C'est le parcours exemplaire d'un ancien élève de l'École normale [1835], qui plus est membre de la première promotion de l'École française d'Athènes [1846], se retrouvant tout naturellement professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Nancy [1854], sorte d'Athènes du Nord, au moment du rétablissement de la Faculté.
Benoît, [Jean Joseph Louis] Charles [1815-1898].
Né le 25 août 1815, à Nancy [Meurthe] ; mort le 16 mai 1898, à Nancy [devenu en 1871 Meurthe-et-Moselle].
Études au collège royal de Nancy, situé place Saint-Louis. Se rend à Paris en 1834, et suit les cours de la Faculté de Droit.
Abandonnant rapidement cette orientation, entre au collège Saint-Louis, pour y préparer le concours d'admission à l'École normale.
1835. ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE.
Ancien élève de l’École normale [25 octobre 1835], où, sur les quinze élèves admis, il est reçu quatrième au concours d'entrée ; bénéficiant, en fonction de son classement, d'une bourse entière. Il y effectue normalement, comme pensionnaire, une scolarité de trois ans.
Les quinze élèves reçus à l’École normale, section Lettres, en 1835, sont, dans l’ordre alphabétique [on indique ici généralement leur fonction en fin de carrière] :
Charles Benoît [1815-1898], professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Nancy ; Félix Bouchot [1815-1900], professeur de seconde au lycée Louis-le-Grand ; Ange Denis [1817-1902], professeur de troisième au lycée Saint-Louis ; Adrien Déroulède-Dupré [1816-1858], aumônier du lycée d'Angoulême ; Isidore Feuillâtre [1815-1878], proviseur du lycée d’Amiens ; Armand Fouquier, homme de lettres ; Louis Franck [1816- ], professeur de mathématiques à Metz ; Louis Charles Hernsheim [1815-1840], religieux dominicain ; Paul Jacquinet [1815-1903], recteur à Nancy, Inspecteur général de l'Instruction publique ; Julien Lalande [1814-1891], proviseur du lycée de Reims ; Jean Letaillandier [1815-1850], professeur de troisième au collège d’Angoulême ; Louis Michel [1814-1836] ; Étienne Hippolyte Morey [1816-1900], industriel ; Jean Philippe Raynaud [1817- ], professeur d'histoire au lycée d'Alger ; Prosper Soullié [1815- ], professeur de philosophie au lycée de Saint-Quentin ; Jacques Louis Wieszner [ou Wiesener] [1817-1898], professeur d’histoire au lycée Louis-le-Grand.
En janvier 1838, quitte l’École normale, à la suite d'une affection des yeux. Il se repose à Nancy jusqu'en mai, puis voyage en Suisse et en Allemagne, notamment dans le pays de Bade. Il y apprend l'allemand.
À son retour en France, est nommé professeur de troisième au collège royal de Caen, en remplacement de Joseph Collin, agrégé des lettres [1835], nommé en seconde. Charles Benoît y assure également un enseignement d'initiation à l'allemand.
Charles Benoît laisse passer la session de 1839, et se prépare au concours d'agrégation des lettres de 1840.
1840. AGRÉGATION DES LETTRES.
Reçu major à l'agrégation des classes supérieures des lettres le 11 septembre 1840.
Le président du jury étant Paul François Dubois, sont reçus à l'agrégation des lettres, en septembre 1840, dans l'ordre de classement : Charles Benoît [1815-1898], ancien élève de l'École normale [1835], chargé de la chaire de troisième au collège royal de Caen ; Auguste Noël [1818-1892], élève sortant de l'École normale [1837] ; Casimir Antoine Estienne, répétiteur à Paris ; Charles Pierre Damiens [1817-1891], élève sortant de l'École normale [1837], futur professeur de Littérature à la Faculté des Lettres de Clermont ; Prosper Soullié [1815- ], ancien élève de l'École normale [1835], déjà agrégé de grammaire [1837], chargé de la chaire de troisième au collège royal d'Auch, puis professeur de philosophie au lycée de Saint-Quentin ; Joseph Alfred Bonnomet, chargé d'un cours de rhétorique supplémentaire au collège Rollin ; Alfred [Louis Noël] Sadous, répétiteur à Paris ; Jules Joseph Édouard Morin [1814-1876], ancien élève de l'École normale [1833], professeur de quatrième, de troisième puis de seconde [20 septembre 1844]*, au collège Stanislas, futur professeur d’Histoire à la Faculté des Lettres de Rennes.
PREMIERS POSTES EN PROVINCE.
Après l’agrégation des lettres est nommé professeur de rhétorique au collège royal de Douai [27 septembre 1840-25 septembre 1842], en remplacement de Jean Louis Jannet [1795-1861], ancien élève de l’École normale [1814].
Charles Benoît y crée les premières conférences St. Vincent de Paul.
Après un congé d'un an, en rapport avec une fracture de la jambe, Charles Benoît est nommé, en juin 1842, professeur de rhétorique au collège royal de Caen, en remplacement d'Eugène Hilaire Garsonnet [1814-1876], ancien élève de l’École normale [1836], agrégation des lettres [1839], futur Inspecteur général de l’enseignement secondaire, pour les Lettres [1874-1876].
1843. PROFESSEUR AGRÉGÉ À PARIS, AU COLLÈGE LOUIS-LE-GRAND.
Charles Benoît est appelé à Paris, le 22 septembre 1843, au collège Louis-le-Grand, comme professeur divisionnaire [seconde division], agrégé en classe de rhétorique.
Les quatre enseignants de la classe de rhétorique à Louis-le-Grand sont en 1844 : Antoine Joseph Baudon Desforges [1791-avant 1872] ; Jacques Rinn [1797-1855], futur proviseur de Louis-le-Grand [7 février 1845-15 janvier 1853] ; Charles Benoît [1815-1898], agrégé ; Eugène Despois [1818-1876], agrégé, futur bibliothécaire à la Sorbonne [31 mars 1871].
Les élèves de Charles Benoît remportent quatre prix au Concours général.
1844-1847. PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE AU COLLÈGE STANISLAS.
Établi à Paris, au 34 rue Notre-Dame des Champs, Stanislas est un collège de plein exercice. L'abbé Alphonse Gratry [1805-1872] en est le directeur [1840-1845].
Nommé au collège Stanislas, le 18 septembre 1844, Charles Benoît y est, de 1844 à 1847, avec Auguste Cartelier [1812-1855], ancien élève de l'École normale [1832] l'un des deux professeurs de rhétorique. Sa désignation est approuvée, par arrêté du ministre de l'Instruction publique, le 30 septembre 1844. Il remplace Austremoine Léger Boyer [1798-1865], nommé professeur suppléant de la classe de seconde au collège royal de Saint-Louis.
Charles Benoît y rencontre Frédéric Ozanam [1813-1853], qui y est professeur de rhétorique, avec lequel il noue des rapports d'amitié.
1846. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
*Docteur ès lettres [Paris, 11 mars 1846], avec une thèse latine sur le Traité des Devoirs de Ciceron : °Historica de M. T. Ciceronis Officiis commentatio, quam in thesis modum proponebat Facultati Litterarum Parisiensi C.-J. Benoît licentiatus, olim scholae normalis alumnus [Parisiis : Apud Joubert, bibliopolam, rue des Grès, 14, près de la Sorbonne. In-8, 74 p., 1846].
La thèse est dédiée : « Optimo et dilectissimo viro A. N. Viguier, in Gallica Universitate inspectori, scholae normalis antea rectori. Hoc grati animi munusculum offero discipulus reverentissimus. C. B. ».
La page 75 porte la mention : « Vidi ac perlegi, Lutetiae Parisiorum, in Sorbona, a. d. XIII kal. Febr. Ann. MDCCCXLVI, Facultatis Litterarum in Academia Parisiensi decanus, Vict. Le Clerc.
Typis mandetur, Rouselle, Rectoris vices gerens ».
La thèse, en français, a pour titre : °Essai historique sur les premiers manuels d’invention oratoire jusqu’à Aristote, par Ch. Benoît, licencié, ancien élève de l'École normale [Paris : Joubert, libraire-éditeur, rue des Grès, 14, près de la Sorbonne. In-8, 160 p., 1846].
La thèse est dédiée : « A mon cher maître M. J. D. Guigniaut, membre de l'Institut, professeur à la Faculté des Lettres de Paris. Hommage d'affection et de reconnaissance. Ch. Benoît ».
Le texte de la thèse française est réédité, en 1983, en fac-similé de l'édition Joubert : [Paris : J. Vrin. Collection Vrin-reprise, 67. In-8, 160 p., 1983].
Le jury pour cette soutenance de thèse était composée de Joseph Victor Leclerc [1789-1865], président ; Abel François Villemain [1790-1870] ; Victor Cousin [1792-1867] ; Saint-Marc Girardin [1801-1873] ; Jean Charles Dominique Lacretelle [1766-1855] ; Joseph Daniel Guigniaut [1794-1876] ; Henri Joseph Guillaume Patin [1793-1876] ; Frédéric Ozanam [1813-1853] ; Philibert Damiron [1794-1862] ; Adolphe Garnier [1801-1864].
1847-1848. MEMBRE DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D’ATHÈNES.
Charles Benoît fait partie de la première promotion [24 décembre 1846] de l'École française d'Athènes, créée tout récemment par l'ordonnance royale du 11 septembre 1846. École dont Amédée Daveluy [1799-1867] est le premier directeur.
La promotion est composée, dans l'ordre alphabétique, de Charles Benoit [1815-1898], ancien élève de l'École normale [1835] ; Émile Burnouf [1821-1907], ancien élève de l'École normale [1841] [qui deviendra directeur de l’École de 1867 à 1875] ; Antoine Grenier [1823-1881], ancien élève de l'École normale [1843] ; Charles Hanriot, [1818-1895], ancien élève de l'École normale [1843] ; Louis Lacroix [1817-1881], ancien élève de l'École normale [1836] ; Charles Lévêque [1818-1900], ancien élève de l'École normale [1838] ; Emmanuel Roux [1819-1879], ancien élève de l'École normale [1838]. L’arrêté de nomination porte la date du 24 décembre 1846.
Charles Benoit séjourne en Grèce en 1847-1848. Revient en France début juillet 1848 et débarque à Marseille le 25 juillet 1848.
Publiera en 1892, dans les Annales de l'Est, des souvenirs sur cette période. L'article est repris en tiré à part : La Grèce ancienne étudiée dans la Grèce moderne, souvenirs personnels des commencements de l'École française d'Athènes. [Paris : Berger-Levrault. In-8, 34 p., 1892].
De même, en 1893, pages 345-374, dans le numéro 1 de la septième année des Annales de l'Est [Revue trimestrielle publiée sous la direction de la Faculté des Lettres de Nancy] : Excursions et causeries littéraires autour d'Athènes et en Argolide.
Article repris en tiré à part [Nancy : impr. de Berger-Levrault. in-8, 32 p., 1893].
C'est aussi autour de sujets se rapportant à la Grèce que Charles Benoit interviendra en 1866 et en 1867, à la Sorbonne auprès du Comité des travaux historiques et des sociétés savantes.
DÉCEMBRE 1848. REÇU À L'AGRÉGATION DES FACULTÉS.
Le samedi 9 décembre 1848, Charles Benoît est reçu, sur concours, agrégé des Facultés des Lettres, pour les Littératures anciennes et modernes [1848].
C'est en mars 1840 que Victor Cousin [1792-1867], en tant que Ministre de l'Instruction publique [1er mars-29 octobre 1840] crée [ordonnance royale du mardi 24 mars 1840], auprès des Facultés « des agrégés, nommés au concours, capables de suppléer des professeurs absents ».
Pour l’année 1840, trois postes sont créés en Philosophie [un seul candidat reçu : Adolphe Franck] ; plusieurs postes en Littérature ancienne et moderne, avec deux concours [cinq candidats reçus : Eugène Géruzez ; Jean Pierre Charpentier ; Frédéric Ozanam ; Émile Egger ; Adolphe Berger] ; trois postes en Histoire et Géographie, avec deux concours [trois candidats reçus : Charles Lenormant ; Eugène Rosseeuw Saint-Hilaire ; Henri Wallon].
Pour l'année 1843, en Philosophie [deux candidats reçus : Amédée Jacques ; Émile Saisset].
Pour l'année 1844, concernant les Littératures anciennes et modernes [deux candidats reçus : Ernest Havet ; Jacques Demogeot].
Pour l'année 1848, en Philosophie, avec deux concours [deux candidats reçus : Alfred Lorquet ; Charles Pendrell Waddington] ; concernant les Littératures anciennes et modernes [deux candidats reçus : Charles Caboche ; Charles Benoît].
Pour l'année 1849, en Histoire et Géographie [un candidat reçu : Auguste Himly].
1848-1852. PROFESSEUR DE LITTÉRATURE GRECQUE À LA SORBONNE.
Enseignant de Littérature grecque à la la Faculté des Lettres de Paris, comme suppléant en fin octobre 1848, dans la chaire dont Jean François Boissonade [1774-1857] est titulaire du 28 décembre 1812 au 24 janvier 1855.
En 1849, Charles Benoît y donne un cours complémentaire de Littérature grecque. Il publie sa leçon d'ouverture du 19 avril 1849 : Cours complémentaire de littérature grecque. Deuxième semestre. Études sur l'ancienne comédie [Paris : impr. de P. Dupont. 23 p., 1849].
En 1850, Charles Benoît fait paraître, dans le cadre de son cours complémentaire de littérature grecque : Études sur la Comédie politique à Athènes au temps de la guerre du Péloponnèse [Paris : Imprimerie administrative P. Dupont. In-8, 20 p., 1850].
En décembre 1851, Charles Benoît prononce sa leçon d'ouverture [4 décembre] de son cours de Poésie grecque à la Faculté des Lettres de Paris. Le texte en est publié : Programme d'une histoire de l'ancienne poésie [Paris : impr. de P. Dupont. In-8, 23 p., 1852].
1850. MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L'ÉCOLE NORMALE SUPÉRIEURE.
En 1850, Charles Benoît est nommé maître de conférences de Langue et littérature grecques à l’École normale supérieure, comme suppléant d'Ernest Havet [1813-1889]. Il y succède à Émile Deschanel [1819-1904] qui avait été nommé en 1845.
Charles Benoît continue d'assurer ses cours à la Sorbonne
Il reste maître de conférences à l’École normale supérieure d'octobre 1850 jusqu’à août 1854. Sera remplacé par Jules Girard [1825-1902], qui occupe la fonction d'août 1854 à 1872.
1852. SUPPLÉANT D'OZANAM DANS LA CHAIRE DE LITTÉRATURE ÉTRANGÈRE.
En novembre 1852, Charles Benoît supplée Frédéric Ozanam [1813-1853], professeur de Littérature étrangère à la Faculté des Lettres de Paris, depuis 1844, obligé d'abandonner ses cours pour raison de santé.
Charles Benoît assure la suppléance jusqu'en 1853.
1852. LE SUJET DU CONCOURS DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE SUR MÉNANDRE.
L'Académie française, dans sa séance publique du 19 août 1852, proposa, pour sujet d'un prix à décerner en 1853, la question suivante :
« Étude historique et littéraire sur la comédie de Ménandre ; en faire connaître l'époque et le caractère, à l'aide des nombreux débris qui s'en sont conservés, des témoignages épars à ce sujet dans l'antiquité, des fragments de poètes comiques de la même date et de la même école, des imitations latines, et des conjectures de la critique savante.
En appréciant le but moral, le génie et l'influence de ce grand poète, insérer à propos, dans une exposition aussi complète qu'il sera possible, la traduction de tous les passages originaux qui nous restent de lui, et de tous ceux qui se rapportent utilement à l'histoire de son art ».
1853. LAURÉAT DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE
Charles Benoît, participe au concours. Il compose puis, devenu l'un des lauréats, édite en 1853 un Essai historique et littéraire sur la comédie de Ménandre.
Est publié : °Essai historique et littéraire sur la comédie de Ménandre, avec le texte de la plus grande partie des fragments du poète. Ouvrage couronné par l’Académie française dans sa séance du 18 août 1853. Par Ch. Benoit, professeur agrégé à la Faculté des Lettres, Maître de conférences à l'École normale [Paris : Librairie de Firmin Didot frères, imprimeurs de l'Institut, rue Jacob, 56. In-8, 1854]. Avec, en exergue, sur la page de titre une phrase en grec ancien. Avant-Propos [8 juin 1854]. Introduction. Table des matières.
L'ouvrage fait l'objet d'un compte rendu dans la livraison d'octobre 1854, du Journal des Savants par Henri Joseph Guillaume Patin, pages 593-600.
L'article signale également l'ouvrage de Guillaume Guizot [1833-1892] qui a participé au concours, et a été couronné ex-aequo avec Charles Benoît : Ménandre, étude historique et littéraire sur la Comédie et la Société grecques. Ouvrage couronné par l'Académie française en 1853 [Paris : Didier, Libraire-Éditeur, 35, quai des Augustins. In-8, 459 p.,
De même l'homme de lettres Louis Auguste Binaut [1805-1866], dans la Revue des Deux-Mondes [1855, Tome 10, pages 1227-1264] consacre sur le sujet un long article : Ménandre. La comédie de mœurs en Grèce.
1854-1863. PROFESSEUR DE LITTÉRATURE FRANÇAISE À NANCY.
L’Université impériale est fondée par la loi du 10 mai 1806. La loi est mise en œuvre, à partir de 1808 et aboutit à la création effective des Facultés. La Faculté des Lettres de Nancy est ouverte en 1810, avec une chaire de Philosophie [Pierre Denis d'Regel] ; de Littérature française et latine [Jean Baptiste Lamoureux] ; d'Histoire [Étienne Mollevault].
La seconde Restauration supprime dix-sept facultés [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen]. C'est dans ce cadre que la Faculté des Lettres de Nancy est supprimée par l'arrêté du 31 octobre 1815 de la nouvelle Commission de l’Instruction publique, présidée par Paul Royer-Collard [1763-1845]. Arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816.
Après la loi Fortoul votée le 14 juin 1854, la Faculté des Lettres de Nancy est rétablie, par le décret impérial du 22 août 1854. Ceci à la suite du relatif échec des petites académies rectorales, et dans le cadre de la redéfinition de la carte universitaire avec les seize grandes académies maintenues ou recréées par la loi Fortoul [Aix ; Besançon ; Bordeaux ; Caen ; Clermont ; Dijon ; Douai ; Grenoble ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Paris ; Poitiers ; Rennes ; Strasbourg ; Toulouse]. La Faculté des Lettres de Strasbourg y sera transférée en 1871, après la défaite de 1870.
Charles Benoît, le 10 octobre 1854, y est nommé professeur, titulaire de la chaire de Littérature française [1854-1883]. La Faculté est installée le 7 décembre 1854.
Publie la leçon d'ouverture de son cours en 1860 : Cours de littérature française professé à la Faculté des Lettres de Nancy, par M. Charles Benoît. Leçon d'ouverture, sur la seconde moitié du XVIIIe siècle [Nancy : impr. de Lepage. In-8, 24 p., 1860].
Dans les dernières années de son enseignement, Charles Benoît est assisté par Émile Krantz [1849-1925], ancien élève de l'École normale supérieure [1873], docteur ès-lettres [1882], avec le titre de maître de conférences.
Charles Benoît, admis sur sa demande à faire valoir ses droits à la retraite, le 10 octobre 1883, sera remplacé dans la chaire de Littérature française, par Émile Krantz, nommé par décret le 27 mars 1884, et en fonction jusqu'en 1919.
LES CHAIRES DE NANCY ET LES MEMBRES DE L'ÉCOLE FRANÇAISE D'ATHÈNES.
La Faculté des Lettres, à sa recréation en 1854, fonctionne, comme toutes les seize Facultés, avec une chaire de Philosophie, de Littérature ancienne, de Littérature française, de Littérature étrangère, d'Histoire.
La chaire de Philosophie est confiée à Albert Lemoine [1824-1874], chargé de cours [1855-1856] ; la chaire de Littérature ancienne, confiée à Émile Burnouf [1821-1907], ancien membre de l'École française d'Athènes [1846], professeur titulaire [1854-1867] ; la chaire de Littérature française, confiée à Charles Benoît [1815-1898], ancien membre de l'École française d'Athènes [1846], professeur titulaire [1854-1883] ; la chaire de Littérature étrangère, confiée à Alfred Mézières [1826-1915], ancien membre de l'École française d'Athènes [1849], chargé de cours [1854-1856], puis titulaire [1856-1861] ; la chaire d'Histoire, confiée à Louis Lacroix [1817-1881], ancien membre de l'École française d'Athènes [1846], professeur titulaire [1854-1878].
On remarquera, qu'en dehors d'Albert Lemoine, tous les enseignants nommés sont d'anciens membres de l'École française d'Athènes.
Encore que c'est Charles Lévêque [1818-1900], lui aussi ancien membre de l'École française d'Athènes [1846], qui avait été désigné initialement pour la chaire de Philosophie à Nancy. Mais il n'avait pas rejoint son poste ayant été nommé simultanément chargé du cours d’Histoire de la philosophie à la Faculté des Lettres de Paris [1854-1856] auprès de Jean Philibert Damiron [1794-1862].
Cette présence massive d'anciens membres de l'École française d'Athènes est telle qu'on a pu parler de Nancy comme d'une « colonie athénienne », ou encore d'une Athénée du Nord.
1854-1883. DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE NANCY.
Doyen de la Faculté des Lettres de Nancy [10 octobre 1854], nommé au moment du rétablissement de la Faculté. Charles Benoît reste en poste comme doyen jusqu'en 1883.
En tant que doyen de la Faculté des Lettres, Charles Benoît prononce, le 15 novembre 1855, au cours de la « Séance solennelle de rentrée des Facultés des Sciences et des Lettres et de l'École de Médecine et de pharmacie, après un an d'activité, le Rapport d'usage. Y sont notamment décrits le contenu des différents enseignements de la Faculté des Lettres. Le Rapport est édité : [Nancy : Grimblot et Ve Raybois, imprimeurs-libraires de l'Académie de Nancy, place Stanislas, 7, et rue Saint-Dizier, 125. In-8, 42 p., 1855].
En tant que doyen de la Faculté des Lettres, au cours de la Séance solennelle de rentrée du 22 novembre 1880, rédige et lit le Rapport sur le concours littéraire de 1880. Publié en 1881 [Nancy : impr. de E. Nicolas].
À sa retraite, en octobre 1883, reçoit le titre de doyen honoraire. Il est remplacé comme doyen par Paul Decharme [1839-1905], professeur de Langue et Littérature grecques [1871-1886], doyen de 1883 à 1886, date à laquelle il est nommé à Paris, à la Sorbonne, dans la chaire de Poésie grecque, comme chargé de cours [1886-1889], professeur adjoint [1889-1891], puis comme professeur titulaire [1891-1905].
PRIX D'ÉLOQUENCE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE : SUR CHATEAUBRIAND [1865].
Dans l'année 1862-1863, Charles Benoît prend François René de Chateaubriand [1768-1848] comme thème de son enseignement à la Faculté des Lettres de Nancy.
En 1864, à partir de son cours, Charles Benoît adresse à l’Académie française un Essai sur Chateaubriand, pour concourir au Prix d'Éloquence. L'Essai est couronné par l'Académie dans la séance publique annuelle du jeudi 21 juillet 1864, sur le Rapport d'Abel François Villemain [1790-1870], secrétaire perpétuel de l'Académie [11 décembre 1834-8 mai 1870]. Cette séance étant présidée par Victor, prince de Broglie [1785-1870].
Le rapport du Secrétaire perpétuel est publié par l'Institut impérial de France, Académie française [Paris. 1864].
Le prix d'Éloquence de 1864 est partagé entre Charles Benoît et le poète et auteur dramatique Henri de Bornier [1825-1901].
Henri de Bornier, déjà lauréat de l'Académie en 1861 et en 1863 pour le prix de Poésie, sera élu à l'Académie française le 2 février 1893, en remplacement de Xavier Marmier [1808-1892], élu le 19 mai 1870, et décédé le 11 octobre 1892.
L'Essai est publié, sous forme d'ouvrage, en 1865 : °Chateaubriand, sa vie et ses œuvres. Étude littéraire et morale par M. Charles Benoît, doyen de la Faculté des Lettres de Nancy. Ouvrage qui a obtenu le Prix d'Éloquence décerné par l'Académie française en 1864 [Paris : Librairie académique Didier et Cie, libraires-éditeurs. 35, quai des Augustins. In-8, 284 p., 1865]. Avant-propos [Nancy, 1er octobre 1864]. Introduction. Table des matières.
FÉVRIER 1865. UNE LETTRE DE FÉLICITATION DE SAINTE-BEUVE.
Comme l'indique Henri Valéry Marc Druon, dans le discours d'hommage prononcé à la mort de son ami Charles Benoît, le critique Charles Augustin Sainte-Beuve [1804-1869] adresse à Charles Benoît, en date du 11 février 1865, une lettre où il le félicite en particulier d'une qualité, absente de son travail à lui, Sainte-Beuve, l'unité de composition : « Votre livre est très complet en soi, d'une lecture très agréable, et comme venu d'un seul jet. Pour mon compte, je n'ai pas eu le même avantage. Le livre que j'ai fait a été successif, accru et grossi avec le temps, et il n'est véritablement composé que de pièces et de morceaux ».
1855. ÉLU MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE STANISLAS
Membre de l’Académie de Stanislas (Nancy). Il y est reçu dans la séance publique du 31 mai 1855, en même temps que Hervé Faye, et Émile Burnouf.
Déjà, en 1847, alors qu'il allait parti pour Athènes, Charles Benoît avait été élu associé.
Dans la séance publique de mai 1855, Charles Benoît prononce, selon l'usage, un discours de réception : « Des destinées littéraires et scientifiques de Nancy ». Les discours de réception d'Hervé Faye [1814-1902], Charles Benoît [1815-1898] et Émile Burnouf [1821-1907] sont édités, ainsi que la r&eac