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La couverture orange de ce livre du comte Henry Russell (Toulouse 1834 - Biarritz 1909), faite d’un papier très léger, témoigne d’un ouvrage d’une grande rareté. Elle est celle de l’édition 1878 de ses Souvenirs d’un montagnard.
Très tôt grand voyageur (Seize mille lieues à travers l’Asie et l’Océanie, 1864) Russell fut toute sa vie un explorateur des Pyrénées françaises et espagnoles et un amoureux du pic Vignemale, (trente-deux ascensions), où il aménagea près du sommet (3298 m), pour y passer de nombreux séjours, des grottes (grottes Bellevue).
En 1878, alors qu’il a déjà publié dans des revues et de nombreux journaux locaux, les récits séparés de ses différentes ascensions, il fait éditer à son usage personnel (la couverture porte expressément la mention : La vente de cet ouvrage est interdite) Souvenirs d’un montagnard, qui regroupent et complètent le récit chronologique de ses courses.
Le livre n’est pas donné au Club Alpin Français dont Russell est membre, mais distribué seulement, sur plusieurs années, à quelques uns de ses amis, parmi lesquels, le géographe Schrader, Joanne l’éditeur parisien des "guides", etc.
C’est, selon les termes de Louis Le Bondidier, l’un de ses biographes, "un ouvrage rarissime, l’auteur ayant lui-même détruit la plus grande partie de cette édition qu’il considérera ensuite comme inexistante, en indiquant les suivantes comme première (1888) et seconde édition (1908)" La légende est propagée par H. Russell lui-même, déclarant avoir détruit les exemplaires de cette édition en les faisant jeter dans le Gave du haut du pont de Jurançon. L’ouvrage n’est pas à la Bibliothèque nationale, et la réédition Slatkine (1979) des Souvenirs d’un montagnard porte sur l’édition de 1908.
Et lorsque l’édition de 1888 paraît, Russell écrit à l’une de ses connaissances des Eaux-Bonnes : « Je n’ai que juste le temps de faire escorter par ces quelques lignes l’envoi que j’ai grand plaisir à vous faire, de l’édition nouvelle et définitive de mes Souvenirs d’un montagnard. Et j’espère qu’en retour vous voudrez bien rôtir, anéantir (comme je le fais moi-même des exemplaires qui m’en restent encore) l’exemplaire de 1878, qui n’est qu’un chaos disloqué d’ascensions, un vrai galimatias. » (lettre du 10 octobre 1888, envoyée de Pau par Henry Russell à M. Lorenz Preller, propriétaire de la villa Excelsior.)
Enfin, dans son "Enquête de bibliographie, Les vingt livres pyrénéistes les plus rares" (1978) Jacques Labarère évalue à trente et un le nombre d’exemplaires connus, aussi bien dans les collections publiques que privées.
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