Après de bonnes études au lycée Louis-le-Grand, François Christophe Malleval y devient tout naturellement professeur de grammaire. En 1819, à la suite d’une crise au niveau de l’administration, il y est nommé proviseur. C’est une autre crise, mais politique cette fois, qui en 1823 lui fait perdre son poste.
François Christophe Malleval. Né le 16 mai 1785, à Annonay [Languedoc ; aujourd’hui département de l’Ardèche] ; mort le 18 novembre 1845, à Paris.
HISTOIRE BRÈVE DU LYCÉE LOUIS-LE-GRAND : APPELLATIONS SUCCESSIVES.
L'établissement, anciennement collège de Clermont, est établi à Paris, 123 rue Saint-Jacques.
Après l'expulsion des Jésuites [1762], l'établissement prend à la Révolution française, en janvier 1793, le nom d’Institut de l’Égalité [ou encore Collège Égalité].
En 1793-1794, le collège est désigné pour devenir le siège de l'un des cinq instituts que le département de la Seine se propose d'ouvrir à Paris.
Puis, après la mise en place des Écoles centrales [février-octobre 1795], le collège devient le siège du pensionnat des boursiers parisiens et prend, en 1798, le nom de Prytanée français, en référence à la Grèce antique, où le Prytanée, sorte d'Hôtel de Ville, est le lieu où < les citoyens qui avaient bien mérités de la patrie étaient nourris aux frais de l'État >. Les élèves qui y logent suivent les cours de l'École centrale du Panthéon, toute proche.
En 1797, le collège prend le nom d'Institut central des boursiers, puis en septembre 1800, sur proposition de Jean Antoine Chaptal [1756-1832], ministre de l’Intérieur, celui de Collège de Paris. Jean François Champagne en est nommé directeur le 9 septembre 1800, par arrêté du Ministre de l'intérieur, et reste en fonction comme proviseur jusqu'au 25 juin 1810.
Après la création des Lycées, remplaçant les Écoles centrales [à la suite de la loi du 1er mai 1802] le collège devient lycée de Paris, et, en 1805 après l'établissement du Premier Empire [mai 1804], lycée Impérial.
Enfin, à la première Restauration [1814-1815] l'établissement reçoit le nom de collège de Louis-le-Grand.
1796. ÉTUDES À PARIS AU COLLÈGE ÉGALITÉ.
Après ses premières années en province, François Christophe Malleval vient à Paris, au collège Égalité [aujourd’hui Louis-le-Grand], comme boursier « du collège d’Autun, de la fondation du cardinal Bertrand d’Annonay. »
Au cours de ses études à Paris, François Christophe Malleval obtient le premier prix en mathématiques, alors qu’il est élève de Laran, professeur de la troisième classe de mathématiques. Il est couronné, le 26 thermidor An X [14 août 1802 au cours de la séance de remise des prix, cérémonie en grande pompe au lycée Impérial [nouvelle appellation du collège Égalité], présidée par Pierre Louis Roederer [1754-1835], conseiller d’État, chargé de la direction et surveillance de l’Instruction publique.
1803. POSTES SUCCESSIFS DE MALLEVAL À LOUIS-LE-GRAND.
François Christophe Malleval, à partir de 1803, assume successivement plusieurs postes au lycée Impérial [Louis-le-Grand]. D’abord maître d’études ; secrétaire du proviseur [Jean François Champagne] ; puis sous-directeur.
1807-1819. CARRIÈRE D’ENSEIGNANT À LOUIS-LE-GRAND.
À l’initiative du proviseur du lycée [Jean François Champagne], François Christophe Malleval est nommé, au 15 octobre 1807, professeur supplémentaire de cinquième au lycée Impérial. Il reste en poste jusqu’en 1809, année de sa nomination comme professeur de grammaire.
Le 25 novembre 1809, François Christophe Malleval est nommé comme professeur supplémentaire de la première année de grammaire.
L’enseignement de la classe de Grammaire est réparti sur deux années. Dans le cas du lycée Impérial, compte tenu du nombre d’élèves au lycée, autour de sept cents, il y a à chaque fois un professeur et son suppléant. En première année [classe de cinquième] Roussel et François Christophe Malleval comme suppléant. En deuxième année [classe de quatrième] Adam, et Lesguilliers comme suppléant.
Alors que François Christophe Malleval assure l’enseignement dans la classe de cinquième, « les douze élèves qu’il envoie au concours général, obtinrent les quatre prix de thème et de version [latine], et les quatre premiers accessits » dans chacune de ces disciplines. Un tel succès contribue au développement de la carrière de professeur de François Christophe Malleval.
Sur proposition du proviseur [sans doute de Louis Joseph de Sermand] François Christophe Malleval est nommé en 1810, par la Commission royale de l’instruction publique, agrégé de grammaire pour la classe de cinquième, en même temps que Lesguilliers, nommé agrégé pour la classe de quatrième.
Puis cinq ans plus tard, au 7 octobre 1815, François Christophe Malleval est nommé, par la Commission royale de l’instruction publique, professeur agrégé de quatrième. Et enfin, au 28 septembre 1816, professeur titulaire de quatrième.
1819. PROVISEUR DU COLLÈGE ROYAL DE LOUIS-LE-GRAND.
Au 31 janvier 1819, la Commission royale de l’instruction publique, nomme François Christophe Malleval administrateur provisoire du collège royal Louis-le-Grand, et deux mois plus tard, le 24 mars, proviseur du collège royal de Louis-le-Grand.
Il succède à l’abbé Louis Gabriel Taillefer [1767-1852], en poste du 1er juin 1815 au 29 mars 1819, promu l’un des cinq inspecteurs de l’académie de Paris.
Dans son Histoire du Collège de Louis-le-Grand, publiée en 1845, Gustave Emond [1797-1852], ancien censeur au collège, rapporte : « En 1819, [Malleval] professait la quatrième quand de graves désordres éclatèrent au collège. M. Royer-Collard, président de la commission de l’instruction publique l’envoya chercher, à 11 heures du soir, par MM. Georges Cuvier et Guéneau de Mussy, et lui déclara qu’il le nommait proviseur ».
François Christophe Malleval est ainsi le quatrième proviseur du collège. Le premier étant : Jean François Champagne [1751-1813], proviseur du 21 décembre 1801 au 29 juin 1810, date de son admission à la retraite. Le second : Louis Joseph de Sermand [1759-1829], proviseur du 25 juin 1810 au 2 septembre 1815, date de son admission à la retraite. Le troisième : Louis Gabriel Taillefer [1767-1852], proviseur du 1er juin 1815 au 29 mars 1819, date de sa nomination comme l’un des inspecteurs de l’académie de Paris.
LES QUATRE GRANDS COLLÈGES ROYAUX DE LA CAPITALE.
En étant nommé au collège Louis-le-Grand, François Christophe Malleval, rejoint le groupe restreint des quatre proviseurs des collèges royaux de la capitale.
Pour l’année 1819, dans l’ordre canonique :
Louis-le-Grand, ancien collège de Clermont, établi au 123 de la rue Saint-Jacques, avec François Christophe Malleval [1785-1845], nommé le 31 janvier 1819, et en poste jusqu’au 30 septembre 1823.
Henri-IV, place de l’ancienne église Sainte-Geneviève, établi dans l’ancienne maison de Sainte-Geneviève, avec Étienne Augustin de Wailly [1770-1821], ancien censeur au lycée impérial Louis-le-Grand, nommé en 1804, et en poste jusqu’au 15 mai 1821, date de son décès en fonction.
Bourbon [Condorcet], établi dans le bâtiment des ci-devant Capucins de la Chaussée d’Antin, avec Jean Louis Chambry [1756-1832], inspecteur honoraire de l’académie de Paris, nommé le 13 novembre 1812, et en poste jusqu’au 1 octobre 1823, date de sa mise à la retraite.
Charlemagne, établi dans la maison des Grands-Jésuites, rue Saint-Antoine, avec Joseph Dumas [1755-1837], ancien censeur au lycée Napoléon [Henri-IV], nommé le 24 août 1815, et en poste jusqu’au 24 février 1837, date de son décès en fonction.
DE GUERLE CENSEUR DES ÉTUDES.
Lorsque François Christophe Malleval prend son poste, il est secondé par le censeur des études, Jean Nicolas Marie de Guerle [1766-1824], professeur honoraire de la Faculté des Lettres, déjà en poste depuis le 10 octobre 1809, et qui a donc travaillé successivement sous le provisorat de Louis Joseph de Sermand et celui de Louis Gabriel Taillefer.
Jean Nicolas Marie de Guerle restera également en poste sous le mandat de Nicolas Berthot, jusqu’au 11 novembre 1824, date de son décès en fonction.
1822. LA VISITE DU DUC D’ANGOULÊME AU COLLÈGE ROYAL DE LOUIS-LE-GRAND.
Dans le cadre d’une vaste campagne de reconquête de l’opinion et afin de raviver le sentiment monarchiste les membres de la famille royale multiplient les occasions de rencontre.
C’est dans ce cadre que le duc d’Angoulême, fils du duc d’Artois futur Charles X, rend visite, le 19 février 1822, au collège royal de Louis-le-Grand.
La France chrétienne, journal religieux, politique et littéraire rend compte de cette visite : « S. A. R. Mgr. Le duc d’Angoulême a visité le collège royal de Louis-le-Grand dans toutes ses parties ; partout ce prince a été salué des cris de vive le Roi ! vive le duc d’Angoulême ! À la salle d’étude des plus jeunes élèves, il entendu avec bonté quelques vers d’un enfant de neuf ans. M. Malleval, proviseur du collège, a complimenté S. A. R., qui a répondu : « Je suis satisfait de ce que j’ai vu ; cette jeunesse est l’espoir de la France ; aimez Dieu, le Roi, la patrie et les institutions qu’il a données pour le bonheur de son peuple. » Après avoir félicité tous les fonctionnaires de cet établissement, le prince a quitté le collège, laissant dans tous les cœurs un profond sentiment de reconnaissance. »
1823. PLACÉ D’OFFICE À LA RETRAITE.
François Christophe Malleval reste en poste jusqu’au 30 septembre 1823.
Âgé seulement de trente-huit ans, il est alors placé à la retraite et reçoit une pension de 4 000 francs, décidée par délibération du Conseil royal de l’instruction publique.
Il est remplacé par Nicolas Berthot [1776-1850], chargé provisoirement de l’administration du collège Louis-le-Grand, tout en étant maintenu recteur de l’académie de Dijon [1815-1848]. Nicolas Berthot n’assumera cette fonction que quelques mois, jusqu’au 1er avril 1824, date à laquelle Pierre Laurent Laborie [1767-1847], ancien recteur de l’académie de Strasbourg [1821-1824] est lui-même nommé proviseur [1824-1830].
À peu près à la même époque, une mise à la retraite touche également Jean Louis Théodore Chambry [1756-1832], proviseur du collège Bourbon [Condorcet], en fonction jusqu’en octobre 1823. Il est remplacé quant à lui par Nicolas Legrand [1775-1847], censeur en exercice, promu proviseur [1823-1830].
De même, César Auguste Basset [1760-1828], censeur des études au collège royal Charlemagne, depuis le 26 septembre 1815, mis à la retraite le 1er octobre 1823. Il est remplacé par Augustin Belin [1773-NNN], antérieurement professeur au collège Henri-IV, en fonction comme censeur à Charlemagne du 3 octobre 1823 au 16 octobre 1841.
LES RAISONS D’UNE MISE À LA RETRAITE.
Peu après le décès de François Christophe Malleval, survenu le 18 novembre 1845, à Paris, alors qu’il est âgé de soixante ans, une « Nécrologie » parue dans la Revue de l’Instruction publique de la littérature et des sciences en France, revient sur les conditions de la mise à la retraite de l’ancien proviseur du collège Louis-le-Grand.
C’est Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], membre du conseil d’État, président de la Commission de l’Instruction publique depuis le 15 août 1815, qui, en janvier 1819, a confié à François Christophe Malleval l’administration provisoire du collège royal de Louis-le-Grand, puis l’a nommé proviseur en titre le 24 mars 1819.
Mais le 20 août 1819, Pierre Paul Royer-Collard présente sa démission du poste de président de la Commission de l’Instruction publique et quitte totalement la commission en juin 1820 à la suite de son éviction du conseil d’État.
L’auteur, anonyme, de la Nécrologie l’indique clairement : « La marche des idées, sous la restauration, contraignit, comme on le sait, M. Royer-Collard à donner sa démission de président de la commission d’instruction publique ; le contre coup ne tarda pas à atteindre M. Malleval. On voulait disposer de sa place, on lui donna sa retraite, lorsqu’il était encore dans la force de l’âge ».
UN LEGS GÉNÉREUX À LA VILLE NATALE D’ANNONAY.
Inhumé au cimetière d’Annonay, François Christophe Malleval lègue à sa mort une forte somme destinée à un établissement utile et durable.
La Revue de l’Instruction publique en France et dans les pays étrangers, dans sa livraison du 15 juin 1846, en témoigne :
« M. Malleval, après avoir reçu de la ville d’Annonay (Ardèche) les bienfaits de l’éducation gratuite, profita si bien des connaissances qu’il avait acquises, qu’il parvint par son travail et son mérite à une position élevée dans l’Université, à celle de proviseur du collège Louis-le-Grand. Ce citoyen généreux, qui n’avait point oublié la cause première de sa fortune, a légué en mourant à sa ville natale une valeur de 16 à 17 000 fr de rentes, représentant un capital de 400 000 Fr.
[…] Je veux que le montant du présent legs soit employé à la fondation, à Annonay, d’un établissement durable et utile portant mon nom. Le choix de cette fondation sera fait par le conseil municipal […].
Il est question de la fondation d’un établissement d’éducation gratuite, principalement pratique, et destiné aux classes ouvrières. »
DÉCORATION.
Officier de l’Université.
Chevalier de la Légion d’Honneur, le 20 février 1822. Au titre de proviseur du collège Louis-le-Grand.
SOURCE.
Gustave Dupont-Ferrier. [La Vie quotidienne d’un collège parisien pendant plus de trois cent cinquante ans] Du collège de Clermont au lycée Louis le Grand [1563-1920]. Tome 3. [Paris : E. de Boccard, éditeur, 1925].
Fournit les dates détaillées des nominations et les sources des Archives.