Jacques Charles César Formage (1749-1808), c’est toute une vie autour de Rouen, traversant sans problème la Révolution française, et où l’habileté poétique se met sans scrupule au service des orientations politiques du jour. Tout en accomplissant au quotidien la tâche d’enseigner les langues anciennes, et plus particulièrement le latin.
Jacques Charles César* Formage [1749-1808].
[autre forme du nom : Jacobus Carolus Caesar Formage].
Né le 16 septembre 1749, à Coupesart [aujourd’hui département du Calvados], arrondissement de Lisieux ; mort le 11 septembre 1808, à Rouen [Seine-Inférieure].
VERS 1764. ÉTUDES AU COLLÈGE DU PLESSIS.
Élève boursier, à Paris, au collège du Plessis, situé jadis au niveau de l’actuel 115 rue Saint-Jacques.
Très ancien collège de l’Université de Paris, créé en 1322, pour accueillir les écoliers pauvres des diocèses de Tours, Saint-Malo, Évreux, Rouen, Sens, Reims.
C’est l’un des dix collèges parisiens de plein exercice de l’Université de Paris, c’est à dire assurant toutes les classes, à savoir : Louis-le-Grand ; Collège du Cardinal Lemoine, des Grassins, d’Harcourt, de La Marche, Lisieux, Montaigu, Navarre, du Plessis, des Quatre-Nations.
Jacques Charles César Formage y entre en classe de sixième et y effectue toute sa scolarité. Après avoir suivi le cours de philosophie, Jacques Charles César Formage est chargé au collège du Plessis de la direction des élèves rhétoriciens.
1770
VERS LATINS CÉLÉBRANT LE MARIAGE DU DAUPHIN LOUIS.
Il s’agit d’une < pièce de circonstance >. D’une poésie pastorale composée, à l’occasion du mariage du Dauphin [In nuptias serenissimi Delphini pastorale carmen] alors que Formage est élève au collège du Plessis [« Offerebat Jacobus-Carolus-Cæsar Formage, auditor in rhetoricâ collegii Sorbonæ-Plessæi »].
Poésie pastorale t que le Conseil de l’Université fait imprimer et afficher dans les douze collèges de son arrondissement.
Vers latins, rédigés à l’occasion du mariage du dauphin Louis-Auguste de France, duc de Berry [futur Louis XVI], petit-fils de Louis XV et de Marie-Antoinette de Hasbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, fille de Marie-Thérèse de Hasbourg et de François 1er de Lorraine. Mariage célébré par l’archevêque de Reims, avec toute la magnificence qui se doit le 16 mai 1770, à la chapelle de Versailles.
« Offerebat Jacobus-Carolus-Cæsar Formage, auditor in rhetoricâ collegii Sorbonæ-Plessæi ».
Bandeau signé « Caron », Caron, Nicolas Caron, [1719-1768], graveur.
Lettrine « T » et cul-de-lampe gravés sur bois.
[Ex typographiâ viduæ Thiboust, Regis, nec-non academiæ Parisiensis typographi, in plateâ Cameracensi. In-4, 4 p., 1770].
1776
AGRÉGATION DE GRAMMAIRE.
En tant que clerc, venant du collège de Lisieux, Jacques Charles César* Formage se présente en 1773, à l’agrégation de Belles-Lettres, dite agrégation de second ordre [l’agrégation de philosophie est dite agrégation de première ordre]. Mais il est refusé.
Trois ans plus tard, en 1776, est reçu à l’agrégation de grammaire, dite agrégation de troisième ordre.
CINQ MÉDAILLES À L’ACADÉMIE DES PALINODS.
L’Académie des Palinods est créée à Rouen à la fin du XV ème siècle, par transformation d’une confrérie religieuse [Confrérie de la conception de Notre-Dame, ou encore Confrérie de l’Immaculée Conception], dédiée à la Vierge Marie, créée à la fin du XI ème siècle, qui devient progressivement une académie littéraire, installée initialement au couvent des Carmes.
Cette académie organise chaque année un concours de poésie récompensant des pièces littéraires aux formes arrêtées : rondeau [poème chanté de treize vers, sur deux rimes], ballade [trois strophes], chant royal [cinq strophes], puis plus tardivement l’ode et le sonnet.
Le terme de Palinod signifie répétition. Ce terme de l’ancien français est formé à partir du grec : πάλιν , pálin « de nouveau » et ᾠδή , ôidế « chant ». Un même vers devant se répéter à la fin de chaque strophe.
1780
PROFESSEUR AU COLLÈGE ROYAL DE ROUEN.
Vraisemblablement autour des années 1780, après avoir été professeur de troisième à Paris au collège du Plessis [1775-1780], Jacques Charles César Formage est professeur au collège royal de Rouen.
En témoigne, conservé à l’état de manuscrit, à la Bibliothèque municipale de Nantes, un < Recueil de thèmes et de sermons, dictés en 1787 au collège de Rouen par le professeur Formage >.
[Manuscrit latin, 88 feuillets in-8, notice CGM n°99, cote MS 99]
1789
VOYAGE POËTIQUE DE ROUEN À PARIS.
Jacques Charles César Formage rédige un Voyage poétique de Rouen à Paris. Plus de cinq cents vers en octosyllabes.
Des fragments en sont lus, en séance publique de l’Académie de Rouen. Et des fragments imprimés dans le Précis analytique des travaux de l’Académie de Rouen pour l’année 1806.
1793
LA CONSTITUTION DE 1793.
Dans la chronologie des évènements marquants de la Révolution française, on passe successivement de la Monarchie absolue à la Monarchie constitutionnelle, avec une première Constitution [3 septembre 1791] ; de la Monarchie constitutionnelle à la République [20 septembre 1792], avec une seconde Constitution [adoptée le 24 juin 1793], dite parfois Constitution de l’an I.
À la suite quasiment immédiate de l’instauration de la République, la Convention nationale [Convention girondine], qui succède à l’Assemblée nationale législative, crée, le 29 septembre 1792, un Comité de la Constitution, chargé de mettre au point un projet à soumettre au vote de la Convention.
Un premier projet est examiné à la mi-février 1793, tandis que plus de trois cents projets sont déposés. Après l’arrestation des Girondins, la Convention Montagnarde accélère le travail de préparation. Finalement le projet élaboré est présenté le 10 juin et adopté le 24 juin 1793 [6 messidor an I].
Soumise à referendum [en juillet], la Constitution est promulguée le 10 août 1793.
C’est à l’intérieur des date extrêmes de ce calendrier que Jacques Charles César Formage, alors professeur d’humanités au collège national de Rouen publie < La Constitution de 1793 reconnue par les Dieux >. Plus précisémment, le poème, de seize pages, est publié à la suite du discours prononcé le 16 septembre 1793, à l’ouverture des classes par Louis Louchet [1753-1815], représentant du Peuple français, député de l’Aveyron, envoyé par la Convention nationale dans les départements de la Seine-Inférieure, et ciconvoisins.
[Rouen : Imprimerie du Journal de Rouen et de la Seine-Inférieure. In-12, 22 p., 1793, An II]. Imprimé par ordre du Conseil général de Seine-Inférieure.
1796
PROFESSEUR À L’ÉCOLE CENTRALE DE SEINE-INFÉRIEURE.
Professeur de Langues anciennes à l’École centrale du département de la Seine-Inférieure [Rouen], installée au commencement de 1796 dans les locaux de l’ancien collège de Rouen et du séminaire de Joyeuse, établissement religieux destiné à l’origine à accueillir des jeunes gens de familles nobles ou riches.
En tant que professeur de Langues anciennes, Jacques Charles César Formage enseigne dans la première section, ouverte aux élèves ayant au minimum douze ans, et recevant, sur deux ans, un triple enseignement : Dessin, assuré par Charles Louis François Le Carpentier [1744-1822] ; Histoire naturelle, assuré par Marie Jules César Lelorgne de Savigny [1777-1851] ; Langues anciennes, assuré par Jacques Charles César Formage [1749-1808].
1798
FABLES CHOISIES MISES EN VERS.
Fables choisies, mises en vers, par le citoyen Formage, Professeur de Langues anciennes à l’École centrale du Département de la Seine-Inférieure, et Membre de la Société d’Émulation et du lycée de Rouen.
[À Paris : chez Barrois l’Aîné, Libraire, rue de Savoie, n°25 ; À Rouen, chez l’Auteur, rue Orbe, n°34 ; Et [à Rouen] Périaux, Imp.-Lib, rue de la Vicomté, n°50. Deux volumes in-8, 308+252 p., An VIII].
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8400391.image
1798
ODE À L’ÉTERNEL.
Jacques Charles César* Formage compose en 1798 une Ode à l’Éternel, composé de sept strophes de quatre alexandrins.
« O père des humains, seul maître de la terre
Du ciel, où ta bonté sourit à nos exploits,
Regarde un peuple armé du glaive de la guerre
Pour imposer silence à la ligue des rois.[…] »
Cette pièce poétique [appelée également Invocation à l’Éternel] est interprétée le 2 pluviôse an VII [21 janvier 1799] à l’occasion de « l’anniversaire de la mort du dernier roi », au cours de la fête organisée par la ville de Rouen.
< Le corps de musique du Théâtre des Arts, sous la direction de Cabousse, l’ex-directeur, chef de musique, a exécuté plusieurs morceaux, et Flery, artiste du théâtre, accompagné par l’orchestere, a chanté l’Invocation à l’Eternel, ode approuvée par l’administration centrale. Les paroles étaient du citoyen Formage, professeur de langues anciennes à l’école centrale, la musique du citoyen Frédéric Thiémié, artiste de Rouen fort distingué, professeur de musique et de piano.
1803
PROFESSEUR DE LATIN AU LYCÉE IMPÉRIAL DE ROUEN.
Après la suppression de l’École centrale, fixée définitivement au 1er fructidor an XI [19 août 1803], Jacques Charles César Formage est nommé l’un des trois professeurs de latin au lycée impérial de Rouen : Jacques Charles César Formage [1749-1808], pour les classes équivalentes à la seconde et à la première ; Ferret, pour les classes équivalentes à la quatrième et à la troisième ; Quidy, ancien censeur du lycée de Bordeaux, pour les classes équivalentes à la sixième et à la cinquième, au lycée impérial de Rouen.
Pierre Adrien Bernard Arrachard [1755-1812] y est professeur de Belles-Lettres, et Germain Meaume [1774-1856], professeur de Mathématiques.
Jacques Charles César Formage sera remplacé au lycée impérial de Rouen, par Delaquèze, dans la classe de deuxième année d’Humanités, nouvelle appellation. Dûe à la réforme de l’enseignement introduite dans l’année 1809-1810, avec, de la classe la plus basse à la classe la plus élevée, les deux classes de Latin, les deux classes d’Humanités, la classe de Rhétorique, et pour couronner le tout la classe de Philosophie.
1804
ACADÉMIE DES SCIENCES, BELLES-LETTRES ET ARTS DE ROUEN.
Membre de l’Académie des Sciences, belles-lettres et arts de Rouen
Adjoint à l’Académie le 27 juin 1804. Cette classe des adjoints, créée par les statuts de 1744, est supprimée par une décision du 13 mars 1805. Jacques Charles César* Formage est confirmé comme membre résident, et le reste jusqu’à son décès en 1808.
1808
ÉLOGE DE JACQUES CHARLES CÉSAR FORMAGE.
Jacques Charles César Formage décède le 11 septembre 1808, à Rouen, dans sa cinquante huitième année.
Son éloge est prononcé par l’abbé Nicolas Bignon [1759-1848], ancien professeur de Grammaire générale à l’École centrale du département de la Seine-Inférieure, sous forme d’une Notice biographique lue à l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen.
1823
GRESSET, IMITATION EN VERS LATIN.
Paraît, posthume en 1823, une < imitation en latin > du Carême impromptu de Gresset.
L’auteur dramatique Jean Baptiste Louis Gresset [1709-1777], de l’Académie française [1748] avait laissé un nom dans l’histoire de la poèsie badine avec le poème Vert-Vert, ou les Voyages du perroquet de Nevers, publié en 1734. Cette même année il avait composé d’autres poèmes, dont l’un, d’une huitaine de pages, en octosyllabe, est intitulé : Le Carême in-promptu, qui paraît l’année suivante en 1735, dans un livre rassemblant deux textes : Le Caresme in-promptu, et le Lutrin vivant, poëmes par l’auteur de « Ver-Vert » [A Amsterdam. M. DCC. XXXV].
Un autre tirage paraît la même année, avec une modification < par l’auteur de « Vert-Vert » > et un autre lieu < Au Lutrin vivant >.
Jacques Charles César Formage compose une traduction en latin [appelée simplement par Formage < Imitation >] du Carême impromptu de Gresset.
Le texte paraît posthume, en 1823, sous le titre : Le Carême impromtu de Gresset, imité en vers latins par M. le Professeur Formage. Imprimé par Ernest Panckoucke dans l’imprimerie de son père.
[Paris : Imprimerie de C. L. F. Panckoucke. In-12, 18 p., 1823].
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k61247420.r=Jacques%20Charles%20C%C3%A9sar%20Formage?rk=42918;4
L’opuscule, dans une première partie [pages 5-12] donne à nouveau le texte du poème de Jean Baptiste Louis Gresset.
Dans une deuxième partie [pages 15-18] l’opuscule propose le texte de l’imitation en latin.
MÉMOIRES DE L’ACADÉMIE DES PALINODS.
Jacques Charles César Formage est l’auteur de plusieurs opuscules insérés dans les Mémoires de l’Académie des Palinods :
Traité sur l’intelligence de la mythologie.
Traduction en prose des Métamorphoses d’Ovide [en manuscrit] 1805
In pestem, quoe Rothomugo incubuit.
Poème latin sur la peste qui a ravagé la ville de Rouen dans la XVII ème siècle.
Publié dans le Recueil des pièces lues dans les séances publiques de l’Académie de l’Immaculée conception. Années 1776-1781. [Rouen : Le Boucher. In-8, pp. 187-190. 1784].
Discours sur la réunion de la Normandie à la couronne de France, et la constante fidélité de cette province à ses rois comme à ses ducs.
Discours couronné en 1781.
Lecture de le Traduction libre du Miserere [1805].
Traité d’Amiens, pièce en vers [1805].
Pièce en vers libres imitée de l’anglais : L’Écueil de l’innocence
SOURCES.
Notice biographique. Par Nicolas Bignon [1759-1848], ancien professeur de seconde et principal du collège de Rouen, et ex-Professeur de Grammaire générale à l’École centrale du département de Seine-Inférieure.
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5471854h/f108.image.r=Formage?rk=21459;2
- https://data.bnf.fr/15719181/jacques-charles-cesar_formage/
- https://gallica.bnf.fr/services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&startRecord=0&maximumRecords=15&page=1&collapsing=disabled&query=arkPress%20all%20%22cb34437660f_date%22%20and%20%28gallica%20all%20%22Formage%22%29
- https://books.openedition.org/purh/6489?lang=frautour%20de%20Rouen.