L’élection du 24 juin 1801, réintègre l’abbé Roch Ambroise Sicard [1742-1822] dans la Classe de Littérature et Beaux-Arts de l’Institut National des Sciences et des Arts. Il avait déjà été nommé le 20 novembre 1795, comme membre de l’Institut national, dans la troisième classe [Littérature et Beaux-arts] section de Grammaire.
Mais, il est exclu par la loi de déportation du 19 fructidor an V [5 septembre 1797], dirigé contre les royalistes.
Réintégré quatre ans plus tard, en 1801, Sicard sera transféré dans la Classe de Langue et de Littérature française en 1803. Puis, maintenu dans la réorganisation du 21 mars 1816 comme membre de l’Académie française, au fauteuil 3.
L’ÉDUCATION DES SOURDS-MUETS.
Roch Ambroise Sicard, né le 20 septembre 1742, à Fousseret [aujourd’hui département de Haute-Garonne], au sud-ouest de Toulouse ; décédé le 10 mai 1822, à Paris.
Roch Ambroise Sicard achève ses études à Toulouse, où il est ordonné prêtre de la Congrégation des prêtres de la Doctrine chrétienne, spécialisée dans l’enseignement.
Après être venu étudier, en 1785, à Paris, pendant un an, la méthode appliquée à l’École des sourds-muets créée en 1760 à l’initiative de l’abbé Charles Michel de l’Épée [1712-1789] Sicard est placé en février 1786, par Mgr Champion de Cicé [1725-1805], à la tête de l’école créée à Bordeaux pour accueillir les pauvres sourds-muets du diocèse.
À la mort de l’abbé de l’Épée [23 décembre 1789], Sicard se présente au concours ouvert pour la succession. Lauréat, il est installé en avril 1790, comme directeur et instituteur en chef de l’École des Sourds-muets à Paris, qui devient un établissement national par la loi des 21 et 29 juillet 1791.
L’École des Sourds-muets, installée tout d’abord avec l’École des Aveugles de Valentin Haüy, dans le couvent des Célestins, s’en sépare, pour s’installer définitivement, en 1794, au Séminaire de l’Oratoire [actuellement 254 rue Saint-Jacques].
20 NOVEMBRE 1795. NOMMÉ À L’INSTITUT NATIONAL.
Alors qu’il a repris ses fonctions de directeur de l’École des Sourds-muets de Paris, après une période où il est incarcéré à l’Abbaye Saint-Germain des Prés, Roch Ambroise Sicard est désigné le 20 novembre 1795, comme membre de l’Institut national des Sciences et des arts, dans la troisième classe [Littérature et Beaux-arts] section de Grammaire.
Cette section de Grammaire de six personnes était composée :
De deux membres nommés :
L’abbé Roch Ambroise Sicard [1742-1822] ; le poète François Andrieux [1759-1833] qui remplace Dominique Joseph Garat [1749-1833], nommé dans la section de Grammaire de la troisième classe mais qui opte pour la seconde Classe.
De quatre membres élus :
L’abbé Noël Gabriel Luce Villar [1748-1826], alors membre de l’Assemblée législative ; l’homme de lettres Jean Baptiste Louvet de Couvray [1760-1797], qui vient d’être élu au Conseil des Cinq-Cents ; le grammairien et journaliste Urbain Domergue [1745-1810] ; le lexicographe et grammairien François de Wailly [1724-1801].
5 SEPTEMBRE 1797. SICARD ET LA LOI DE DÉPORTATION.
A la suite du coup d’État du Directoire contre les royalistes, du 18 fructidor an V [4 septembre 1797], Sicard, dont les sympathies à l’égard des royalistes se manifestent par sa collaboration aux Annales religieuses, politiques et littéraires, est du nombre des membres résidants faisant l’objet de la loi de déportation du 19 fructidor an V, en même temps que Lazare Carnot [1753-1823], membre résidant de la Classe des Sciences physiques et mathématiques [première Classe], section des Arts mécaniques ; Louis de Fontanes [1759-1821], membre résidant de la Classe Littérature et Beaux-arts [troisième Classe], section de Poésie ; Emmanuel Pastoret [1755-1840], membre résidant de la Classe des Sciences morales et politiques [deuxième Classe], section de Science sociale et législation.
Sicard se cache Faubourg Saint-Marcel, dans les environs proches de Paris, jusqu’au coup d’État du 18 brumaire de l’an VIII [9 novembre 1799] qui marque la fin du Directoire et le début du Consulat.
Avec l’instauration du Consulat, Sicard bénéficie du rappel des proscrits, dans une liste où figurent aussi Louis de Fontanes [1759-1821], membre résidant de la Classe Littérature et Beaux-arts [troisième classe], section de Poésie ; Jean François de La Harpe [1739-1803], membre de l’ancienne Académie française ; Antoine Suard [1732-1817], membre de l’ancienne Académie française ; Joseph François Michaud [1767-1839] ; Joseph Fiévée [1767-1839].
Sicard retrouve la direction de l’Institut national des sourds-muets, qu’il avait assumé une première fois de 1790 à 1797, et qu’il assumera à nouveau de 1799 au 10 mai 1822, date de son décès.
24 JUIN 1801. SICARD RÉÉLU À L’INSTITUT.
Placé sur une liste de proscrits le 5 septembre 1797, Sicard perd son fauteuil, qui se libère. Ce dernier est alors occupé par François de Neufchâteau [1750-1828], à nouveau ministre de l’Intérieur, déjà associé non-résidant de la Classe de Littérature et Beaux-arts de l’Institut national, puis élu membre le 25 novembre 1798.
Peu de temps après que Sicard puisse réapparaître, il est réélu, dès le 24 juin 1801, dans la troisième Classe de l’Institut [Littérature et Beaux-Arts], dans la section de Grammaire, au fauteuil de de François de Wailly [1724-1801], membre élu de la section de Grammaire, dès la création de l’Institut national, et qui vient de décéder le 7 avril 1801.
Comme à l’origine, cette classe, est divisée en huit sections : Grammaire ; Langues anciennes ; Poésie ; Antiquités et monuments ; Peinture ; Sculpture ; Architecture ; Musique et déclamation. Chaque section de huit membres à Paris [membres résidents] et huit associés dans les départements.
Avec la réélection de Sicard, la section de Grammaire est composée de François Andrieux [1759-1833] ; Noël Gabriel Luce Villar [1748-1826] ; Urbain Domergue [1745-1810] ; François de Neuchâteau [1750-1828], qui avait pris la place de Roch Ambroise Sicard, exclu ; Jean François Cailhava [1731-1813] qui a remplacé Jean Baptiste Louvet de Couvray [1760-1797], décédé le 25 août 1797 ; Roch Ambroise Sicard [1742-1822].
28 JANVIER 1803. SICARD DANS LA CLASSE DE LANGUE ET LITTÉRATURE.
Mais, sous le Consulat, dans la réorganisation du 23 janvier 1803 [3 pluviôse an XI] la Classe des Sciences morales [deuxième Classe] est supprimée.
Et quelques jours après, un arrêté du 8 pluviôse an XI [28 janvier 1803] répartit les membres titulaires de l’Institut national entre quatre nouvelles Classes :
Sciences physiques et mathématiques, composée de soixante-trois membres.
Langue et Littérature françaises, composée de quarante membres.
Histoire et Littérature ancienne, composée de quarante membres, huit associés étrangers et soixante correspondants.
Beaux-Arts, composée de vingt-neuf membres, huit associés étrangers et trente-six correspondants.
Roch Ambroise Sicard, retiré de la Classe de Littérature et Beaux-Arts, est nommé, le 28 janvier 1803, le dix-septième sur la liste dans la Classe de la Langue et de la Littérature françaises, au fauteuil 3, qui avait été occupé en 1744, au temps de l’Académie française, par François Joachim de Pierres, cardinal de Bernis [1715-1794].
11 FÉVRIER 1805. COMMISSION DU DICTIONNAIRE.
Un décret impérial, en date de pluviôse an XIII [février 1805], institue auprès de la Classe de la Langue et de la Littérature françaises une Commission du dictionnaire. Elle compte initialement cinq membres : Antoine Suard [1732-1817], en tant que Secrétaire perpétuel ; l’abbé André Morellet [1727-1819], un des rédacteurs de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert ; Roch Ambroise Sicard [1742-1822] ; Stanislas Jean de Boufflers [1738-1815], poète et homme de lettres ; Antoine Vincent Arnault [1766-1834], biographe de Napoléon.
L’abbé André Morellet est le secrétaire de cette Commission.
Cette commission est l’une des cinq commissions littéraires de l’Institut, qui se mettent en place progressivement :
Commission du Dictionnaire [pluviôse an XIII ; janvier-février 1805].
Commission des Inscriptions et médailles [25 juin 1806].
Dictionnaire de la langue des beaux-arts [23 avril 1807].
Commission pour la continuation de l’histoire littéraire [27 mai 1807].
Commission des travaux littéraires chargé de surveiller la continuation de la notice des manuscrits, du Recueil des ordonnances des Rois de France […].
2 JANVIER 1811. COMMISSION EXAMINANT LE GÉNIE DU CHRISTIANISME.
Le ministre de l’Intérieur [Jean–Pierre Bachasson, comte de Montalivet], en tant qu’exerçant la tutelle sur l’Institut impérial, adresse, en décembre 1810, une lettre à la Classe de la Langue et de la Littérature françaises, pour lui demander < d’énoncer une opinion motivée > sur le Génie du Christianisme de François René de Chateaubriand [1768-1848]. Dont les cinq volumes de la première édition [Génie du Christianisme, ou Beautés de la religion chrétienne] étaient parus [à Paris, chez Migneret] le 14 avril 1802, suivies de plusieurs rééditions en 1802, en 1803, en 1804, en 1809 [à Lyon, chez Ballanche].
Du mercredi 2 janvier au mercredi 27 février 1811 la Classe s’occupe de cette question.
Sept personnalités forment la Commission d’examen : Pierre Daru [1767-1829], rapporteur de la commission ; Antoine Vincent Arnault [1766-1834] ; Pierre Louis Lacretelle [1751-1824] ; l’abbé André Morellet [1727-1819] ; Regnaud de Saint-Jean d’Angély [1760-1819] ; Roch Ambroise Sicard [1742-1822] ; Népomucène Lemercier [1771-1840].
C’est dans la séance du 23 janvier, que Sicard fait lecture des observations qu’il a rédigé sur le Génie du Christianisme. Cette lecture est suivie de quelques observations verbales sur le même sujet. Le 13 février Sicard fait lecture du résumé des observations faites précédemment.
Son rapport est édité : Rapport de M. l’abbé Sicard, l’un des membres de la commission chargée de l’examen du « Génie du christianisme », lu à la séance de la classe de la langue et de la littérature française de l’Institut, le 23 janvier 1811.
[Paris : impr. de A. Clo. In-8, 72 p., 1811].
C’est le 13 février également que la Classe résumant ses travaux, les réduit à six points essentiels. Parmi lesquels :
< Le Génie du Christianisme, considéré comme ouvrage de littérature, a paru à la classe défectueux quant au fond et au plan >.
< L’éclat du style et la beauté des détails n’auraient pas suffi pour assurer à l’ouvrage le succès qu’il a obtenu, et que ce succès est dû aussi à l’esprit de parti et à des passions du moment, qui s’en sont emparés, soit pour l’exalter à l’excès, soit pour le déprimer avec injustice >.
La Classe pense < que l’ouvrage, tel qu’il est, pourrait mériter une distinction >.
21 MARS 1816. SICARD MAINTENU DANS LA RÉORGANISATION DES ACADÉMIES.
L’ordonnance royale du 21 mars 1816, signée par Louis XVIII, et contresignée par Vincent Marie Viénot Vaublanc [1756-1845], ministre de l’Intérieur dans le ministère Richelieu, réorganise l’Institut, rend aux quatre classes le titre d’Académie et les noms des anciennes compagnies, ainsi que leur rang de préséance : Académie française, Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Académie des Sciences, Académie des Beaux-Arts.
Pour l’Académie française, sont exclues onze personnalités [dans l’ordre alphabétique] : Antoine Vincent* Arnault [1766-1834] exclu et proscrit ; Hugues Bernard Maret* duc de Bassano [1763-1839] ; Lucien* Bonaparte [1775-1840] exclu et proscrit ; Dominique Joseph* Garat [1749-1833] ; Jean Jacques Régis de Cambacérès [1757-1824] ; Charles Guillaume* Étienne [1777-1845], réélu en 1819 ; le cardinal Jean Sifrein* Maury [1746-1817] exclu dès 1814 ; Philippe Antoine* Merlin [de Douai] [1754-1838] exclu et proscrit ; Michel* Regnaud de Saint Jean d’Angély [1760-1819] ; Pierre Louis* Roederer [1795-1835] ; Emmanuel Joseph* Sieyès [1748-1836].
Sicard quant à lui est maintenu dans la réorganisation, en tant que membre de l’Académie française.
27 juin 1822. FRAYSSINOUS SUCCÈDE À SICARD.
Après sa mort, survenue le 10 mai 1822, à Paris, Sicard est remplacé à l’Académie française par Denis* Frayssinous, évêque d’Hermopolis [1765-1841], élu le 27 juin 1822, au fauteuil 3.
Frayssinous est élu face au poète Casimir Delavigne [1793-1843] qui se présentait pour la première fois [et sera élu ultérieurement le 24 février 1825].
Est reçu, le 28 novembre 1822, par le comte Félix Jean Julien Bigot de Préameneu [1747-1825], alors directeur de l’Académie.
L’OCCUPATION DU FAUTEUIL 3 DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.
Le fauteuil 3 a été occupé successivement, en 1634 par Jacques de Serisay [1594-1653] ; en 1654, par Paul Philippe de Chaumont, évêque de Dax [1617-1697] ; en 1697, par Louis Cousin [1627-1707] ; en 1707, par Jacques Louis de Valon, marquis de Mimeure [1659-1719] ; en 1719, par l’abbé Nicolas Gédoyn [1677-1744] ; en 1744, par François Joachim de Pierre, cardinal de Bernis [1715-1794] ; en 1803, par Roch Ambroise* Sicard [1742-1822].
À partir de 1822, le fauteuil 3 est occupé en 1822 par Denis* Frayssinous [1765-1841] ; en 1842, par Étienne Denis, duc Pasquier [1767-1862] ; en 1863, par Jules Dufaure [1798-1881] ; en 1881, par Victor Cherbulliez [1829-1899] ; en 1900, par Émile Faguet [1847-1916] ; en 1918, par Georges Clemenceau [1841-1929] ; en 1930, par André Chaumeix [1874-1955] ; en 1955, par Jérôme Carcopino [1881-1970] ; en 1971, par Roger Caillois [1913-1978] ; en 1980, par Marguerite Yourcenar [1903-1987] ; en 1989, par Jean Denis Bredin [1929- ].
SOURCE CONCERNANT SICARD.