Alhoy, Louis François Joseph (1760-1826), administrateur et poète des hôpitaux

Destiné à l'enseignement, Louis François Joseph Alhoy, au moment de la Révolution française, voit momentanément sa carrière, comme pour beaucoup, s'orienter différemment. Son nom reste attaché, avec ses "Promenades poétiques dans les hospices et les hôpitaux de Paris [1826]" , à une œuvre plus didactique que littéraire.

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Louis François Joseph Alhoy, né le 27 octobre 1760 à Angers  [Anjou, puis département de Maine-et-Loire] ; mort en mai 1826, à Paris.
Entre en 1787 à l'Oratoire d'Angers, et devient membre de la Congrégation de l'Oratoire. Professe les "humanités"  dans divers collèges de la Congrégation, dont il est encore membre jusqu'en 1791.

MARS 1793. INSTITUT DES SOURDS-MUETS DE PARIS.
Entre mars et avril 1793, Louis François Joseph Alhoy est nommé instituteur-adjoint, à l'Institut national des sourds-muets, encore installé dans une partie des locaux de l'ancien couvent des Célestins, près de l'Arsenal.
L'organisation de l'Institut des sourds-muets est alors la suivante : Roch Ambroise Sicard, qui a succédé en avril 1790, à l'abbé Charles Michel de l'Épée [1712-1789] est premier instituteur ; l'abbé Antoine Salvan [1755-1838] est deuxième instituteur ; Jules Michel Duhamel et Louis François Joseph Alhoy sont instituteurs adjoints.

Peu de temps après, à partir du 1er avril 1794, l'Institut des sourds-muets s'installe rue  Saint-Jacques [actuellement 254 rue Saint-Jacques. Institut national des jeunes sourds de Paris. INJS], sur l'emplacement de l'ancien séminaire des Oratoriens de Saint-Magloire.

MAI 1793. AUGMENTATION DE TRAITEMENT.
Le 23 mai 1793, au Comité d'Instruction publique de la Convention est discuté "une pétition du citoyen Alhoy"  demandant une augmentation de son traitement. La Convention avait décidé que le traitement de Jules Michel Duhamel serait fixé à deux mille livres. Louis François Joseph Alhoy demande à être payé la même somme.

1794. BUREAU DE LA BIBLIOGRAPHIE.
Entre le 21 mars 1794 [1er germinal an II] et le 28 août 1794 [11 fructidor an II] le Comité d'Instruction publique de la Convention nationale nomme Louis François Joseph Alhoy  commis au "  bureau de la bibliographie " .
Huit personnes sont nommés : Alhoy ; Corneille ; Béquart ; Carton ; Fariau ; Hellot ; Prévost ; Roullet.
 
SEPTEMBRE 1797-DÉBUT 1800. PREMIER INSTITUTEUR DES SOURDS-MUETS.
Au coup d'État du 4 septembre 1797 [18 fructidor an V], l'abbé Roch Ambroise Sicard, qui ne cache pas ses sympathies royalistes, est placé sur les listes de proscription. Il se cache dans les environs de Paris, au faubourg Saint-Marceau, et perd momentanément sa place à l'Institut des sourds-muets. Il est également radié de l'Institut national, où il avait été nommé dans la section de Grammaire de la troisième Classe [Littérature et Beaux-arts].
Louis François Joseph Alhoy est alors nommé premier instituteur de l'établissement, et, comme "chef de l'École nationale des sourds-muets de Paris" , succède à Sicard.

C'est dans ces fonctions qu'Alhoy adresse au Conseil des Cinq-Cents [dans les derniers jours du Directoire] une pétition "tendant à faire adopter un moyen simple et facile pour assurer l'existence de cette école, et pour en conserver et créer d'autres également précieuses" .
François Ménard-Lagroye [1742-1813] relaie ce texte en rédigeant un Rapport auprès du Conseil des Cinq-Cents, lu dans la séance du 5 octobre 1799 [13 vendémiaire an VIII].
Le texte est édité [Paris : De l'Imprimerie nationale. In-8, 19 p. 1799].

6 NOVEMBRE 1799. DISCOURS DE RENTRÉE DE L'ÉCOLE NATIONALE DES SOURDS-MUETS.
Le 6 novembre 1799 [15 brumaire an VIII], Louis François Joseph Alhoy prononce, en tant que directeur, le discours de rentrée de l'École nationale des sourds-muets de Paris, publié sous forme de brochure : De l'Éducation des sourds-muets de naissance, considérée dans ses rapports avec l'idéologie et la grammaire, sujet du discours prononcé à la rentrée de l'École nationale des sourds-muets, le 15 brumaire an VIII, par le citoyen Alhoy [Paris : impr. des Associés. In-8, pièce, an VIII].

1800. SICARD À NOUVEAU DIRECTEUR.
Bénéficiant du rappel des proscrits, Roch Ambroise Sicard peut réapparaître fin 1799. Il retrouve sa place à l'École nationale des sourds-muets de Paris, place qu'il gardera jusqu'à son décès en 1822.

1801. MEMBRE DE LA COMMISSION ADMINISTRATIVE DES HOSPICES.
Louis François Joseph Alhoy, quitte l'École nationale des sourds-muets, et est nommé, à sa création, membre de la Commission administrative des hospices de Paris.
L'arrêté du 17 janvier 1801 [27 nivôse an IX] crée un Conseil général d'administration des Hospices, qui dirige tous les établissements, à côté duquel est une commission administrative, composée initialement de cinq membres, ayant une fonction exécutive.

Sont membres de cette commission : Louis François Joseph Alhoy [1755-1826] ; Benjamin Desportes [1765-1840] ; Claude François Duchanoy [1742-1827] ; Jean Louis Fesquet ; Julien Camille Lemaignan [1746-1812].
Chacun de ces membres se répartissent des domaines de contrôle. Alloy est chargé de l'Hôtel-Dieu ; de la Charité ; la Maternité Beaujon.
Les domaines d'intervention évoluent dans le temps, tandis que le nombre des membres de la Commission augmente.

1804. LES HOSPICES, POÈME.
 En 1804, Louis François Joseph Alhoy fait paraître un long poème : Les Hospices, poème, Par L. Alhoy, Membre de la commission administrative des hospices de Paris [Paris : à l'imprimerie des Hospices civils. In-8, XVIII-79-[1bl.] p., an XII-1804]. Se trouve à Paris, à l'imprimerie des Hospices civils, rue St.-Christophe ; et chez tous les marchands de nouveautés.

Dans leur "Biographie universelle, ancienne et moderne"  [Tome 56], Joseph Fr. Michaud, et Louis Gabriel Michaud écrivent : "L'auteur a su tirer le parti le plus avantageux de ce sujet difficile
qu'il se proposait de traiter dans toute son étendue. Son poème devait avoir quatre chants, mais le premier seulement est paru. On y trouve des détails intéressants et même exprimés avec verve et facilité".

Le journal Le Moniteur du 9 septembre 1804 [22 fructidor an XII]  donne une analyse du poème.

1812. DIRECTEUR DU COLLÈGE COMMUNAL DE SAINT-GERMAIN.
En 1811, la commune de Saint-Germain [Seine-et-Oise, aujourd'hui Yvelines] soutient financièrement le projet de Louis François Joseph Alhoy d'établir un collège communal dans la ville. Le préfet de Seine-et-Oise donne son autorisation.
Le décret impérial du 17 septembre 1812 confirme cette fondation, le Grand-Maître de l'Université en règle l'organisation et le régime, et Alhoy est officiellement nommé directeur.
Le collège communal est supprimé le 14 octobre 1814, à la première Restauration.

PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES À VENDÔME.
Les notices biographiques le signalent comme étant, après 1815, professeur de belles-lettres à Vendôme [Loir-et-Cher] dans le ressort de l'académie d'Orléans.

1826. PROMENADES POÉTIQUES.
En 1826, Louis François Joseph Alhoy, dans le prolongement de sa première œuvre, fait paraître un véritable "guide"  : Promenades poétiques dans les hospices et les hôpitaux de Paris, dédiées à M. le comte Chaptal, pair de France, par L. Alhoy [Paris : C.-J. Trouvé, imprimeur-libraire, rue des Filles Saint Thomas. In-8, XLVIII-328 p., portrait. 1826]. Dédicace, Avant-Propos, Table des matières, Errata.
Membre de l'académie des Sciences, Jean Antoine Chaptal [1756-1832], ancien ministre de l'Intérieur [1801-1804] est en même temps membre du Conseil d'administration des Hospices de Paris.

Alhoy passe en revue les principaux hôpitaux de la capitale dans le but pratique d'intéresser "l'humanité bienfaisante en l'instruisant de l'emploi sacré de ses dons" , de "consoler l'humanité souffrante par le tableau des secours qui l'attendent"  et de "présenter un modèle à tous les établissements de même nature" .

LE PROJET DIDACTIQUE.
Dans l'Avant-Propos, Louis François Joseph Alhoy explique son projet : «Un poëme ne vit que de fictions, et je n'écrivais que pour dire la vérité : j'ai donc supprimé le titre trop ambitieux de Poëme, et j'y ai substitué le titre plus modeste de Promenades dans les Hospices et Hôpitaux de Paris. Je les parcours tous, et dans chacun d'eux je peins ce qui m'a le plus affecté ; je me livre à toutes les réflexions que font naître en moi les différens objets qui se présentent à mes vœux, et je tâche surtout d'être un peintre fidèle. En développant cette richesse vraiment nationale, je fais en sorte que ceux qui se sentent de la répugnance pour visiter nos établissemens hospitaliers puissent se faire une idée juste de la manière admirable dont les secours de tout genre y sont actuellement administrés».

CONSTRUCTION ET SOMMAIRE.
Chaque "promenade"  est construite de la façon suivante : un Argument ; le texte de la promenade, sous forme de poésie en alexandrins ; des Notes en prose, assez longues, commentant tel ou tel vers du poème.

Les Promenades poétiques sont au nombre de dix :
1. Allaitement.
2. Accouchement.
3. Aux Orphelins.
4. À l'Hôtel-Dieu.
5. À l'Hôtel-Dieu.
6. Aux Hospices de la Vieillesse.
7. Aux Incurables et aux Ménages.
8. Aux Sourds-Muets.
9. Aux Aveugles.
10. Aux Aliénés.

ILLUSTRATION.
Le portrait lithographié est repris des Promenades poétiques dans les hospices et les hôpitaux de Paris, ouvrage paru posthume l'année même de la mort de l'auteur [1826].

SOURCE.
Dans sa Biographie universelle, ancienne et moderne, Louis-Gabriel Michaud fait naître L. Alhoy en 1755, à Angers.

Célestin Port [1828-1901], dans son Dictionnaire historique, géographique et biographique de Maine-et-Loire [Paris : J.-B. Dumoulin, libraire ; Angers : P. Lachèse, Belleuvre et Dolbeau. Trois volumes, 1874-1878] indique pour Alhoy, 1760 comme date de naissance.

La notice consacrée à Alhoy est intégralement suivante :
« Alhoy [Hyacinthe-Libère-Joseph], né à Angers le 27 octobre 1760, mort à Paris en mai 1826. Il entra eu 1787 à l’Oratoire d’Angers où il était encore en 1791, et après avoir professé dans différents collèges, remplaça aux sourds-muets l’abbé Sicard quelque temps proscrit. En 1815, il fut nommé principal du collège de Saint-Germain. Il avait été administrateur des hospices de Paris et a publié : Discours sur l’éducation des sourds-muets, Paris, 1800, in-8°. — Les Hospices, poème ; Paris. 1804, in-8°. — Promenades poétiques dans les hospices et les hôpitaux, Paris, 1826, in-8° ».
Célestin Port donne également les références de sa notice : Archives de Maine-et Loire, Série M.— Quérard. France littéraire. — Biographie des contemporains. — Martyrologe littéraire, par un ermite [Paris, 1816, in-8], p. 16.

On remarquera que le prénom, [Hyacinthe-Libère-Joseph] n'est pas celui retenu dans la notice en ligne de la Bibliothèque nationale de France : Louis François Joseph.