Par delà la Révolution française, puis les multiples changements de régime politique, la carrière régionale de Jean Carney (1741-1819), est toute entière consacrée à l’enseignement, comme spécialiste des langues anciennes.
Jean [Alexandre] Carney. [Autre forme du nom : Jean Alexandre de Carney].
Né le 20 juillet 1741, à Montpellier [Languedoc, aujourd’hui département de l’Hérault] ; mort le 4 mars 1819, à Montpellier [Hérault].
Études au collège de Béziers [aujourd’hui département de l’Hérault].
Puis élève du collège parisien de Beauvais et lauréat du Concours général en seconde et rhétorique (1758, 1759).
Entre en 1759 à l’Institution de Paris de la Congrégation religieuse de l’Oratoire, orientée surtout vers la formation d’enseignants, qui ont en France remplacé pour une large part les professeurs issus de la Compagnie de Jésus.
1761
PREMIERS ENSEIGNEMENTS EN TANT QUE RELIGIEUX.
Jean Alexandre Carney, en tant que membre de la Congrégation religieuse de l’Oratoire, assure successivement plusieurs postes d’enseignement : professeur de cinquième, de troisième, puis de philosophie au collège de Vendôme [1761], pensionnat oratorien. Professeur au collège oratorien de Pézenas [1765]. Professeur au collège de Marseille [1767-décembre 1770].
Quitte la Congrégation en 1772. Et en même temps abandonne provisoirement l’enseignement.
1790
MEMBRE DU DIRECTOIRE EXÉCUTIF DU DÉPARTEMENT DE L’HÉRAULT.
Participe à l’administration régionale mise en place à la Révolution : administrateur du département de l’Hérault [1790] et à ce titre l’un des trente-six membres du Conseil de département.
Nommé par ce Conseil, est l’un des huit membres du Directoire exécutif du département, siègeant de façon permanente.
1792
PROFESSEUR AU COLLÈGE DE MONTPELLIER.
Jean Alexandre Carney, tout en gardant ses fonctions administratives, est nommé « instituteur national », autrement dit professeur de rhétorique au collège de Montpellier [mars 1792-15 septembre 1793], en remplacement de l’abbé Bouges, en poste depuis novembre 1777, élu curé de Pignan [Hérault].
Il est installé le 14 avril.
À la rentrée de l’année universitaire 1792-1793, Jean Alexandre Carney enseigne en seconde et en rhétorique auprès d’un nombre très réduit d’élèves, jusqu’à la fermeture de l’établissement en fin 1793.
1795
ÉCOLE NORMALE DE L’AN III.
Désigné par le district du département, Jean Alexandre Carney est nommé élève à Paris de la première École normale de l’an III, pour se former en tant qu’enseignant, capable de former d’autres enseignants.
L’École est fondée par décret du 1er pluviôse an III [20 janvier 1795] et fonctionne officiellement jusqu’au 30 floréal an III [19 mai 1795].
Près de mille cinq cents élèves sont nommés pour suivre les enseignements dispensés au Muséum national d’histoire naturelle par les plus grands savants de l’époque : Gaspard Monge [1746-1818] ; Louis Jean Marie Daubenton [1716-1800] ; Constantin François de Chasseboeuf Volney [1757-1820] ; Henri Bernardin de Saint-Pierre [1737-1814] ; Jean François de La Harpe [1739-1803], etc. .
- https://www.persee.fr/doc/rnord_0035-2624_1996_num_78_317_5162
Mais Jean Carney décline sa nomination par une lettre du 15 frimaire dans laquelle il indique : « Que mon âge ne saurait me permettre, surtout dans la saison où nous sommes, de voyager comme canonnier de la première classe » et « Que le mode qu’il me faudrait employer pour arriver à Paris avant le premier nivôse ne s’accorde point avec mes facultés et surtout avec l’état actuel de ma bourse. ».
- http://lakanal-1795.huma-num.fr/wiki/Carney_Jean-Alexandre
1797
PROFESSEUR DE LANGUES ANCIENNES À MONTPELLIER.
Nommé, le 5 thermidor an V [23 juillet 1797], professeur de Langues anciennes à l’École centrale de l’Hérault [Montpellier].
À ce titre enseigne dans la première section ouverte, sur deux ans, aux élèves ayant au minimum douze ans, et recevant un enseignement de Dessin, par Jacques Bestieu [1754-1842] ; d’Histoire naturelle, par Pierre Joseph Amoreux [1741-1824] ; de Langues anciennes, par Jean Carney [1741-1819].
Reste en poste jusqu’en 1804.
1804
CENSEUR DES ÉTUDES AU LYCÉE DE MONTPELLIER.
Après la suppression de l’École centrale, fixée définitivement au 1er floréal an XII [21 avril 1804], est nommé,< chronologiquement >, le 3 novembre 1804, le premier censeur des études du lycée impérial de Montpellier [département de l’Hérault ; académie de Montpellier].
Le lycée impérial de Montpellier a été fondé par décret du 16 floréal an XI [6 mai 1803], et a ouvert ses portes le 12 brumaire an XIII [3 novembre 1804].
Il travaille auprès de Castan [1753-1846], premier proviseur, du 3 novembre 1804 au 8 octobre 1811.
Jean Alexandre Carney reste en poste jusqu’en 1810. Est remplacé comme censeur par Tabouriech, en 1810 ; puis par Évesque, censeur de 1810 à 1812.
1810
PROFESSEUR À LA FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER.
Professeur de Langue et littérature latines à la Faculté des Lettres de Montpellier, de 1810 au 23 mars 1816.
À Montpellier, comme dans toutes les autres facultés, sont créées en 1809 cinq chaires. Sont nommés, dans la chaire de Philosophie, Philippe Basse ; dans la chaire de Langue et littérature grecques, Jean Carney [1741-1819] ; dans la chaire de Langue et littérature latines, Guillaume Randon [1768-ap.1819] ; dans la chaire de Littérature française, Pierre Courtade [1767-1830] ; dans la chaire d’Histoire, Charles Walckenaer [1771-1852] de 1810 à 1811, remplacé ultérieurement par Picault, professeur de 1811 à 1814.
1810
DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Nommé premier doyen de la Faculté des Lettres de Montpellier [1810-1815].
Ensuite de quoi, en 1815, la Faculté étant supprimée, Jean Carney est admis à la retraite.
1815
SUPPRESSION DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE MONTPELLIER.
La Faculté de Montpellier est l’une des dix-sept facultés de Lettres supprimées par arrêté du 31 octobre 1815.
En effet, un arrêté de la Commission royale de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816, décide de la suppression de Facultés au sein de dix-sept académies : Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen.
Sont maintenues, en Lettres, avec leurs différentes chaires, seulement six Facultés : les facultés de Besançon, Caen, Dijon, Paris, Strasbourg, Toulouse.
La Faculté des Lettres de Montpellier sera recréée le 24 août 1838. Et à la même date sont ré-instituées les Facultés de Bordeaux et de Lyon.
À DISTINGUER DE.
À distinguer de :
Joseph de Carney [1701-1752], ingénieur, membre de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Béziers.
Jean Alexandre de Carney [1741-1818], ingénieur, membre de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Béziers, puis de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier.
Auteur d’un Mémoire sur les poids et mesures, présenté au Directoire du département de l’Hérault, le 12 novembre 1791.
PUBLIE.
Mémoire sur les noms à substituer aux noms de baptême, ou Projet de prénoms étrangers à tout culte et très-diversifiés, lu le 26 vendémiaire de l’an IIIe, dans la Société populaire de Montpellier.
[Montpellier : Bonnariq. 31 p., 1794].
De la correspondance entre les couleurs et les lettres ou les chiffres, et de la double télégraphie qui en résulte.
[Montpellier. An IX].
SOURCES.
- https://data.bnf.fr/fr/10565068/jean-alexandre_carney/
- Françoise Huguet et Boris Noguès. Les Professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880).
http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/fiche.php?indice=165 - Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois [Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles.