravité, comme l'image d'amour,
qui tenoit un foudre à la main sur le bouclier d'Alcibiades, ô
la grave douceur de son visage ! ô la venerable hautesse de sa Majesté
Royale ! Corps, ny petit, comme celuy qui ne portoit point, mais qui estoit
porté par son espée ; ny grand comme ceux qui au dire d'Hippomachus,
ne sont bons que pour attaindre en haut lieu, le prix des Victorieux :
mais, ô corps ou toutes les parties en proportion, toutes en perfection,
toutes à niveau, toutes à compas ; & tout tel que Plutarque
nous represente ce beau corps du Roy Demetrius ! Et qui parmy tant de
rares beautez, qui ne se souviendroit, que de deux Alexandres, le fils
de Philippe estoit invincible, & celuy d'Apelles inimitable ? Et si
les oyseaux aux raisins de Zeuxis ; si Zeuxis au rideau de Parrhasius
; & que Parrhasius ne seroit point trompé en ce trompeur image
?
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