Pastoret [1], une vie exemplaire, en bref

Le jurisconsulte, criminaliste et historien du droit, Emmanuel Pastoret [1755-1840] qui appartient par sa naissance et sa charge à la haute bourgeoisie, « à la lisière de la noblesse » traverse, dans ses quatre-vingt cinq ans d’existence, et plutôt avec chance et habileté, plusieurs régimes. Jusqu’à devenir, en 1829, chancelier de France, autrement dit le plus élevé des grands officiers de la monarchie.

Emmanuel Pastoret [1755-1840] qui appartient par sa naissance et sa charge à la haute bourgeoisie, « à la lisière de la noblesse » traverse, dans ses quatre-vingt-cinq ans d’existence, plusieurs régimes :

1.LA MONARCHIE ABSOLUE [jusqu’au 4 septembre 1791].

Dans cette période Emmanuel Pastoret est Conseiller [mars 1781] puis Maître des requêtes [décembre 1788] à la cour des Aides.

En même temps il participe à la vie politique parisienne en devenant procureur général syndic [février 1791].

2. LA MONARCHIE CONSTITUTIONNELLE [septembre 1791-août 1792].

Partisan de la monarchie constitutionnelle, Emmanuel Pastoret se présente avec succès à l’élection pour l’Assemblée nationale législative, comme député de Paris. Mais s’abstient de siéger après le 20 juin 1792.

3. LA PREMIÈRE RÉPUBLIQUE [septembre 1792-mai 1804].

La Convention.

Dans une première période de la Convention, il ne participe pas à la vie politique. Et recherché activement en mars 1794, vers la fin de la période, dite de la Terreur, [septembre 1793-juillet 1794] Emmanuel Pastoret se réfugie à l’étranger, en Savoie, en Provence puis en Suisse.

Le Directoire.

Revenu en France, il reprend la vie politique dès le début du Directoire, en étant élu comme député du Var au conseil des Cinq-Cents. Mais, royaliste notoire, il est fructidorisé [septembre 1797], et pour échapper aux poursuites, se réfugie à nouveau à l’étranger, en Savoie, en Suisse, en Italie.

Le Consulat.

Fin décembre 1799, Pastoret est autorisé à revenir en France, tout d’abord sous la surveillance de la police, à Dijon, puis enfin à Paris. Il abandonne alors, pour un temps, la vie politique proprement dite. Il se réinsère dans la vie sociale par le biais de la philanthropie : le Comité central des soupes économiques [1800] ; le Conseil général des hospices [1801].

4. L’EMPIRE [mai 1804-Avril 1814].

Il est coup sur coup professeur au collège de France [1804], professeur de philosophie et doyen de la Faculté des Lettres de Paris [1809], élu membre du Sénat conservateur [1809], comte d’Empire [1810].

5. LA RESTAURATION.

Dès la première Restauration, Emmanuel Pastoret est choisi par Louis XVIII pour participer à la rédaction de la charte octroyée de 1814.

Il est nommé membre de la chambre des Pairs [juin 1814].

Se tenant à l’écart pendant les Cent-Jours, Emmanuel Pastoret est nommé pair de France à titre héréditaire [août 1815], déféré marquis [août 1817], nommé ministre d’État [octobre 1826] et enfin élevé à la dignité de chancelier de France [janvier 1829].

6. LE RÈGNE DE LOUIS-PHILIPPE.

Par fidélité à la branche aînée des Bourbons, il résigne toutes ses fonctions en 1830. Et apporte son soutien aux partisans de Charles X.

La carrière d’Emmanuel Pastoret est exceptionnelle : elle connaît son apogée à la fin de la Restauration. Pour la comprendre, au delà des aléas et des rebonds de l’histoire politique, et de sa fidélité aux idéaux de la monarchie, il faut y inclure sa compétence comme jurisconsulte, historien et criminaliste, affirmée par ses nombreuses et importantes publications. Sans oublier son appartenance méthodique aux milieux académiques : Académie de Marseille [1782], Académie des Inscriptions [1785], l’Institut national [1795, confirmé en 1803 et en 1816], l’Académie française [1820], l’Académie des sciences morales et politiques [1832].

jjb 05-2010