Bordeaux, création du Lycée, 1802, les premiers professeurs

C'est dans la cadre de la loi générale sur l'Instruction publique, du 1er mai 1802, que sont pris successivement, à partir d'octobre 1802, plusieurs arrêtés de Napoléon,  Premier Consul, ordonnant l'établissement des lycées, dans une quarantaine de villes des territoires français et occupés.

LES ARRÊTÉS DU 16 OCTOBRE 1802 CONCERNANT LA CRÉATION DES LYCÉES.
En date du 24 vendémiaire an XI [16 octobre 1802]* sont pris des arrêtés 
< qui ordonnent l'établissement de lycées >. Dans l'ordre alphabétique des villes : Bordeaux, Bruxelles, Douai, Lyon, Marseille, Mayence, Moulins, Rennes.
LYCÉE DE BORDEAUX.
Bordeaux [département de la Gironde]. 
Le ressort de l'académie de Bordeaux, s'étend sur les départements suivants : la Charente [chef-lieu : Angoulême] ; la Dordogne [chef-lieu : Périgueux] ; la Gironde [chef-lieu : Bordeaux]. 
Le lycée de Bordeaux [lycée de première classe] est ordonné par l'arrêté [Bulletin des lois de la République n°237°, arrêté n° 2204] du 24 vendémiaire an XI [16 octobre 1802]. 
LE RECRUTEMENT DES ÉLÈVES.
D'une part, l'arrêté du 24 vendémiaire an XI [Bulletin des lois de la République n°237°, arrêté n° 2204] indique que le recrutement sera assuré par des élèves du Prytanée affectés au lycée de Bordeaux.
D'autre part des concours sont organisés pour recruter des élèves qui seront affectés au lycée de Bordeaux. Auprès des jeunes gens qui sont inscrits dans les différentes Écoles centrales des départements qui viennent d'être supprimés. Et selon le tableau suivant : L'École centrale des Landes [établie à Saint-Sever] doit fournir 28 élèves ; l'École centrale de la Gironde [établie à Bordeaux] doit fournir 63 élèves ; l'École centrale de Lot-et-Garonne [établie à Agen] doit fournir 43 élèves.
LOCAL.
< Sera placé dans le local ….
L'arrêté du IX frimaire an XII [7 décembre 1803] affecte des bâtiments pour y établir le lycée de Bordeaux [Bulletin de la République n° 329].
En 1803, le lycée de Bordeaux est installé dans deux anciens couvents de Feuillants et de Visitandines, séparés par une rue, et communiquant au moyen d'un tunnel et d'une galerie. Cette disposition est maintenue jusqu'en 1877.
En 1877, le lycée de Bordeaux est transféré dans l'ancien collège des Jésuites ou collège de la Madeleine, ancienne caserne des Fossés, transformée et agrandie.
Le 17 mars 1934, un décret présidentiel renomma le lycée : Michel de Montaigne
PROVISEUR, CENSEUR, PROCUREUR-GÉRANT.
• Georges Edme de Champeaux de Vauxdimes* [1761-1830]. 
Né le 14 janvier 1761, à La Chaume [Bourgogne, aujourd'hui département de la Côte-d'Or] ; mort le 25 mars 1830, à Paris.
Grâce à l'appui d'Hugues Bernard Maret [1763-1839], duc de Bassano, nommé proviseur, par l'arrêté [Bulletin de la République n° 244, n°2275] du 8 pluviôse an XI [28 janvier 1803]. 
Ancien émigré en 1791, pour refus de serment. Aumônier militaire [1791-1798] des armées de Condé. Enseignant d'histoire et de littérature pour de jeunes français émigrés à Varsovie. Rallié à Napoléon, rentre en France en 1800.
Reste en poste à Bordeaux jusqu'au 24 août 1809, date de sa nomination comme professeur de philosophie [24 août 1809-31 octobre 1815], doyen de la Faculté des Lettres d'Orléans, et recteur de l'académie d'Orléans [24 août 1809- septembre 1815].
Est remplacé comme proviseur par l'abbé Chalret [ -1820], en fonction du 24 août 1809 au 18 octobre 1813 ; puis par l'abbé Louis Larrouy [1762-1842], futur proviseur du lycée impérial, puis du collège royal de Bordeaux, du 11 octobre 1813 au 31 octobre 1830 [à distinguer de son frère cadet l'abbé Armand Simon Larrouy [1773-1831], professeur de mathématiques].
• Quidy [écrit Guidy], nommé censeur des études, par l'arrêté [Bulletin de la République n° 244, n°2275] du 8 pluviôse an XI [28 janvier 1803]. 
Ancien diacre. Professeur de sixième au collège des Grassins, à Paris. Prête serment à Notre-Dame, en 1790.
Reste en poste à Bordeaux seulement jusqu'au 17 octobre 1803, date de sa nomination comme professeur de cinquième et de sixième au lycée impérial de Rouen.
Est remplacé comme censeur par André Abbal [1770-1837], en fonction du 17 octobre 1803 au 15 novembre 1805, futur professeur de Langue et Littérature latine à la Faculté des Lettres de Bordeaux [1809-1815] ; puis par Louis Joseph Sermand [1759-1829] ; puis par Jean Sémelé [1772-1840], par interim, du 19 décembre 1807 au 14 décembre 1809 ; puis par l'abbé Bourguignon, de janvier 1810 au 11 octobre 1813.
• Charles Joseph Aubert [ -1810] est procureur-gérant.
Après son décès, survenu le 31 juillet 1810, est remplacé, en 1810-1811, comme économe, par d'Hélie.
Hélie, licencié ès-lettres, sera ultérieurement chargé de la chaire de mathématiques élémentaires au collège royal d'Angoulême, puis censeur des études au collège d'Angoulême [11 novembre 1840-7 septembre 1841].
Le proviseur, le censeur et le procureur-gérant seront rendus à Bordeaux avant le 15 pluviôse an XI [4 février 1803].
1802-1803. COMMISSION CHARGÉE DE L'ÉTABLISSEMENT DES LYCÉES.
En juin 1802, est publiée la liste des Commissaires pour la formation des lycées, en cours de création :
Charles Augustin Coulomb [1736-1806], Georges Cuvier [1769-1832], Noël Gabriel Luce Villar [1748-1826]. 
Les trois membres de cette commission sont tous membres de l’Institut, dès sa création, en décembre 1795.
Des membres de la Commission, chargée de l'établissement des lycées, se rendront à Bordeaux dans la période de nivôse an XI [22 décembre 1792-20 janvier 1803] pour procéder à l'examen des candidatures des enseignants, notamment celles des professeurs qui ont précédemment enseigné dans les Écoles centrales ; établir un rapport double au ministre de l'Intérieur, et veiller à la bonne organisation matérielle.
LES PREMIERS PROFESSEURS DE BELLES-LETTRES.
Les professeurs du lycée sont nommés par arrêté du 3 prairial an XI [23 mai 1803]*.
• Pour les Belles-Lettres, latines et françaises : Louis Joseph Sermand [1759-1829]. Reste en poste jusqu'au 15 novembre 1805, date à laquelle il nommé censeur des études, en remplacement d'André Abbal. 
Louis Joseph Sermand deviendra ultérieurement proviseur à Paris, au lycée impérial Louis-le-Grand [25 juin 1810-10 mai 1815]
LES PREMIERS PROFESSEURS DE LATIN.
• Latin, première classe [seconde ; première] : Tout d'abord, Blanche, homme de lettres de Rouen. Mais, ce dernier ne se rend pas à son poste. 
Il est remplacé par Jean Baptiste Fitte [1753-1828].
• Latin, deuxième classe [quatrième ; troisième] : Tout d'abord, Jean Baptiste Fitte [1753-1828]. 
Mais Jean Baptiste Fitte devenant enseignant dans la première classe de latin, par suite de la défection de Blanche, l'enseignement de la deuxième classe est confié à Jean Roch Messier [ -1810]. 
Antérieurement professeur de Belles-Lettres à l'École centrale du département des Landes [Saint-Sever]. 
• Latin, troisième classe [sixième, cinquième] : Jean Pierre Camoin [1755-1836]. Antérieurement professeur de Langues anciennes à l'École centrale du département des Bouches-du-Rhône [Aix]. Le 10 janvier 1806, Jean Pierre Camoin est mis en congé, puis à la retraite en 1808.
Sera ultérieurement remplacé par Migneret, antérieurement maître d'études [juillet 1803], puis maître élémentaire [octobre 1803] :  Jean Pierre Camoin, tombé malade, ayant été mis en congé, Migneret est nommé professeur adjoint. Migneret est nommé professeur titulaire de latin en juin 1808, à la suite de la mise à la retraite de Jean Pierre Camoin.
LES PREMIERS PROFESSEURS DE MATHÉMATIQUES.
• Mathématiques transcendantes : Jean Claude Leupold [1774-1840]. 
Antérieurement professeur de Mathématiques à l'École centrale du département de la Gironde [Bordeaux]. À partir de 1818, professeur de Sciences physiques, enseignant l'optique et l'astronomie. Reste en poste jusqu'en 1821.
• Mathématiques, première classe [seconde ; première] : Tout d'abord, Louis Puissant [1769-1843], Ingénieur géographe au Dépôt de la guerre [1793-1797] puis professeur de mathématiques à l'École centrale de Lot-et-Garonne [Agen]. Mais, Louis Puissant ne se rend pas à son poste. 
Il est remplacé par Chassin-Villers [1751-1810], qui monte d'un cran dans la répartition des enseignants.
• Mathématiques, deuxième classe [quatrième ; troisième] : Tout d'abord, Chassin-Villers [1751-1810]. 
Antérieurement directeur, avec Paul Armand Dufau, du pensionnat créé près l'École centrale de la Gironde. 
Cependant Chassin-Villers monte d'un cran, par suite de la défection de Louis Puissant, et devient enseignant de mathématiques pour la première classe. 
L'abbé Armand Simon Larrouy [1773-1831], lui aussi, monte d'un cran et devient enseignant de mathématiques pour la deuxième classe. Il reste en poste jusqu'au 15 décembre 1809, en étant nommé un des deux inspecteurs de l'académie de Bordeaux, auprès du recteur Victor de Sèze [1754-1830]. L'autre inspecteur d'académie est Alexandre [Léonard] de Chavanat [1769-1845], ancien professeur à Bazas [Gironde], futur recteur de l’académie de Cahors [novembre 1822-octobre 1830].
• Mathématiques, troisième classe [sixième, cinquième] : Tout d'abord, l'abbé Armand Simon Larrouy [1773-1831]. Cependant l'abbé Armand Simon Larrouy monte d'un cran et devient enseignant de mathématiques pour la deuxième classe [à distinguer de son frère aîné : l'abbé Louis Larrouy [1762-1842], futur proviseur du lycée impérial, puis du collège royal de Bordeaux [1812-1830].
Armand Simon Larrouy est remplacé par l'abbé Jean Jacques Marie Joseph* Chalret. 
Antérieurement professeur de mathématiques à l'École centrale du département de la Gironde, est recruté tout exprès, le 27 messidor an XI [26 août 1803], pour être le professeur de cinquième et de sixième au lycée de Bordeaux.
Jean Jacques Marie Joseph* Chalret reste en poste jusqu'au 24 août 1809, date à laquelle il est nommé proviseur du lycée de Bordeaux, pour succéder à Georges Edme de Champeaux de Vauxdimes*, nommé à Orléans.  
OUVERTURE DU LYCÉE DE BORDEAUX.
L'ouverture étant prévue pour le 1er germinal an XI [22 mars 1803].
L'ouverture effective a lieu le 7 novembre 1803.
Les premiers effectifs sont de 179 élèves en 1809 ; 255 élèves en 1815.
AUTRES LYCÉES ORDONNÉS À LA MÊME DATE.
Sont ordonnés à la même date du 24 vendémiaire an XI [16 octobre 1802], neuf lycées. En ordre alphabétique : Bordeaux ; Bruxelles ; Douai ; Lyon ; Marseille ; Mayence ; Moulins ; Rennes.
Sont également prévus d'ouvrir au 1er germinal an XI [22 mars 1803] : Douai ; Lyon.
SOURCE.
1894. Charles Fierville. Archives des lycées, proviseurs et censeurs, 1er mai 1802-1er juillet 1893 : documents administratifs recueillis et classés pour la première fois [Paris : Firmin-Didot. In-4. LXXXV-526 p., 1894]. Quatrième partie : notices individuelles, page 235 sq.
1905. Association des anciens élèves du lycée de Bordeaux. Le Centenaire du Lycée de Bordeaux [1802-1902], publié en 1905 [Bordeaux : Féret et fils éditeurs. In-8, XVI-462 p.-[13 feuilles de planches], 1905]
Numérisé : http://1886.u-bordeaux-montaigne.fr/items/show/3926
1986. Isabelle Havelange, Françoise Huguet, Bernadette Lebedeff. Les Inspecteurs généraux de l'Instruction publique, dictionnaire biographique 1802-1914, sous la direction de G. Caplat. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Éditions du CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 702 p., 1986].
2006. Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut National de Recherche Pédagogique. Édition de CNRS. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p. +3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations ; les sources des archives ; des extraits de rapports d'inspection.