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L'INUTILITÉ DES PRETRES.
1793.
Air du vaudeville des Visitandines.


Va, va, mon père, je te jure,
Que par la mort des pré-jugés,
Les sentimens de la nature
Sont loin d'avoir été changés ; bis.
Pour chérir l'auteur de mon être
Et voter son parfait bonheur
Il me suffira de mon coeur.
Je n'aurai pas besoin, de prêtre. bis


Victime faible, quoique sage,
Des religieuses erreurs,
O ma mère, sur ton visage
Pourquoi vois-je couler des pleurs?
La routine te fait peut-être
Regretter un sot confesseur ?
Verse Les chagrins dans mon coeur
Un fils console mieux qu'un prêtre.


O mon épouse, ô ma compagne !
Tu vois combien j' avais raison ;
Tu sentiras tout ce qu'on gagne
A régler seule sa maison.
Était-il un guide plus traître
Que ce qu'on nommait directeur ?
Il te suffira de mon coeur ;
Nous n'aurons pas besoin de prêtre.


Viens, mon fils, viens aussi, ma fille
Ne craignez plus qu'un précepteur,
En se glissant dans ma famille,
Vous souffle un venin corrupteur.
Pour vous. faire à tous deux connaître
Les vrais principes de l'honneur,
Il me suffira de mon coeur,
Je n'aurai pas besoin de prêtre.


O vous que j'aime et que j'honore,
Des campagnes bons habitans,
On voudrait vous tromper encore;
Mais attendez jusqu'au printemps :
Quand vous verrez les blés renaître,
Quand vous verrez la vigne en fleur,
Avec mous vous direz en choeur :
Et tout ça vient pourtant sans prêtre.


Je suis homme, et de mon semblable
Rien ne saurait m'être étranger;
Dès que j'entends un misérable
Demander à boire, a manger
Pour l'abreuver, pour le repaître
Sans mettre à cela de valeur,
Je ne consulte que mon coeur,
Et je n'ai pas besoin de prêtre.


Examinez ce fin lévite
Et ce gros docteur de la loi ;
Tous les deux comme ils passent vite,
Près d'un blessé qui crie : A moi !
Mais il survient un pauvre rêtre
Qui le secourt dans son malheur ;
Jésus veut dire qu'un bon coeur
N'est ni d'un riche, ni d'un prêtre.


Engeance adroite et fanatique
Qui viviez jadis de l'autel,
Voulez-vous de la République
Obtenir un pardon formel ?
En uniforme, en casque, en guêtres.
Armez vos bras d'un fer vengeur,
Et perdez, en prenant du coeur,
Votre caractère de prêtres.


Adieu psaumes, prières vaines
Faites place à nos chants guerriers
Loin des troupes républicaines
Les capucins, les aumôniers !
Pour ne pas recevoir de maître
Et pour nous battre avec valeur,
Il nous suffit de notre coeur,
Nous n'avons pas besoin de prêtre.


Liberté, pour sauver la terre
Tu mis au jour l'Égalité :
De l'Égalité, sans mystère,
Procède la Fraternité.
O Trinité de nos ancêtres,
Vaudrais-tu celle aux trois couleurs !
Son culte est fait pour tous les coeurs
Les Français sont ses premiers prêtres.


Alors qu'il me faudra descendre
Au champ d'un éternel repos.,
O mes amis, portez ma cendre,
Sous l'herbe des rians coteaux.
Et puisse l'écorce d'un hêtre,
Près de là, dire au voyageur
En ces lieux repose un bon coeur,
Qui n'y fut pas mis par un prêtre.
Et si l'on connaît l'existence
Par-delà ce terme fatal ;
Si Dieu, contre toute apparence,
Me traduit à son tribunal,
Je ne craindrai point d'y paraître
Et de lui dire en nia faveur.
Jamais je ne t'ai, dans mon coeur,
Cru semblable au dieu d'aucun prêtre.


Par Piis.

 
 
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