Arbogast, Louis François Antoine (1759-1803), de l’École centrale de Strasbourg à l’Institut

Comme beaucoup de ceux qui ont vécu la période tumultueuse de la Révolution française, Louis François Antoine Arbogast a mené une existence particulièrement diverse, où se succèdent et s'entrecroisent plusieurs vies. Avocat, mathématicien d'envergure internationale, homme politique s'intéressant à l'Instruction publique, professeur d'École centrale, associé à l'Institut national dès sa création.

Né, le 24 octobre 1759, à Mutzig [Alsace, aujourd'hui département du Bas-Rhin] ; mort le 18 germinal an XI [8 avril 1803], à Strasbourg [Bas-Rhin].

Fils d'Antoine Arbogast, secrétaire de bailli et de Catharina Schmitt. Après des études de droit à l'Université de Strasbourg, Arbogast exerce d'abord, vers 1780, pendant quelques années, comme avocat non plaidant, au Conseil souverain d'Alsace, institution chargée des relations de la province avec la royauté française.À côté de cette activité, Arbogast se spécialise en mathématiques, et devient professeur de mathématiques au collège royal de Colmar [1787].

LAURÉAT DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES DE SAINT-PÉTERSBOURG.
Il acquiert une dimension internationale en participant à des concours européens proposés par l'Académie virgilienne de Mantoue, puis par l'Académie de Saint-Pétersbourg, en Russie.

C'est ainsi que, prolongeant les travaux d'Euler sur l'intégration, il concourt pour le prix proposé en 1787, par l'Académie impériale des Sciences de Saint-Pétersbourg, sur un sujet de mathématiques pures.
La question était proposée en ces termes : Si les fonctions arbitraires, auxquelles on parvient par l'intégration des équations à trois ou plusieurs variables représentent des courbes ou des surfaces quelconques, soit algébriques ou transcendantes, soit mécaniques, discontinues, ou produites par un mouvement volontaire de la main ; ou si ces fonctions renferment seulement des courbes continues représentées par une équation algébrique ou transcendante ?

Le terme du concours, d'abord fixé au 1 juin 1789, est prolongé jusqu'à la fin de la même année. Trois réponses sont reçues par l'Académie : un mémoire en allemand, un mémoire en français, un mémoire en latin.
Le mémoire en allemand est écarté. Le mémoire en latin obtient un accessit. Avec son mémoire, écrit en français, Arbogast remporte le prix dans l'Assemblée du 29 novembre 1790. Et voit son travail publié par l'Académie russe en 1791 : Sur la nature des fonctions arbitraires qui entrent dans les intégrales des équations aux différentielles partielles. [96 p., + 3 planches]. Sur la page de titre figure l'épigraphe : Nulli quae subdita legi [Il n'y a rien qui ne soit soumis à une loi].
À la suite de son succès, il est reçu, le 22 août 1791, correspondant externe de l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg.

1792. CORRESPONDANT DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES.
À la même époque, il adresse, en France, à l'Académie royale des Sciences, en 1789, un Essai sur les nouveaux principes de calcul différentiel et intégral, indépendamment de la théorie des infiniment petits et de celle des limites.

Est nommé, le 18 août 1792, correspondant de l'Académie royale des Sciences [Académie qui sera peu après, comme toutes les académies, supprimée par la loi du 8 août 1793].
PROFESSEUR DE MATHÉMATIQUES ET DE PHYSIQUE.
Entre temps, Arbogast mène une carrière d'enseignant. Il est, tout d'abord, professeur de mathématiques au collège royal de Colmar. Ensuite, devient professeur de physique au Collège royal de Strasbourg, dont il est directeur quelques mois [avril-octobre 1791]. Professeur de mathématiques à l'École royale d'artillerie de Strasbourg [1789-1791].
Recteur de l'Université nationale de Strasbourg [octobre 1791], en remplacement d'Hermann.

C'est en tant que recteur de l'Université, qu'il préside un «Acte public de physique particulière » dont le texte est publié, sous le titre :  Acte public de physique particulière. Sous la présidence de Louis F. A. Arbogast, Recteur de l'Université, […] répondront Philippe Jacques Hess, de Woerth ; François Xavier Lefebvre, de Strasbourg ; Jean Jacques Mertian, de Ribeauvillé. Dans la salle du Collège national, le 19 août à trois heures après-midi [Strasbourg : chez François Levrault, imprimeur de l'Université, 1791].

1791-1792. ÉLU À L'ASSEMBLÉE LÉGISLATIVE PAR LE DÉPARTEMENT DU BAS-RHIN.
Favorable à la Révolution, Arbogast est reçu en septembre 1790 à la Société des Amis de la Constitution, composée de nombreux parlementaires d'orientation libérale. Et fait partie des notables de la Commune de Strasbourg, élu en novembre 1790.
En tant que tel, il est un des signataires de l'ordre d'arrestation d'Antoine Jaeglé [1752-1825], curé de Saint-Laurent, pour insultes faites à François Antoine Brendel [1735-1799], élu évêque constitutionnel du Bas-Rhin [6 mai 1791].

Arbogast est élu, par le département du Bas-Rhin, membre de l'Assemblée Législative [31 août 1791-20 septembre 1792]. Sont, dans l'ordre des voix obtenues, députés à l'Assemblée Législative élus par le Bas-Rhin, les neuf personnalités : Jacques Mathieu [1755-1825], procureur général syndic du département ; Jacques Pierre Simon Brunck [1735-1807] ; Christophe Koch [1737-1817], professeur d'histoire ; Wilhelm ; Pierre Jean Massenet [1748-1824] ; Louis François Antoine Arbogast [1759-1803] ; André Briche [1762- ], capitaine d'artillerie ; Joseph Lambert [1759-1822].

1792-1795. ÉLU À LA CONVENTION NATIONALE PAR LE DÉPARTEMENT DU BAS-RHIN.
Et ensuite élu membre de la Convention nationale [20 septembre 1792-26 décembre 1795]. Sont députés à la Convention nationale élus par le Bas-Rhin [dans l'ordre alphabétique] : Louis François Antoine Arbogast ; Marie Frédéric Henri Christiani ; Jean-François Ehrmann ; Georges Frédéric Dentzel ; Claude Hilaire Laurent ; Jean Antoine Louis ; Philippe Ruhl ; Philibert Simon.

MEMBRE DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE AUPRÈS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE.
Arbogast fait partie, auprès de l'Assemblée nationale, du Comité d'instruction publique, élu en son sein. Sont élus membres : Lacépède ; Condorcet ; Gerutti ; Arbogast ; Viénot-Vaublanc ; Louis Genty ; Pastoret ; Romme ; Vayron ; Roux-Fastllac ; Torné ; Riboud ; Garnot, aîné ; Prieur-Buvernois ; Dupin ; Audrein ; Jean Debry ; Quatremère ; Quincy ; Fauchet ; Gibergues ; Gausserand ; Bonnier ; Gaudin ; Vicaire ; Quatresoz-de-Maroiles.
Sont élus suppléants : Chappe ; Guyton-Morveau ; Theule ; Baudin ; Vosgien ; Lamourette ; Terrède ; Eschassériaux aîné ; Goupilleau ; Bellier-du-Chesnay ; Lucas ; Sissous ; Michoud.

Arbogast, comme l'indique une note des Procès-verbaux du Comité d'Instruction publique de la Convention nationale, publiés et annotés par J. Guillaume, en 1891, à l'Imprimerie nationale [Tome premier, page 32] « avait été […] désigné par le Comité d'Instruction publique de l'Assemblée législative, comme rapporteur d'un projet relatif aux livres élémentaires [28 mars 1792] ; il fit lecture de son rapport au Comité le 23 mai. La question ne fut pas portée à la tribune de l'Assemblée. Il est vraisemblable que le projet de décret lu [ultérieurement ] par Arbogast à la Convention était la reproduction de celui qu'avait antérieurement adopté le Comité de la Législative ».

MEMBRE DU COMITÉ D'INSTRUCTION PUBLIQUE AUPRÈS DE LA CONVENTION NATIONALE.
Auprès de la Convention nationale, Arbogast fait partie des vingt-quatre membres qui composent, à la suite de discussions, le premier Comité d'instruction publique de la Convention, constitué à partir du 13 octobre 1792 [Claude Antoine Prieur-Duvernois, Arbogast, Marie-Joseph Chénier, Antoine Joseph Gorsas, Charles Gilbert Romme, François Lanthenas, Jean Dusaulx, Charles Antoine Chasset, Lous Sébastien Mercier, Jacques Louis David, Pierre Toussaint Durand-Maillane, Pierre Roux-Fazillac, Pierre Charles Louis Baudin, Nicolas Marie Quinette, Léonard Bourdon, Jean Baptiste Charles Mathieu, Jean Baptiste Massieu, Colaud la Salette, Joseph Fouché, Edme Louis Barthélémi Bailly, Léonard Buzot, Charles François Dupuis, Claude Joseph Ferry, Noël Gabriel Luce Villar]. Il en est, seulement pour un mois, le premier président [15 octobre-15 novembre 1792], le principe ayant été retenu de changer les « officiers » tous les mois.
Par delà les renouvellements et les remaniements, Arbogast continue de faire partie du Comité jusqu'en 1794.

Arbogast est chargé, au nom du Comité d'instruction publique, de présenter un Rapport et projet de décret sur la composition des livres élémentaires destinés à l'Instruction publique.
Le rapport, qui reprend des dispositions contenues dans le plan Condorcet, est déposé le 5 décembre 1792. Il est édité : Rapport et projet de décret sur la composition des livres élémentaires destinés à l'instruction publique présentés à la Convention nationale au nom du Comité d'instruction publique par L. F. A. Arbogast, député du département du Bas-Rhin [Paris : imprimerie nationale. In-8, 16 p., 1792]. La brochure est distribuée aux membres de la Convention le 5 décembre 1792. Réédité dans les Archives de la Révolution française.
Numérisé par la Bibliothèque Nationale de France, Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48839z

En 1793, toujours à la Convention, Arbogast présente, au nom du Comité d'instruction publique, un Rapport et projet de décret Sur l'uniformité et le système général des poids et mesures.
Le rapport est édité sous forme de brochure contenant en même temps le Rapport fait à l'Académie des Sciences, par les citoyens Borda, Lagrange, et Monge, en juillet 1793, l'an II de la République française [À Paris : De l'Imprimerie nationale. In-8, 40 p., 1793]. Connaît la même année [1793] un second tirage. Réédité dans les Archives de la Révolution française.
Numérisé par la Bibliothèque Nationale de France, Gallica : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k487777

À LA CONVENTION NATIONALE, BEAUCOUP D'AUTRES TRAVAUX.
De nombreuses notices consacrées à Arbogast, se recopiant souvent les unes les autres, répètent à l'envie, ses contributions au sein du Comité d'instruction publique sur les Livres élémentaires et sur l'Uniformité et le système général des poids et mesures.
En réalité, le dépouillement des procès-verbaux de la Commission d'Instruction publique fait apparaître la diversité, et la grande quantité des travaux exécutés par Arbogast [comme d'ailleurs n'importe quel autre membre des commissions]. Soit plus d'une centaine d'occurrences, portant aussi bien, pêle-mêle, et pour citer au hasard, sur un rapport concernant les savants pensionnés, que sur l'organisation du Muséum d'Histoire naturelle, des prêts d'ouvrages, des levées de scellés, le calendrier républicain, des questions de numération, l'appréciation d'ouvrages scientifiques, des demandes d'emploi, la lecture d'ouvrages en allemand, etc.

PRISES DE POSITION POLITIQUE.
Beaucoup de notices biographiques se rapportant à Arbogast soulignent aussi sa « modération » politique, au sein de l'Assemblée législative et au sein de la Convention nationale. Une des notices qui lui est consacrée, dans la Biographie universelle, ancienne et moderne [Paris : Michaud 1811], voulant valoriser ses positions idéologiques, plutôt favorables aux Girondins, recourt même à la description psychologique : « Son caractère doux et timide ne lui permit pas de prendre beaucoup de part aux travaux de ces assemblées ».

En ce qui concerne le procès de Louis XVI, à l'appel nominal des 16 et 17 janvier 1793, il est, sur les sept cent vingt-six députés de la Convention nationale ayant pris part au vote, parmi les deux cent quatre-vingt dix députés qui ne votent pas la mort : il préconise la détention jusqu'à la paix, et ensuite le bannissement.

Après Thermidor [27 juillet 1794] et l'exécution de Robespierre, Arbogast fait partie, le 29 octobre 1795, de la Commission de vingt-et-un membres [Monestier ; Rivery ; Martinel ; Arbogast ; Baudran ; François, de la Somme ; Romme ; Reynaud, de la Haute-Loire ; Gaultier jeune, des Côtes-du-Nord ; Lefranc ; Guérin, du Loiret ; Bonnet, de l’Aude ; Servière ; Hourier-Eloy ; Lanthenas ; Dubreuil-Chambardel ; Chénier ; Laa ; Vidalot ; Marcoz ; Boudin] chargé de faire un rapport sur les pièces contre le conventionnel Jean Baptiste Carrier [1756-1794], rapport qui aboutira à la mise en accusation de Carrier, puis à sa condamnation à mort.

AUTRES ACTIVITÉS SCIENTIFIQUES.
En juillet 1793, Arbogast est, avec Joseph Lakanal [1762-1845] et Pierre Claude François Daunou [1761-1840], l'un des trois membres de la commission chargée, par la Convention nationale, d'examiner les premiers essais de l'invention de Claude Chappe [1763-1805] sur l'utilisation du télégraphe optique.
Il est présent, avec Lakanal, le 12 juillet 1793, au cours de l'expérience à Saint-Martin du Tertre, visant à transmettre un message entre deux points [Ménilmontant-Écouen-Saint-Martin du Tertre] situés à quarante kilomètres de distance. À la suite du rapport favorable de Lakanal, la Convention décrète la création d'une première ligne Paris-Lille.

L'ENSEIGNEMENT DES MATHÉMATIQUES.
Nommé, par un arrêté du 5 frimaire an III [25 novembre 1794], avec Joseph Louis Lagrange [1736-1813] et Claude Joseph Ferry [1756-1845], « instituteur d'analyse » à l'École centrale de Travaux Publics [future École Polytechnique] l'année de sa création [mars 1794], mais, remplacé par Gaspard Clair François Marie Riche de Prony [1755-1839], il n'y enseigne pas.

ORGANISATION DE L'ÉCOLE CENTRALE DU BAS-RHIN, À STRASBOURG.
Louis Alexandre Jard-Panvilliers [1757-1822], élu par les Deux-Sèvres comme représentant du peuple à la Convention, et désigné, le 18 germinal an III [7 avril 1795], pour organiser l'Instruction publique dans quatorze nouveaux départements du Nord et de l'Est, charge Arbogast, autour de messidor-thermidor de l'an III [juillet-août 1795], de l'organisation de la future École centrale de Strasbourg.

LE JURY D'INSTRUCTION PUBLIQUE PRÈS L'ÉCOLE CENTRALE.
Cependant, conformément à l'article premier du chapitre deux, du décret du 7 ventôse an III, concernant le Jury central d'instruction, adopté par la Convention, les professeurs des écoles centrales doivent, selon l'article 1 du chapitre II du décret du 7 ventôse an III [25 février 1795], être examinés, élus et surveillés, à l'échelon du département, par un « jury central d'Instruction » composé de membres nommés par le Comité d'Instruction publique.
En complément de la mission confiée à Arbogast, un jury d'instruction est donc nommé pour le Bas-Rhin, à la suite d'un arrêté de l'administration départementale du 19 ventôse an IV [9 mars 1796].

Il est composé de cinq membres, initialement les suivants : l'helléniste Richard François Philippe Brunck [1729-1803], ancien commissaire des guerres, où il reste en poste jusqu'à son décès le 12 juin 1803 ; Frédéric Louis Hermann [1741-1800], ancien professeur de botanique, chimie et matière médicale à l'Université protestante ; l'ancien professeur de l'Université de Strasbourg Jean Louis Alexandre Herrenschneider [1760-1848], ancien professeur de mathématiques à l'Université protestante, remplacé ultérieurement par L. de Wangen, ancien administrateur du Bas-Rhin ; le juge suppléant Jean Baptiste Nicolas  Grandmougin [1754-1827], maître de pension et officier municipal de Strasbourg ; Jacques Marie Oberlin [1735-1806], directeur du Gymnase [lycée] protestant de Strasbourg.
À ces personnalités, il convient d'ajouter le nom de l'imprimeur-libraire François Laurent Xavier Levrault [1762-1821]. Et celui du juge Jean Frantz [1761-1818], membre du Directoire du Bas-Rhin, remplacé, après sa nomination, en l'an VIII, comme sous-préfet de Wissembourg, par Christophe Guillaume Koch [1737-1813], professeur d'Histoire ancienne de l'Université protestante, administrateur du département.
La liste des enseignants proposés par le jury d'instruction est validée : Christophe Guérin, pour le dessin ; Hermann pour l'Histoire naturelle ;  Schweighäuser, pour les langues anciennes ; Arbogast, pour les éléments de Mathématiques ; Ehrmann, pour la Physique ; Escher, pour la Grammaire générale ; Hullin, pour les Belles-Lettres ; Fréville, pour la Législation ; Haussner, pour les Langues vivantes.
Le professeur d'Histoire reste à nommer [ce sera :  Pierre Jean Massenet]. Enfin, compte-tenu du nombre important d'élèves à prévoir pour le dessin, un professeur adjoint sera nécessaire [Joseph Heim est nommé provisoirement].
L'École centrale du Bas-Rhin sera installée dans les locaux de l'ancien Collège royal [sur l'emplacement de l'actuel lycée Fustel-de-Coulanges, à l'ombre de la cathédrale].

DATES DE FONCTIONNEMENT DE L'ÉCOLE CENTRALE DU BAS-RHIN, À STRASBOURG.
Plusieurs dates, dans leur succession logique, sont à indiquer.
L'arrêté de l'administration départementale du 19 ventôse an IV [9 mars 1796], qui décide de la composition du Jury d'Instruction, formé à l'origine de cinq membres, chargé de nommer les professeurs après examen.
Le Jury d'Instruction se réunit le 1er floréal an IV [20 avril 1796] pour examiner les candidats aux différents postes d'enseignement.
L'administration départementale, dans sa délibération du 9 thermidor an IV [27 juillet 1796] approuve les choix du jury.
La date d'ouverture de l'École centrale du Bas-Rhin est prévue initialement le 1er prairial an IV [20 mai 1796]. Elle est repoussée au 1er fructidor an IV [18 août 1796].
Cette ouverture effective intervient environ deux mois, avant la date de la rentrée de l'année scolaire, date habituellement retenue pour le début des cours des Écoles centrales, à savoir le 1er brumaire [22 octobre]. Cependant il est probable que le mois de vendémiaire an IV a du être consacré aux vacances.

Quant à la fermeture de l'École centrale, elle s'impose à la suite de la loi générale de l'Instruction publique [dite loi Fourcroy] du 11 floréal an X [1er mai 1802], qui prévoit, dans son titre IV, à côté de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire, la création de lycées : « Il sera établi des lycées pour l'enseignement des lettres et des sciences. Il y aura un lycée au moins par arrondissement de chaque tribunal d'appel ».
Aussi la distribution des prix du 20 fructidor an X [7 septembre 1802] est-elle la dernière distribution des prix de l'École. La fermeture de l'École centrale du bas-Rhin sera effective au 1er fructidor an XI [20 août 1803].

PROFESSEUR À L'ÉCOLE CENTRALE DU DÉPARTEMENT DU BAS-RHIN.
Arbogast est titulaire de la chaire de Mathématiques à l'École centrale du département du Bas-Rhin [Strasbourg], sur les sept années d'existence de l'École centrale. De l'ouverture effective de l'École, le 1er fructidor an IV [18 août 1796], jusqu'à son décès, le 18 germinal an XI [8 avril 1803].
Sa mort intervient donc quelques mois avant la fermeture définitive de l'École le 1er fructidor an XI [20 août 1803].
Il n'est pas remplacé. D'autant que la loi du 11 floréal an X [1er mai 1802], indiquant que « L'instruction sera donnée : premièrement, dans des écoles primaires, établies par les communes ; deuxièmement, dans des écoles secondaires établies par les communes ou tenues par des maîtres particuliers ; troisièmement, dans des lycées ou des écoles spéciales entretenus aux frais du Trésor public » inscrit en contrepoint la suppression définitive des Écoles centrales.

Au sein de l'École, Arbogast fait ainsi partie de la deuxième section d'une équipe de neuf enseignants.
Une première section ouverte aux élèves ayant au minimum douze ans, avec le Dessin, enseigné par Christophe Guérin [1758-1831], maître de la monnaie de Strasbourg [1788-1792], professeur en titre assisté par Joseph Heim, ancien professeur de dessin et de peinture au collège national de Strasbourg ; l'Histoire naturelle, enseignée par Jean Hermann [1738-1800], professeur à l'École de Santé, lui aussi associé non résidant de l'Institut national dans la Classe des Sciences Mathématiques et Physiques, section d'Anatomie et Zoologie ; puis, à partir d'octobre 1800, par Frédéric Louis Hammer [1762-1837], ancien élève de la première École normale de l'an III [janvier-mai 1795] ; les Langues anciennes, enseignées par Johannes Schweighäuser [1742-1830], éditeur de textes philosophiques de l'Antiquité, lui aussi associé non résidant de l'Institut national dans la Classe de Littérature et Beaux-Arts, section des Langues anciennes.

Une deuxième section ouverte aux élèves ayant au minimum quatorze ans, avec les Mathématiques, enseignées par Louis François Antoine Arbogast [1759-1803] ; les Sciences physiques et la Chimie expérimentales, enseignées par Louis Frédéric Ehrmann [1741-1800], professeur à l'École de Santé, puis, après son décès, par Jean Louis Alexandre Herrenschneider [1760-1843], professeur de mathématiques à l'Université protestante.

Une troisième section ouverte aux élèves ayant au minimum seize ans, avec la Grammaire générale, enseignée par Jean Baptiste Escher [1755-1814], ancien professeur d'humanités au collège anglais de Saint-Omer ; les Belles-Lettres, enseignées par Pierre Hullin [1770-1851], qui vient d'être libéré de l'armée ; l'Histoire, enseignée par Pierre Jean Massenet [1748-1824], ancien inspecteur des écoles primaires de Sélestat ; la Législation, enseignée par Fréville, originaire de Paris ; puis à partir du 5 frimaire an VII [25 novembre 1798] par Louis Goureau [1754-?], ancien professeur d'Histoire naturelle à l'École centrale de l'Yonne [Auxerre].  
Enfin le Bibliothécaire de l'École est Jérémie Jacques Oberlin [1735-1806], ancien directeur du Gymnase [lycée] de Strasbourg, bibliothécaire de l'Université protestante, lui aussi associé non résidant de l'Institut national dans la Classe de Littérature et Beaux-Arts [troisième classe], section des Antiquités et Monuments.

Tandis qu'il est enseignant à l'École centrale, Arbogast publie, en 1800, un ensemble de sept articles, sous le titre : Du calcul des dérivations ; par L. F. A. Arbogast, de l'Institut national de France, professeur de mathématiques à Strasbourg [À Strasbourg : de l'imprimerie de Levrault frères. In-4, XXII+404 p., an VIII (1800)]. Il y emploie le terme de « factorielle » pour désigner le produit des premiers entiers naturels non nuls.
L'ouvrage est numérisé par le Service de la Documentation de l'Université de Strasbourg : http://docnum.u-strasbg.fr/cdm/compoundobject/collection/coll7/id/40373/rec/4

ASSOCIÉ À L'INSTITUT, DANS LA CLASSE DES SCIENCES PHYSIQUES ET MATHÉMATIQUES.
Arbogast est élu, le 9 ventôse an IV [28 février 1796], associé non résidant de l'Institut national, dans la Classe de Sciences Physiques et Mathématiques [première classe], section de Mathématiques.
Les six associés de la section de Mathématiques sont initialement, en février-mars 1796, dans l'ordre des nominations :
Jean Étienne Montucla [1725-1799], à Versailles [à l'époque Seine-et-Oise, aujourd'hui Yvelines] ; Louis François Antoine Arbogast [1759-1803], à Strasbourg [Bas-Rhin] ; Nicolas Claude Duval-Le Roy [1731-1810], à Brest [Finistère] ; Nicolas Lallemand [1739-1829], à Reims [Marne] ; Pierre Tédenat [1755-1832], à St Geniez [Aveyron] ; Pierre Lévêque [1746-1814], à Nantes [Loire-Inférieure, aujourd'hui Loire-Atlantique].
La composition de cette section reste relativement stable : Jean Étienne Montucla décède en 1799. Jean Baptiste Biot [1774-1862] est élu en 1800. Pierre Lévêque devient membre résidant le 5 germinal an IX [26 mars 1801]. Aussi la liste définitive de la section de mathématiques, pour les associés non résidants, s'établit-elle comme suit : Louis François Antoine Arbogast [1759-1803], à Strasbourg [Bas-Rhin] ; Nicolas Claude Duval-Le Roy [1731-1810], à Brest [Finistère] ; Nicolas Lallemand [1739-1829], à Reims [Marne] ; Pierre Tédenat [1755-1832], à St Geniez [Aveyron] ; Jean Baptiste Biot [1774-1862], à Beauvais [Oise].
 
CORRESPONDANT DE LA CLASSE DES SCIENCES PHYSIQUES, SECTION DE GÉOMÉTRIE.
Alors que Napoléon Bonaparte est devenu consul à vie [1802], l'arrêté des trois consuls du 3 pluviôse an XI [23 janvier 1803], porte de trois à quatre le nombre des Classes, et supprime la classe des Sciences morales et politiques [ancienne deuxième classe] .
La position d'« associé non résidant » est supprimée, et remplacée par celle de « correspondant ».

Ainsi Louis François Antoine Arbogast est nommé, en 1803, correspondant de la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques, dans la section de Géométrie [le terme de Géométrie se substituant au nom de Mathématiques].
La liste des cinq correspondants de la section de Géométrie, sur les six prévus, pour la Classe des Sciences Physiques et Mathématiques, se présente au début de l'année 1803 comme suit :
Louis François Antoine Arbogast [1759-1803], à Strasbourg [Bas-Rhin] ; Nicolas Claude Duval-Le Roy [1731-1810], à Brest [Finistère] ; Nicolas Lallemand [1739-1829], à Reims [Marne] ; Pierre Tédenat [1755-1832], à St Geniez [Aveyron] ; Pierre Lévêque [1746-1814], à Nantes [Loire-Inférieure].

Décédé le 8 avril 1803, à Strasbourg, Arbogast est remplacé par Barnaba Oriani [1752-1832], à Milan, élu le 2 juillet 1804, correspondant de la Classe des Sciences, dans la section de Géométrie.

CARRIÈRE ACADÉMIQUE EN BREF.
Louis François Antoine Arbogast a été élu le 9 ventôse an IV [28 février 1796], comme associé non résidant, à l'Institut national, organisé quelques mois auparavant, par la loi du 3 brumaire an IV [25 octobre 1795], promulguée par la Convention nationale. Il a alors trente-six ans.
Arbog