Pièces
diverses 1
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Pour mettre au-dessous du portrait de
BENSERADE.Le bel esprit eut trois talents divers,
Sans qu'ils le prissent de travers ;
Qui trouveront l'avenir peu crédule :
De plaisanter les grands il ne fit point scrupule,
Il fut vieux et galant sans être ridicule,
Et s'enrichit à composer des vers.
ÉPITAPHE
de M. le marquis DE CRÉQUI.Par le dieu des combats à l'honneur immolé
Dans le milieu de sa carrière,
Créqui, dont on a tant parlé,
Créqui n'est qu'un peu de poussière
S'il eût encor vécu, que de faits éclatants
Auroient enrichi nos histoires !
Mais au lieu de compter ses ans,
La Parque a compté ses victoires.
Lâme du grand Racine, en brisant ses liens,
Pour prix de ses doctes veilles
Entre le vieux Sophocle et l'aîné des Corneilles
Est allé prendre place aux champs élysiens,
Passant, si dans vos entretiens
Vous êtes curieux de conter son histoire,
La voici dans deux vers extraits d'un bon mémoire
Au théâtre il acquit plus d'honneur que de biens,
Il acquit à la cour plus de biens que de gloire.
Un certain sot de qualité
Lisoit à Saumaise un ouvrage,
Et répétoit à chaque page
Ami, dis-moi la vérité. Ennuyé de cette fadaise
Ah ! Monsieur, répondit Samnaise,
J'ai de bons auteurs pour garants .
Qu'il ne faut jamais dire aux grands
De vérité qui leur déplaise.
Pour mettre au bas du portrait de BONTEMPS,
premier valet de chambre du roi.Vivre en faveur sans ostentation,
Faire du bien seulement pour le faire,
Joindre au bonheur la modération,
Être équitable au poids du sanctuaire,
N'être jamais à personne contraire,
Mais d'obliger saisir l'occasion,
Prendre les arts sous sa protection,
En beau chemin, content du nécessaire,
D'accumuler fuir la contagion ,
Ce sont sentiers que peu d'hommes battirent
Sans s'écarter, et plus de cinquante ans ;
Ce sont vertus qui de la cour sortirent
Le même jour que trépassa Bontemps.
RONDEAU. Deux ou trois ans de docte rêverie
D'une brigade au Parnasse nourrie,
Seroient trop peu, pour peindre comme il faut
L'air de splendeur que va porter si haut
La cour de France et sa chevalerie.Art et matière, or, argent, pierrerie,
Feront de prix un ruineux assaut ;
Plus d'un seigneur devra sa broderie
Deux ou trois ans.0 noble hymen, dont la flamme chérie
Fait des canons cesser la batterie,
Pour nous trop lent, vous arrivez trop tôt;
Pour les époux vous seriez sans défaut
Si vous prêtiez aux princes qu'on marie
Deux ou trois ans.
Note : On sait quelles dépenses on fit pour le mariage du duc de Bourgogne avec Adelaïde de Savoie ; les deux époux étaient encore enfants.
Tandis que par toute la terre,
Tendant à même but par cent chemins divers ,
La faim, les taxes et la guerre
De sa destruction menacent l'univers;
Tandis qu'avec tant de sagesse,
Pour trouver quelque jour au travers du brouillard,
Tu joins le feu de la jeunesse
A la prudence du vieillard.
Pardonne , Marigny, si mon esprit s'amuse
A badiner avec la muse.
Quand j'ose pour quelque moment
M'abandonner à l'enjoûment
Dont ma raison biche l'écluse,
Je n'ai pas dessein de braver
Des maux cuisants comme les nôtres ;
Mais c'est qu'il faut bien conserver
Quelqu'un pour enterrer les autres.
Ni Luxembourg, ni quai des Augustins,
Ni du Palais la mugissante salle,
En célébrant leurs conciles mutins,
N'eurent jamais pour régler les destins
Un nouvelliste, Octave, qui t'égale.
Tu sais combien, jusqu'au dernier esquif,
Ont de vaisseaux les flottes combinées ;
Tu sais combien le Suédois est vif
Pour soulager le Saxon fugitif
Du soin qui pèse aux tètes couronnées :
Des gallions fil saisis les devants
Pour les placer dans le port de Séville ;
Et ton avis plus vite que les vents,
Par leur retour enrichit la Castille.
Tu sais sonder du pontife romain
La Politique, et puis tout d'une haleine
Passer les monts, et la pique à la main
Dans son réduit forcer le prince Eugène.
De vérité. rarement un seul net :
Tu fais partout valoir la Conjecture;
C'est là ta rente, Octave, et l'imposture
Sert à ta bouche à payer son écot.
Pour t'épargner des récits infidèles,
Viens t'en souper, mais à condition
Qu'en tout le soir, de guerre ou de nouvelles
Il ne soit fait aucune mention.
Quand l'agréable folie
Du théâtre italien,
Purge la mélancolie
Mieux que Celse ou Galien ;Quand Arlequin, sans mot dire,
Émeut les plus rechignés,
Et les fait pâmer de rire
En montrant son bout de nezA l'allégresse publique
Cléon seul ose insulter,
Et cet insolent critique
Sort sans vouloir écouter.Vous vous étonnez, comtesse,
Que son dégoût affecté
Condamne notre foiblesse
Du haut de sa gravité :L'affaire est approfondie,
Je veux vous en avertir;
Il n'entre à la comédie
Que pour l'honneur d'en sortir.
Au Maréchal de Noailles. Par votre grâce toute pure
Je suis meublé commodément
Un lit bien propre, une verdure,
Décorent mon appartement.Un créancier me persécute,
Et n'ayant point d'autres effets,
La crainte qu'il ne me discute
Me force à vendre vos bienfaits.C'est là mon unique espérance,
Encor qu'il m'en déplaise bien ;
Je vous donne la préférence :
Maréchal, n'achetez-vous rien ?
Ami, rappelle ta raison,
Pour l'opposer à cette envie
Qui veut noircir de son poison
Les plus beaux endroits de ta vie.
Prétends-tu que ce monde, Arcas, dont tu te plains,
Dépouille en ta faveur ses manières antiques ?
Il a persécuté les saints
Dont il adore les reliques.
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