Biographie
supposée, fragment
Né en 1849, d'une famille de commerçants
aisés de Rouen, Alfred suit ses études dans le
meilleur collège religieux de la ville, à
l'abri des bouleversements du siècle. Tout enfant le
jeune Larzes provoque l'admiration de ses maîtres par
la stupéfiante étendue de sa
mémoire : à sept ans, il connaît
déjà par coeur les trois premiers chants de
l'Illiade et de l'Odyssée qu'il peut
réciter, dans leur langue d'origine, soit dans leur
version intégrale, soit un vers sur deux, ou
même un vers sur trois.
À peine âgé de seize ans, grâce
à l'affectueux soutien d'un de ses jeunes oncles
installé dans la capitale, il voit éditer,
chez Tolra & Haton en 1865, son premier recueil de
textes reprenant nombre de ses meilleures "improvisations"
poétiques.
Une imagination vive, un tempérament hélas
souvent excessif (alors qu'il se destine, sous l'influence
de son confesseur, au petit séminaire, n'est-il pas
tombé follement amoureux, dans sa quinzième
année, d'une actrice de Opéra-comique de Rouen
à qui il dédicace quelques vers, aujourd'hui,
hélas, disparus ?) font craindre un instant à
ses parents que ses passions contrariées le fassent
vite sombrer dans la neurasthénie.
Sa famille, tout en cherchant à lui faire abandonner
la poésie où il excelle, met fin à ses
liaisons tapageuses, en l'obligeant à suivre ses
études de Droit à Paris, où il obtient
facilement, à peine âgé de dix-huit ans,
le grade de bachelier (1867). On se prend à
espérer pour lui, dans la ville même où
le grand Corneille l'avait précédé, une
belle carrière de maître du barreau.
Mais l'étude de la jurisprudence l'ennuie et la
poésie demeure son unique projet. Revenu à
Rouen et ayant retrouvé sa foi chrétienne
à la suite d'un terrible accident de cabriolet dont
il ne se remettra jamais tout à fait 1, il
décide de publier à son compte un petit
poème improvisé en famille, au cours du repas
de Noël, pièce qu'il dédie aux enfants
démunis des familles pauvres, touchées par le
terrible hiver de l'année 1868 (Les Orphelins de
Betléem). Une brève plaquette de
deux pages est éditée à Rouen, en
même temps qu'un autre poème exaltant les
vertus de renoncement des mères chrétiennes,
où l'on perçoit clairement l'intensité
de son nouvel engagement (Le Sourire, poésie
dédiée aux mères)
En même temps Alfred L. n'échappe pas
totalement à une carrière mondaine de
poète. Invité tout d'abord dans un ou deux
salons parisiens pour son talent de parfait causeur, il
éblouit à chaque fois le cercle de ses
auditeurs par le brio de ses improvisations rimées.
Le succès appelle le succès. Une fois
passé le désastre de Sedan et
écartées les terribles menaces de la Commune,
il reprend le titre de son premier livre pour livrer,
à un public désireux de garder à jamais
le souvenir de sa virtuosité verbale, un choix
particulièrement heureux de ses fantaisies
rimées : Choix d'improvisations
poétiques (1872). L'incontestable qualité
de ce recueil a su vaincre l'écueil du temps,
à tel point qu'on peut accéder aujourd'hui
encore à l'intégralité de ces textes
sur Internet . Il est impossible de cacher que ce
n'est pas sans une certaine émotion qu'on peut
rencontrer ainsi, grâce à la magie des
tourbillons électroniques jetés à la
vitesse de la lumière dans l'enchevêtrement des
réseaux, une oeuvre toujours pleine de
fraîcheur qui sait si merveilleusement toucher notre
sensibilité d'hommes du XXI ème
siècle.
Appelé dans les belles provinces françaises,
il parcourt la France du nord au midi, avec une
prédilection bien légitime pour la Bretagne,
haut lieu de la foi chrétienne et des valeurs
morales.
....
1. On ne peut s'empêcher de penser à
l'extraordinaire coïncidence de cet accident où
Alfred retrouve la foi, avec celui provoqué
également par un cheval emballé où
Maimieux l'heureux inventeur de la Pasigraphie, qui avait
déjà la foi, perd la vie. Les voies de Dieu
sont, à proprement parler, totalement
impénétrables.
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