Ancien élève de l'École normale supérieure [1858], agrégé des lettres [1861], docteur ès-lettres [1869], Louis Eugène Hallberg, après quelques années d'enseignement secondaire [1861-1872] devient [Dijon, 1872 ; Toulouse, 1878] l'un des quinze professeurs de Littérature étrangère des Facultés des Lettres.
Ancien élève de l'École normale supérieure [1858], agrégé des lettres [1861], docteur ès-lettres [1869], Louis Eugène Hallberg, après quelques années d'enseignement secondaire [1861-1872] devient [Dijon, 1872 ; Toulouse, 1878] l'un des quinze professeurs de Littérature étrangère des Facultés des Lettres.C'est à Toulouse qu'il fait principalement carrière, en devenant comme nombre de ses pairs, conformément aux usages, membre des sociétés locales : Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres [1880] ; mainteneur des Jeux Floraux [1889].
Sa production éditoriale est volumineuse. Il y a inévitablement les ouvrages qui se rapportent à sa carrière universitaire : thèses de doctorat [1869], et à son enseignement : Histoire des Littératures étrangères [1879-1880]. S'y ajoutent de nombreux tirés à part en rapport avec sa position de membre d'académie [discours, mémoires, communications, compte-rendus, éloges, etc.].
Mais dans son cas, il y a aussi beaucoup d'ouvrages scolaires [plus d'une vingtaine] liés à la littérature allemande, et pour nombre d'entre eux, longtemps publiés sous le pseudonyme d'H. Grimm. Avec de fréquentes rééditions.
Pourtant, malgré un parcours relativement rapide dans les meilleures conditions [École normale supérieure, agrégation dès la sortie de l'École, doctorat à Paris] sa carrière, et sa notoriété, restent régionales. Pas de promotion universitaire en fin de carrière avec un poste à la Faculté des Lettres de Paris, où Alfred Mézières [1826-1915] détient le poste de Littérature étrangère pendant plus de trente-cinq ans, de 1861 à 1898] ; pas de promotion dans l'administration comme recteur, ou comme Inspecteur général : une toute nouvelle inspection générale spécialisée dans les langues vivantes, voit la nomination d'Émile Chasles [1827-1908] et de Benjamin Lévy [1817-1884] par décret du 4 novembre 1873 ; pas de carrière politique [mal engagée comme conseiller municipal] et marquée par un échec aux sénatoriales de 1891, autre moyen détourné de « monter » dans la capitale.
Sa participation aux débats universitaires [la place des langues vivantes dans l'enseignement secondaire et supérieur] le montre classiquement conservateur. Hallberg est idéologiquement peu enclin à la démocratie, parfois même on le devine aspirant à une vague théocratie. Tout cela en marge des évolutions politiques de la Troisième République.
Ses œuvres poétiques enfin témoignent de sa religiosité toute chrétienne.
CHRONOLOGIE.
Hallberg, Louis Eugène* [1839-1921], né le 27 mars 1839, à Sickingen [Grand Duché de Bade, en Allemagne] ; mort le 15 septembre 1921, à Albas [département du Lot].
Famille d'origine suédoise, probablement passée en Allemagne à la suite de Gustave Adolphe, au cours de la Guerre de Trente ans, dans le premier tiers du XVII ème siècle.
Son père, E. F. C. Hallberg, est docteur en philosophie de l'Université de Tübingen. Il quitte le Bade-Wurttemberg, pour des raisons politiques. Entre dans l'Université de France, et se fait naturaliser. Enseigne dans différents lycées, notamment à Cluny [Saône-et-Loire]. Meurt en 1872, professeur honoraire du lycée d'Agen [Lot-et-Garonne].
ÉTUDES SECONDAIRES.
Louis Eugène Hallberg est élève du lycée de Nîmes, en 1849-1855, où il a Gaston Boissier [1823-1908], futur membre de l'Académie française [1876], comme professeur.
Puis à Paris, à partir de 1855, études au lycée impérial Charlemagne. Alors qu' Auguste de Nouzeilles [1798-1881], ancien recteur est le proviseur depuis avril 1853, Hector Lemaire [1810-1871], futur Inspecteur général pour l'enseignement secondaire [1865] et Adolphe Berger [1810-1869], futur professeur d'Éloquence latine à la Faculté des Lettres de Paris [1866-1869] sont les enseignants de rhétorique.
Charles Bénard [1807-1898], spécialiste de l'esthétique de Hegel, est l'enseignant de <logique>, cette dénomination, et son contenu, ayant été imposés par le ministre Fortoul, pour rabaisser les <prétentions philosophiques>.
Henri Schmidt [1822-1884] est son professeur d'allemand. Il vient de soutenir [Strasbourg, 1855] une thèse intitulée : Étude sur Herder considéré comme critique littéraire, précédée d'une introduction générale sur sa vie et ses écrits ; et fera paraître en 1869, dans la Revue d'Alsace, une <Étude sur Wieland>, l'année même où Hallberg soutient sa thèse, portant sur cet auteur.
Hallberg se souviendra de cette période et sera, en 1904, un des souscripteurs pour la fondation de la Bourse du centenaire du lycée Charlemagne [1804-1904].
En même temps qu'il suit dans la journée les enseignements du lycée Charlemagne [l'un des cinq grands lycées parisiens : Louis-le-Grand ; Napoléon (Henri-IV) ; Saint-Louis ; Charlemagne ; Bonaparte (Condorcet)], Louis Eugène Hallberg est, dans les trois années 1855-1858, interne de l'Institution Barbet-Massin, au 10 rue des Minimes [aujourd'hui troisième arrondissement], dans le quartier du Marais, à proximité du lycée où il est externe.
Alors qu'il est en rhétorique [classe de première] [1856] Hallberg obtient un prix et trois accessits ; en vétérans [ce qui s'appellera plus tard première supérieure] [1857] trois prix ; en 1858, en Logique [qui s'est substitué sous le ministère d'Hippolyte Fourtoul à la classe de Philosophie] un premier prix de Dissertation latine, un deuxième accessit de Dissertation française, un deuxième accessit de Physique.
1858. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE.
Louis Eugène Hallberg est reçu, en 1858, classé second au concours d'entrée à l'École normale supérieure, section Lettres ; alors que Léon Ollé-Laprune [1839-1898] est reçu major.
Sont reçus, dans la section Lettres, dans l'ordre alphabétique, pour une scolarité de trois ans : Jules [Charles Casimir] de Chantepie du Dézert [1838-1904], inspecteur général des bibliothèques ; Emmanuel Des Essarts [1839-1909], professeur de Littérature française et doyen de la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand ; Gustave Ducoudray [1838-1906], professeur d'histoire à l'École normale de Saint-Cloud ; Jules [Francisque] Gérard [1837-1898], recteur de l’académie de Montpellier ; Charles François Gottschalk [1839-1875], inspecteur d’académie à Amiens ; Gustave Grumbach [ -1910], professeur de quatrième au lycée Louis-le-Grand ; Louis Eugène Hallberg [1839-1921], professeur de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Toulouse [1878-1909] ; Henri du Herbault [ -1955], professeur au collège Chaptal ; Henri Huvelin [1830-1910], abbé, vicaire de l'église Saint-Augustin ; Charles [Julien] Jeannel [1840- 1876], professeur de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Montpellier ; Georges de Montigny [ -1881], inspecteur d'académie à Douai, puis à Périgueux [Dordogne] ; Désiré Nolen [1838-1904], recteur à Besançon [1887] ;
Léon Ollé-Laprune [1839-1898], maître de conférences de philosophie à l'École normale supérieure ; Claude Régnier, inspecteur d'académie à Lons-le-Saulnier, puis à Tours ; Henri Amédée Sarradin, [1838-1928], professeur de seconde au lycée de Versailles ; Ernest Julien Seligmann [ -1912], professeur de troisième au lycée Condorcet ; François Tallon [ -1922], professeur de troisième au lycée de Nice.
1861. AGRÉGATION DES LETTRES.
Louis Eugène Hallberg est reçu à l'agrégation des lettres directement au sortir de l'École.
Cette année sont reçus, dans l'ordre de classement : Léon Ollé-Laprune, ancien élève de l'École normale ; Louis Eugène Hallberg, ancien élève de l'École normale ; Claude Courbaud, ancien élève de l'École normale ; [Benoît] Louis Bosseux, ancien élève de l'École normale ; Ernest Bourquin ; Charles Gaultier de Claubry, ancien élève de l'École normale ; Victor Bétourné ; Edouard Gandier, ancien élève de l'École normale ; Jules Gérard, ancien élève de l'École normale ; [Henri] Amédée Sarradin, ancien élève de l'École normale ; Emmanuel des Essarts, ancien élève de l'École normale ; Narcisse Royer, ancien élève de l'École normale ; Jean Loyer ; Antoine Gratacap ; Claude Figarol ; Louis Chartier.
1861. PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE À CAHORS.
Hallberg est nommé professeur de rhétorique au lycée impérial de Cahors [académie de Toulouse, département du Lot]. Y sont enseignants : Guérillot, en logique ; Maze, en histoire ; Royet, en seconde ; Bourdon, en troisième ; tandis que Laprade est proviseur.
Il y reste deux ans. Après quoi est nommé à Saint-Étienne [département de la Loire].
1864. PROFESSEUR AU LYCÉE DE SAINT-ÉTIENNE.
Hallberg est professeur à Saint-Étienne, mais n'y reste que quelques mois. Après quoi est nommé à Bordeaux.
1865. PROFESSEUR AU LYCÉE DE BORDEAUX.
Hallberg est au lycée de Bordeaux [académie de Bordeaux, département de Gironde] nommé en classe de troisième, puis en seconde, en remplacement de Victor Bétourné. Il enseigne les lettres à des élèves de sciences. Y sont également enseignants : Alfred Fouillée en philosophie ; Jules Belin de Launay, en histoire ; Théodore Froment en rhétorique. Charles Delatour est proviseur.
Il y reste jusqu'en 1872. Il y prépare ses thèses de doctorat qui seront soutenues à Paris.
1868. CHARGÉ D'UN COURS COMPLÉMENTAIRE À LA FACULTÉ DE BORDEAUX.
Avant même la soutenance des thèses, Louis Eugène Hallberg est chargé à la Faculté des Lettres de Bordeaux d'un Cours complémentaire de Littérature allemande, alors que Gabriel d'Hugues [1827-1902] ancien élève de l'École normale supérieure [1846], de douze ans son aîné, y est chargé de cours [1863 à 1869].
La leçon d'ouverture d'Hallberg est prononcée le 5 décembre 1868. Le texte en est édité, sous forme d'une brochure [Bordeaux : imp. de G. Gounouilhou. In-8, 19 p., 1868].
1869. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Docteur ès-lettres [Paris. 1869], avec une thèse latine : De Trogo Pompeio disquisitio.
Publiée [Paris : Thorin. In-8, 54 p., 1869].
< C'est une brochure de cinquante-quatre pages, où l'auteur essaie de discerner dans l'Abrégé de Justin ce qui appartient en propre à l'oeuvre perdue de Trogue Pompée >.
Marcus Junianus Justinus [Justin], qui a vécu, au III ème ou IV ème siècle ap. J. C., a composé, en quelque quatre-cents pages, un Abrégé, chapitre par chapitre, des quarante quatre chapitres du Liber Historiarum Phillipicarum de l'historien latin Trogue-Pompée, qui a vécu au Ier siècle av. J. C., ouvrage aujourd'hui perdu.
Le texte comporte à la fois des parties résumées et des extraits. Couvre la période de 160 avant notre ère, au début de notre ère.
La thèse française, consacrée à l'écrivain allemand Christoph Martin* Wieland [1733-1813] a pour titre : °Wieland, étude littéraire suivie d'analyses et de morceaux choisis de cet auteur, traduit pour la première fois en français, par L. E. Hallberg, docteur ès-lettres [Paris : E. Thorin, libraire-éditeur, 7 rue de Médicis. In-8, XIII-455 p., 1869]. Préface. Table des matières.
L'ouvrage, dans sa première édition, est dédié < À mon père E. F. C. Hallberg, docteur en philosophie. Hommage de reconnaissance filiale ; L. E. H. >.
Hallbergh indique dans sa Préface le but de son travail :« Wieland représente et résume les tendances d'une des époques les plus florissantes, malgré tout, de la littérature allemande, et ce n'est pas pour rien que ses compatriotes l'ont surnommé leur Voltaire. Disciple fervent des Grecs et des Français, imitateur, parfois des Anglais, des Italiens et des Espagnols, il a voulu cependant être Allemand, et il y a réussi, à moins de révoquer en doute le témoignage de Goethe et des plus illustres écrivains de son temps. Dégager la part d'imitation et la part d'originalité qui se trouve dans ses œuvres, tel est le but que nous avons poursuivi dans ce travail, au point de vue littéraire et historique ».
Commentant la portée de cette thèse, le professeur Michel Espagne, auteur de l'article sur < les Études germaniques à l'Université de Bordeaux > [1997] déclare : « Terminé en 1869 à Bordeaux, ce travail […] présente dans l'histoire des études allemandes en France, un intérêt indéniable. Non seulement il s'agit de la première étude académique française consacrée à l'écrivain allemand, mais Hallberg paraît soucieux de définir la place de Wieland dans l'histoire générale des lettres allemandes en montrant son rôle de créateur littéraire. Pour qu'une vie littéraire se développe en Allemagne, il fallait susciter des lecteurs : ce fut le mérite des œuvres romanesques de Wieland ».
L'ouvrage est réédité en 1872 : °Wieland. Étude littéraire par L. E. Hallberg. Professeur à la Faculté des Lettres de Dijon [Dijon : Imprimerie Victor Darantière. Hôtel du Parc, rue Chabot-Charny. In-8, XIII-455 p., 1872].
L'ouvrage s'ouvre sur deux pages d'un Avertissement de cette nouvelle édition : «Depuis la publication de ce livre l'Allemagne s'est révélée à la France sous un jour tout nouveau : nos voisins d'outre-Rhin n'ont plus été pour nous des rivaux pacifiques, mais des vainqueurs impitoyables, chez qui la science, loin d'adoucir les mœurs, semble ajouter encore à la barbarie primitive. […] ».
1871. MORCEAUX CHOISIS DE PLATON.
Extraits, avec notes et arguments. Traduction française et notes par Eugène Hallberg
[Paris : Librairie classique d'Eugène Belin. In-12, 330 p., 1871]. Préface d'Alfred Fouillée [1838-1912].
C'est la première publication de Louis Eugène Hallberg, destinée à un public scolaire. Mais il ne restera pas chez cet éditeur, et la majeure partie de ses ouvrages scolaires sera éditée quelques années plus tard chez Jules Delalain.
Alfred Fouillée, agrégé de philosophie [1864], deux fois lauréat de l'Académie des Sciences morales et politiques, sur la Théorie des idées de Platon, puis sur Socrate considéré surtout comme métaphysicien [1867 et 1868], était professeur de philosophie au lycée de Bordeaux, lorsqu'Hallberg y était professeur de troisième puis de seconde en 1865-1872.
1871. LA TENTATION POLITIQUE.
Hallberg est candidat, sans succès, au Conseil municipal de Bordeaux [1871], au Conseil municipal d'Albas, et à celui de Toulouse [1896]. De même, sans succès, une candidature sénatoriale dans le Lot [1891]. <Toujours avec des programmes modérés>.
1872-1878. PROFESSEUR DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE À DIJON.
Il semble à Louis Eugène Hallberg qu'étant déjà professeur au lycée de Bordeaux, sa thèse [1869], soutenue déjà depuis quelques années, et sa charge d'un cours complémentaire à la Faculté [1868-1869], devraient lui permettre d'être nommé sans difficulté à la Faculté des Lettres de Bordeaux, dans la chaire de Littérature étrangère libérée par Francisque Michel [1809-1887].
Mais c'est Armand Tréverret [1836-1905] de trois ans son aîné, lui aussi ancien élève de l'École normale supérieure [1855], qui est nommé, d'abord comme chargé de cours [1869-1871] puis comme professeur titulaire [1871-1878].
Hallberg, dont les opinions religieuses iront en s'affermissant, est sollicité par l'Université catholique de Lyon, mais ne donne pas suite à cette proposition.
Finalement Louis Eugène Hallberg est nommé en 1872 à Dijon, qui est chronologiquement la huitième chaire de littérature étrangère à être créée depuis 1830.
Sa nomination vise à remplacer Charles Nicolas Denis Diez [1826-1872].
C'était en effet Diez, censeur des études du lycée d'Angers, qui était prévu pour remplacer, comme chargé du cours, Charles Julien Jeannel [1840-1876].
Mais, nommé, Charles Nicolas Denis Diez décède en 1872, sans avoir pu occuper le poste.
Hallberg est, pendant un an, professeur suppléant [1872-1873] ; puis professeur titulaire [1874-1878].
La leçon d'ouverture du Cours de littérature étrangère, professé à la Faculté des Lettres de Dijon, par M. E. Hallberg [pour] l'année 1872-1873 est publié [Dijon : imprimerie de V. Darantière. In-8, 23 p., 1872].
En 1876, le poste de Montpellier, pour succéder à Charles Julien Jeannel [1840-1876], décédé en août 1876, lui est proposé. Mais Hallberg est < non acceptant >. C'est finalement Ferdinand Castets [1838-1911] qui sera nommé à Montpellier.
Louis Eugène Hallberg attendra deux ans pour être finalement nommé à Toulouse [1878-1909].
LES TITULAIRES DE LA CHAIRE DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE À DIJON.
La chaire de Littérature étrangère de la Faculté des Lettres de Dijon, créée le 9 novembre 1848, a été occupée successivement par Louis Benloew [1818-1900], professeur titulaire de 1849 à 1859 ; par Victor Fèvre [1816-1860], professeur titulaire de 1859 à 1860 ; puis par Léon Boré [1807-1883], professeur titulaire de 1860 à 1870 ; puis par Charles Julien Jeannel [1840-1876], chargé de cours en 1871-1872 ; puis par Charles Nicolas Denis* Diez [1826-1872], chargé du cours en 1872 ; par Louis Eugène Hallberg [1839-1921] de 1872 à 1878 ; puis par Gabriel d'Hugues [1827-1902] de 1879 à 1899, date de sa retraite.
LA CRÉATION PROGRESSIVE DES CHAIRES DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
Les chaires ont été crées relativement tardivement. Le mouvement de création de chaires de Littérature étrangère, au sein des facultés, ne commence qu'après la Révolution de 1830, et bénéficie du rétablissement progressif d'un certain nombre des dix-sept facultés qui avaient été supprimées au lendemain de la seconde Restauration, par un arrêté de la commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], sous le prétexte avancé d'économies à réaliser [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
Chronologiquement la première chaire de Littérature étrangère est celle de Paris, confiée à Claude Fauriel [1772-1844], nommé directement professeur titulaire [1830-1844], remplacé, à son décès, par Frédéric Ozanam [1813-1853].
Huit ans plus tard, en 1838, sont créées quatre chaires :
Celle de Bordeaux, avec Gustave Planche [1808-1857], chargé des fonctions de professeur [1838-1839], puis Francisque Michel [1809-1887], professeur suppléant [1839-1845] et professeur titulaire [1846-1860].
Celle de Lyon, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 24 août 1838, avec pour la Littérature étrangère, Edgar Quinet [1803-1875], comme chargé du cours [1838-1839], puis professeur titulaire [1839-1841].
Celle de Montpellier, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 24 août 1838, avec pour la Littérature étrangère, Léonce de Lavergne [1809-1880], chargé des fonctions de professeur [1838-1839].
Celle de Rennes, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 24 août 1838, avec pour la Littérature étrangère, Xavier Marmier [1808-1892], comme chargé des fonctions de professeur [1838-1839], puis professeur titulaire [1839-1840].
En 1846, à Aix, la chaire de Littérature étrangère est créée, avec Louis Méry [1800-1883], comme professeur suppléant [1846-1848], puis comme professeur titulaire [1848-1870].
En 1847, à Grenoble, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 2 avril 1847, avec pour la Littérature étrangère, Valentin Parisot [1800-1861], professeur titulaire [1847-1854].
En 1848, à Dijon, la chaire est créée le 9 novembre 1848, avec Louis* Benloew [1818-1900], professeur titulaire [1849-1859].
Le mouvement se prolonge sous le Second Empire.
Avec, en 1854, la création de trois chaires :
À Clermont, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 22 août 1854, avec pour la Littérature étrangère Pierre Baret [1814-1887], professeur titulaire [1854-1873].
À Douai, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 22 août 1854, avec pour la Littérature étrangère Valentin Parisot [1800-1861], professeur titulaire [1854-1861].
À Nancy, au moment du rétablissement de la Faculté des Lettres le 22 août 1854, avec pour la Littérature étrangère Alfred Mézières [1826-1915], comme chargé de cours [1854-1856], puis professeur titulaire [1856-1861], avant d'être nommé à Paris [1861-1898].
En 1856, à Caen, la chaire est créée par décret impérial du 26 mars 1856, avec Eugène Gandar [1825-1868], comme chargé de cours [1856-1857], puis professeur titulaire [1857-1860].
En 1859, à Besançon, la chaire est créée par décret impérial du 19 janvier 1859, avec Léon Boré [1807-1883], comme professeur [1859-1860].
En 1863, à Toulouse, la chaire est créée par décret impérial du 9 septembre 1863, avec Gabriel d'Hugues [1827-1902], comme chargé de cours [1863-1869], puis professeur titulaire [1869-1878]. C'est la chaire que Louis Eugène Hallberg occupera de 1878 à 1909.
1872. LE CERCLE RESTREINT DES PROFESSEURS DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
En 1872, il y a seulement quinze professeurs [plus exactement quinze chaires de Littérature étrangère] dans les Facultés des Lettres en France. Quinze et non seize compte tenu de la perte de Strasbourg, à la suite de la guerre de 1870.
Eugène* Benoist, à Aix [1831-1887] ; Paul Léon Philippe Boucher [1838- ], à Besançon ; Armand Treverret [1836-1905], à Bordeaux ; Alexandre Büchner [1827-1904], à Caen ; Emmanuel Langlois des Essarts [1839-1909], à Clermont ; Louis Eugène Hallberg [1839-1921], à Dijon ; Adolphe Bossert [1832-1922], à Douai ; Charles Julien* Jeannel [1840-1876], à Grenoble ; Guillaume Heinrich [1829-1887], à Lyon ; Armand Mondot [1804- ], à Montpellier ; Émile Gebhart [1839-1908], à Nancy ; Alfred Mézières [1826-1915], à Paris ; Émile Grucker [1828-1904], à Poitiers ; Alexandre Nicolas [1809- ], à Rennes ; Gabriel d'Hugues [1827-1902], à Toulouse.
1873. UNE COLLECTION DE CLASSIQUES CHEZ DELALAIN.
À partir de 1873, l'éditeur parisien Jules Delalain [1810-1877], < imprimeur de l'Université >, confie à Louis Eugène Hallberg le soin < d'éditer, à l'usage des établissements d'enseignement, les principaux classiques allemand >. Hallberg fait ainsi partie de l'équipe des universitaires choisis par l'éditeur pour la collection consacrée aux différentes langues.
Dès 1856, Delalain avait lancé une « nouvelle collection» des auteurs grecs, confiée à un certain T. Budé ; et une « nouvelle collection » des auteurs latins, confiée à un certain D. Turnèbe.
En 1873, compte tenu des nouvelles orientations de l'enseignement définies en 1863 par le nouveau ministre Victor Duruy, plaçant l'enseignement des langues vivantes dès la sixième, Delalain décide de lancer « une nouvelle collection » d'auteurs anglais confié à un certain E. Sedley.
Mais, on l'aura compris, < comme ce prudent libraire craignait que les collaborateurs par lui choisis ne lui fissent défaut et qu'il tenait à conserver dans sa collection une unité au moins apparente il avait imposé à chacun un pseudonyme > [Crouzel], faisant d'ailleurs à chaque fois clin d'oeil, pour le public cultivé.
D.Turnèbe [ou encore Désiré Turnèbe], pour les auteurs latins, est le pseudonyme de Nicolas Deltour [1822-1904], ancien élève de l’École normale [1842], agrégé des lettres [1845]. Futur Inspecteur général de l'Instruction publique [1876-1890]. Peut-être même, est-ce lui qui utilise le pseudonyme de T. Budé pour les auteurs grecs.
E. Sedley, pour les auteurs anglais, est le pseudonyme de l'écrivain d'origine anglaise Alfred Elwall [1818-1889], agrégé d'anglais [1850], professeur de langue anglaise à l'École des mines et au lycée Henri-IV, futur Inspecteur général de l'instruction publique pour les langues, auteur d'un < Dictionnaire anglais-français à l'usage des établissements d'instruction publique et des gens du monde >, aux très nombreuses rééditions [Delalain, puis Delagrave].
H. GRIMM PSEUDONYME D'HALLBERG.
H. Grimm est le pseudonyme de Louis Eugène Hallberg, pour la « nouvelle collection des auteurs allemands [avec le texte en allemand], prescrits pour les classes et les examens du baccalauréat » La mention complémentaire portée sur les catalogues précise « Éditions classiques sans annotations précédées d'une notice littéraire par H. Grimm ».
Le pseudonyme de H. Grimm, fait évidemment penser aux frères Grimm : Jakob [1785-1863] et Wilhelm [1786-1859] linguistes et lexicologues, mais aujourd'hui surtout célèbres comme auteurs de Contes pour enfants, qui commencent à être publiés en allemand en 1812. Quant à l'initiale <H>, elle fait probablement référence au <H> de Hallberg.
Le choix des titres est évidemment en rapport avec les instructions officielles concernant l'enseignement de l'allemand. En décembre 1871, une commission s'était mise en place pour développer et perfectionner l'étude des langues vivantes. Ainsi en 1874, l'initiation litt