Acteur d'une période historique aux régimes politiques nettement contrastés, de la République à la Monarchie constitutionnelle, Charles Pierre Fradin poursuit une carrière universitaire fortement diversifiée. École centrale de département, Lycée, Faculté de Lettres et Faculté de Droit, reçoivent successivement, à Poitiers, sur plus de cinquante ans, ses enseignements d'histoire, de latin, et enfin de Droit romain.
Charles Pierre Fradin [1769-1846]. Né le 30 avril 1769, à Lusignan [Poitou, aujourd'hui département de la Vienne] ; mort le 2 avril 1846, à Poitiers [Vienne].
Après des études de droit, dans l'ancienne Faculté de Droit de Poitiers, devient avocat et se présente au doctorat en droit.
1789. DOCTORAT EN DROIT.
Charles Pierre Fradin, alors dans sa vingtième année, devient docteur en droit [Poitiers, 1789], à la Faculté de Droit de Poitiers, avec une thèse : Du Mandat, du cautionnement et du nantissement.
Éditée à Paris : [Paris : Imprimerie de E. Pochart. In-4, 20 p., s.-d.].
1790. FRADIN « DÉFENSEUR OFFICIEUX ».
La loi sur l'organisation judiciaire des 16-24 août 1790 réforme profondément l'institution judiciaire. Et c'est dans le cadre de la suppression des corporatismes qu'est pris le décret des 2-11 septembre 1790 prévoyant, dans son article 10 : « Les hommes de loi, ci-devant appelés avocats, ne devant former ni ordre, ni corporation, n'auront aucun costume particulier dans leur fonction ».
C'est dans cette situation qui perdure jusqu'au 14 décembre 1810 [rétablissement de l'Ordre] que Charles Pierre Fradin, compte tenu de ses connaissances juridiques, exerce la fonction reconnue de « défenseur officieux ».
Puis après cette date s'inscrit au barreau et devient officiellement avocat.
1791. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU COLLÈGE DE POITIERS.
Charles Pierre Fradin est nommé, le 21 janvier 1791, par un arrêté du Directoire du département de la Vienne, professeur de philosophie au collège de Poitiers [ancien collège de Sainte-Marthe].
1793. PROCUREUR SYNDIC DU DISTRICT DE POITIERS.
La fonction de procureur syndic, premier fonctionnaire à l'échelle du district [échelle inférieure au département], élu pour quatre ans au scrutin individuel, ayant voix consultative, représentant à la fois les intérêts de l'autorité centrale et ceux de la communauté locale, est créée en décembre 1789.
Cependant, à Poitiers, en septembre 1793, le Président, les membres du Directoire, l'administrateur du département, le procureur syndic sont démis de leurs fonctions. C'est à la suite de ces mesures que Charles Pierre Fradin « professeur » remplace Jacques Gilbert Moreau, l'ancien procureur syndic, nommé en janvier 1792.
Charles Pierre Fradin reste deux ans dans cette fonction de procureur syndic, supprimée et remplacée par celle de Commissaire du Directoire, créée le 5 fructidor an III [22 août 1795].
1795. ÉCOLES CENTRALES ET ENSEIGNEMENTS DES ÉCOLES CENTRALES.
La plupart des structures d'enseignement ont étés abolies par la Révolution, notamment avec la loi du 18 août 1792, qui supprime les Congrégations religieuses séculières, et notamment la Congrégation de l'Oratoire qui joue de longue date un rôle prépondérant dans l'enseignement, rôle encore accru depuis l'expulsion des Jésuites en 1762. Dès lors, la Convention, à la suite de longues discussions, met en place une nouvelle organisation pour l'instruction publique.
Ainsi les Écoles centrales sont-elles créées, à la suite du rapport de Pierre Claude François Daunou [1761-1840]. Son projet de loi adopté est promulgué par le décret de la Convention, en date du 3 brumaire an IV [25 octobre 1795] portant sur l’organisation de l’instruction publique.
Le titre I porte sur les écoles primaires ; le titre II porte sur les écoles centrales ; le titre III porte sur les écoles spéciales.
L’article 1er stipule qu’il sera établi une école centrale par département.
Conformément à ce décret, l’enseignement dans les Ecoles centrales est divisé en trois sections :
Une première section, s’adressant à des élèves de douze ans révolus, comprenant sur deux ans, les cours de Dessin ; d’Histoire naturelle ; de Langues anciennes ; de Langues vivantes.
Une seconde section, s’adressant à des élèves de quatorze ans, comprenant sur deux ans, les cours de Mathématiques ; de Physique et de Chimie expérimentale.
Une troisième section, s’adressant à des élèves de seize ans, comprenant sur deux ans, les cours de Grammaire générale, de Belles-Lettres ; d'Histoire ; de Législation.
1795. TITULAIRE DE LA CHAIRE D'HISTOIRE DE L'ÉCOLE CENTRALE DE LA VIENNE.
C'est dans ce cadre général que Charles Pierre Fradin est chargé, auprès de l'École centrale du département de la Vienne, établie à Poitiers, et ouverte le 13 thermidor an III [31 juillet 1795], de l'enseignement d'Histoire, aux élèves de la troisième section, s’adressant à des élèves de seize ans et plus.
L'administration centrale commence par refuser sa nomination comme professeur d'Histoire, car il est suspecté de « terrorisme ». Puis elle finit par accepter sa nomination.
Charles Pierre Fradin est alors définitivement nommé titulaire de la chaire d'Histoire à l'École centrale du département de la Vienne le 27 vendémiaire an IV [17 octobre 1795]. Il y reste théoriquement en poste jusqu'à la fermeture de l'École fixée définitivement au 1er floréal an XII [21 avril 1804].
LES PROFESSEURS DE L'ÉCOLE CENTRALE DE LA VIENNE.
Les premiers professeurs, dont certains seront ultérieurement remplacés, de l'École centrale de la Vienne sont :
Pour la première section [élèves de douze ans] : Joseph Marie Vien [1761-1848], pour le Dessin ; Chauveau pour l'Histoire naturelle ; Louis Baupré, pour les Langues anciennes.
Pour la deuxième section [élèves de quatorze ans] : Louis Frémont, pour les mathématiques ; Pierre Couteault [1769-1827], pour la Physique expérimentale.
Pour la troisième section [élèves de seize ans] : François Sauger-Préneuf [1770-1865], pour la Grammaire générale ; Honoré Pontois, pour les Belles-Lettres ; Charles Pierre Fradin [1769-1846], pour l'Histoire ; Hiérosme Bonaventure Gibault [1761-1834], pour la Législation.
Hugues Mazet [1743-1817] est le Bibliothécaire.
1802. CRÉATION DU LYCÉE DE POITIERS.
Mais, autour des années 1800, par la volonté du pouvoir politique, désireux de centralisation, les Écoles centrales, souvent décriées pour leur irréligiosité, sont condamnées à disparaître.
C'est dans la cadre de la loi générale sur l'Instruction publique, du 1er mai 1802, que sont pris successivement, à partir d'octobre 1802, plusieurs arrêtés de Napoléon, Premier Consul, ordonnant l'établissement des lycées, dans une quarantaine de villes des territoires français et occupés.
Le lycée de Poitiers est fondé par le décret du 16 floréal an XI [6 mai 1803]. Par ce seul décret sont créés dix-huit lycées : Alexandrie ; Amiens ; Angers ; Bourges ; Caen ; Cahors ; Dijon ; Grenoble ; Liège ; Limoges ; Metz ; Montpellier ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Reims ; Toulouse.
D'une part, la suppression de l'École centrale de Poitiers, est fixée définitivement au 1er floréal an XII [21 avril 1804]
D'autre part, le lycée de Poitiers est placé, selon l'arrêté du 16 floréal an XI, dans les bâtiments réunis du collège [ancien collège Sainte-Marthe] et du Puy-Garreau Il a été ouvert le 17 mai 1804.
Charles Pierre Fradin y est nommé professeur en deuxième année de latin.
LES PREMIERS ENSEIGNEMENTS AU LYCÉE DE POITIERS.
A son ouverture, au deuxième trimestre de l'année 1804, organisée par les deux inspecteurs généraux, Raymond Despaulx [1726-1818] et Louis Domairon [1745-1807], le lycée de Poitiers compte environ deux cents élèves.
Les élèves sont recrutés, comme cela se produit sur l'ensemble du territoire, à partir des effectifs rapatriés des Écoles centrales. Ainsi, selon l'arrêté numéro 2924, du 16 floréal an XI* [6 mai 1803], paru dans le Bulletin des Lois, numéro 296, 28 élèves seront fournis par la Vienne [Poitiers], 30 élèves seront fournis par la Vendée [Luçon] ; 44 élèves seront fournis par la Charente-Inférieure [Saintes] ; 26 élèves seront fournis par les Deux-Sèvres [Niort] ; 30 élèves provenant du Prytanée seront désignés par le ministre de l'Intérieur.
L'effectif atteindra environ trois cents élèves en 1830.
Alors que Louis Brault [1743-1830] est proviseur ; Jean Pierre Bernard [1767-1851], censeur des études ; Jacques Chevallier [1753-après 1813], ancien recteur de l'Université de Poitiers, procureur gérant ; les premiers enseignants sont désignés.
En ordre croissant des classes, pour les mathématiques : Pierre Deméré ; Louis Boubée de Lespin [1778-1857] ; l'abbé Jean Louis Bernardeau [1762-1829], qui sera plus tard professeur de philosophie.
En ordre croissant des classes, pour les lettres : en latin, l'abbé Joseph Ricque [1761-1829], ancien régent du collège Sainte-Marthe ; Odezenne ; Charles Pierre Fradin [1769-1846]. Et Jacques Philippe Bernardy [1758-1836] pour les Belles-Lettres.
Cette structure d'enseignement fonctionne de 1804/1805 à 1809/1810.
1804. TRADUCTION DU LATIN EN FRANÇAIS DE POMPONIUS MELA.
Charles Pierre Fradin publie en 1804, en trois forts volumes, une édition bilingue [latin-français], enrichie de nombreuses notes géographiques et historiques, du géographe romain Pomponius Mela, du premier siècle de l'ère chrétienne, sans doute originaire de l'Hispania Baetica [actuel sud de l'Espagne], et de la famille de Sénèque.
L'ouvrage [«Cosmographia, sive de Situ orbis » ; ou encore Chorographia, selon la forme internationale latin], publié en trois livres, est également connu sous le nom « De Situ orbis », traduit généralement par Description de la Terre.
L'ouvrage avait été édité une première fois en 1471 [édition de Milan]. Parmi de très nombreuses autres éditions, une cinquantaine, celle d'Abraham Gronovius [1695-1775], éditée à Leyde [Pays-Bas] en 1722 chez l'imprimeur-libraire Samuel Luchtmans est la plus estimée par Charles Pierre Fradin.
Sa description du monde connu est antérieure à celle que donnera Pline l'Ancien [23-79] dans les livres III-VI de son Histoire naturelle.
Pomponius Mela, traduit en français, sur l'édition d'Abraham Gronovius, le texte vis-a-vis la traduction , avec des Notes critiques, géographiques et historiques, qui ont pour objet de faciliter l'intelligence du texte et de justifier la traduction ; de mettre en parallèle les opinions des Anciens sur les principaux points de Géographie, de Chronologie et d'Histoire, et de présenter un système complet de Géographie comparée. Par C.- P. Fradin, Professeur de Géographie et d'Histoire à l'École centrale du département de la Vienne, membre de l'Athénée et de la Société d'Émulation de Poitiers. [A Paris : chez Ch. Pougens, quai Voltaire, numéro 10. ; A Poitiers : chez E.-P.-J. Catineau, rue de la Commune. Trois volumes in-8, III-XXIV-492+621+471 pp., an XII-1804]. Épître dédicatoire : « A l'Athénée de Poitiers ». Avertissement. Notes.
Deux cartes hors texte, gravées par P. Duflos.
Les notes très abondantes, chapitre par chapitre, vont pour le tome I, 480 notes, de la page 179 à la page 492 ; pour le tome II, 476 notes de la page 211 à la page 621 ; pour le tome III, 221 notes de la page 201 à la page 383.
Le tome III contient un Index [des mots latins], une Table des matières, une liste des Fautes à corriger.
Numérisé : Gallica BNF.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6529663b
En 1827, soit plus de vingt-deux ans plus tard, Charles Pierre Fradin fera paraître une seconde édition de sa traduction de Pomponius Mela.
Une édition, publiée en 1843, chez Panckoucke, par Louis Baudet [1804-1862], professeur au collège Stanislas, sous le titre Géographie de Pomponius Mela est également accessible par Internet : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/mela/table.htm
Les Belles-Lettres, dans la Collection des Universités de France, ont publié en 1988 : Pomponius Mela, Chorographie. Texte établi, traduit et annoté par A. Silberman.
SOCIÉTÉS SAVANTES ET ATHÉNÉE DE POITIERS.
Après la Révolution, plusieurs sociétés savantes se partagent la vie intellectuelle de Poitiers : un Lycée des Sciences et des Arts, de 1797 à 1802 ; l'Athénée de Poitiers, de 1803 à 1806 ; une Société des Sciences et des Arts, continuant expressément l'Athénée, entre 1808 et 1810.
Charles Pierre Fradin est membre l'Athénée de Poitiers, dont Louis Brault [1743-1830], le proviseur du Lycée, est président.
Il y est fait, le 11 fructidor an XII [29 août 1804], par Dassier, un compte rendu élogieux de sa traduction de Pomponius Mella.
1806. PROFESSEUR SUPPLÉANT À LA FACULTÉ DE DROIT DE POITIERS.
À la suite de la réorganisation des Écoles de Droit, entérinée par la loi du 22 ventôse an XII [13 mars 1804], douze Facultés sont désignées : Aix ; Bruxelles ; Caen ; Coblentz ; Dijon ; Grenoble ; Paris ; Poitiers ; Rennes ; Strasbourg ; Toulouse.
C'est dans ce cadre que « l'École de Droit » de Poitiers, installée dans l'ancienne aumônerie Notre-Dame [Hôtel-Dieu], est créée en 1806, et ouverte le 23 juin, puis prend le nom de Faculté en 1808.
Charles Pierre Fradin, y est nommé, le 1er mars 1806, par décret impérial, professeur suppléant.
L'enseignement de toutes les Facultés de Droit se compose alors de trois grandes matières : le Droit romain [enseigné en latin] ; le code Napoléon [après 1815 : Code civil] ; la Procédure et Législation criminelle.
Conformément à cette structure, à Poitiers l'enseignement de Droit romain est assuré par Louis Marguerite Aimé Allard [1750-1827], en même temps directeur de la Faculté, puis ultérieurement doyen ; le Code Napoléon par trois enseignants : Louis Guillemot [1760-1844] ; l'abbé Hiérome Bonaventure Gibault [1763-1834], ancien professeur à l'École centrale et futur bibliothécaire de la ville ; Joseph René Gennet [1750-1834] ; la Procédure et la Législation criminelle par Thomas Métivier [1772-1820], ancien professeur de Législation à l'École centrale de Charente-Inférieure [Saintes].
Pierre Boncenne [1775-1840], qui deviendra professeur de Procédure et Législation criminelle en juin 1822, et doyen de la Faculté en 1829, est le premier suppléant ; Charles Pierre Fradin [1769-1846], qui deviendra en juillet 1829 professeur de Droit romain, est le second suppléant.
Les nominations ont eu lieu sur la présentation de l'Inspecteur général chargé de l'inspection de l'École de droit de Poitiers, aux termes de la loi du 22 ventôse an XII.
1809. PROFESSEUR D'HUMANITÉS AU LYCÉE IMPÉRIAL DE POITIERS.
Entre temps, après décembre 1804, le lycée de Poitiers a pris l'appellation de Lycée Impérial.
A la rentrée scolaire de l'année 1809/1810, comme dans tous les autres lycées, une nouvelle définition des matières est mise en place.
En ordre croissant des classes, pour les mathématiques : en mathématiques élémentaires, Ganivet-Delisle ; en mathématiques spéciales : Pierre Déméré ; non encore nommé en mathématiques transcendantes. Pierre Coulteault [1769-1827] est enseignant en sciences physiques
En ordre croissant des classes, pour les lettres : en grammaire, première année, Beauvais ; non encore nommé en grammaire deuxième année ; en humanités première année : Odezerne ; en humanités deuxième année : Charles Pierre Fradin [1769-1846] ; en rhétorique : Jacques Philippe Bernardy [1758-1836], ancien professeur à l'École centrale de la Charente [Angoulême].
Enfin en philosophie : Jean Louis Bernardeau [1762-1829].
1809-1815. PROFESSEUR D'HISTOIRE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE POITIERS.
Dans le cadre de l'organisation de l'Université impériale, une Faculté de Lettres est créée à Poitiers, avec, comme dans toutes les Facultés de Lettres, quatre chaires.
Dans l'ordre canonique : une chaire de Philosophie : abbé Eloy de Bellissens [1758-1834] ; une chaire de Littérature latine : Charles Creuzé des Chateliers [1764-1846] ; une chaire de Littérature française : Jacques Philippe Bernardy [1758-1836] ; une chaire d'Histoire : Charles Pierre Fradin [1769-1846], qui y est nommé comme chargé de cours le 20 juillet 1809.
1809. SECRÉTAIRE DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
En même temps que lui est attribuée la chaire de Littérature latine, Charles Creuzé des Chateliers est nommé Doyen de la Faculté des Lettres.
Charles Pierre Fradin remplit auprès de lui les fonctions de secrétaire de la Faculté
A la suppression de la Faculté des Lettres [octobre 1815], Charles Creuzé des Chateliers est nommé l'un des deux inspecteurs de l'académie de Poitiers [1816-1836], auprès de Louis François Marie de La Liborlière [1774-1847], recteur [7 septembre 1815-9 octobre 1830], puis auprès de l’abbé Maurice Ranc [1764-1842].
1815. SUPPRESSION DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
En effet, un arrêté de la Commission royale de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816, décide de la suppression de Facultés au sein de dix-sept académies : Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen.
A Poitiers, la Faculté des Lettres est supprimée ; la Faculté de Droit est maintenue.
La Faculté des Lettres de Poitiers sera rétablie, presque trente ans plus tard, par l’ordonnance royale du 8 octobre 1845.
1816. ÉCARTÉ DE TOUT ENSEIGNEMENT À POITIERS.
La Faculté des Lettres étant supprimée, Charles Pierre Fradin y perd son emploi.
Mais, en même temps, avec la Restauration, suspecté de « bonapartisme », Charles Pierre Fradin est écarté à ce titre de la Faculté de Droit le 27 avril 1816, et y perd son emploi de professeur suppléant, où il avait été nommé le 1er mai 1806. Pierre Boncenne [1775-1840] reste en titre le seul suppléant.
Au collège de Poitiers, il n'est plus professeur de seconde, poste qu'il avait encore en 1814/1815, puisque la chaire est désormais confiée à Alphonse Jean Ducasau [1793-1838], qui remplace Charles Pierre Fradin depuis septembre 1815.
Aussi Charles Pierre Fradin, qui a perdu toutes ses fonctions enseignantes, sollicite-t'il sa mise à la retraite, qui lui est accordée.
1817. RÉINTÉGRÉ À LA FACULTÉ DE DROIT.
A la demande de ses anciens collègues, alors que Joseph René Gennet [1750-1834] est devenu doyen de la Faculté depuis le 30 mai 1816, Charles Pierre Fradin est réintégré le 26 août 1817, à la Faculté de Droit de Poitiers, à nouveau comme suppléant, aux côtés de Pierre Boncenne.
Charles Pierre Fradin est en poste comme professeur suppléant jusqu'au 25 juillet 1829, date de sa nomination, après concours, comme professeur titulaire à Poitiers.
1816-1823. LES DISPOSITIONS ÉLECTORALES DE LA DEUXIÈME LÉGISLATURE.
Après la suspension en avril, puis la dissolution le 5 septembre 1816 de la première « Chambre des députés des départements » mise en place par la seconde Restauration [première législature du 7 octobre 1815 au 5 septembre 1816], une seconde législature doit s'ouvrir le 4 novembre 1816 ; elle sera clôturée le 24 décembre 1823.
Les dispositions électorales initiales pour cette seconde législature prévoient une élection des députés pour cinq ans, renouvelés par cinquième chaque année.
Les « éligibles » sont des hommes, âgés d'au moins quarante ans, payant une contribution directe égale ou supérieure à 1 000 francs.
Les « électeurs » sont des hommes, âgés d'au moins 30 ans, payant une contribution directe égale ou supérieure à 300 francs.
Les élections, des deux cent cinquante huit députés, sont à deux degrés : au niveau de collèges d'arrondissement, et au niveau de collèges de départements.
Ces dispositions sont modifiées à plusieurs reprises : par la loi du 5 février 1817, dite Loi Laîné, avec cette fois le vote direct par un seul collège électoral, réuni au chef-lieu du département ; système qui a la faveur des libéraux face aux ultras.
Par la loi du 29 juin 1820, avec à nouveau des élections à deux degrés, favorables cette fois aux ultras. Et surtout le double vote, les électeurs les plus riches votant deux fois. Le nombre des députés est porté à 430 : 258 élus par les collèges d' arrondissement ; 172 élus par les collèges de département.
Par la loi du 26 mai 1821, avec un découpage du territoire en 247 collèges d'arrondissements, alors que la France comporte 362 arrondissements administratifs.
1819. DÉPUTÉ DU DÉPARTEMENT DE LA VIENNE.
Charles Pierre Fradin, alors dans sa cinquantième année est élu, le 11 septembre 1819, au cours de cette première législature, comme député du département de la Vienne « de la troisième série » ainsi que Marc Jean Demarçay [1772-1839].
Mais l'état de santé Charles Pierre Fradin, qui l'obligea à solliciter des congés, ne lui permit que de siéger au cours de la session de 1819/1820, ouverte le lundi 29 novembre 1819 et clôturée le 22 juillet 1820.
Prenant place à gauche, il assiste et parfois intervient dans un certain nombre de débats.
• Tout d'abord aux débats tumultueux du 6 décembre 1819, concernant la question de l'admission de l'abbé Grégoire. Charles Pierre Fradin vote pour qu'on écarte de l'examen de l'élection de l'abbé Grégoire le motif d'indignité, en tant que régicide.
• Le 19 janvier 1820, appuie par des considérations tirées de la morale, du droit romain et de notre ancien droit une pétition qui demandait la suppression des droits de mutation en ligne directe.
• Le 9 février Charles Pierre Fradin, dans la discussion de la loi du 12 mars 1820 sur la libération des différentes classes d'acquéreurs des domaines de l'État établit la distinction entre acquéreurs des biens nationaux et détenteurs des des domaines engagés.
• Publie son « opinion » du 2 mars 1820 : Opinion de M. Fradin […] sur l'étendue du droit de pétition consacré par l'article 53 de la Charte constitutionnelle [Paris : imprimerie de Mme Jeunehomme-Cremière. In-8, 12 p., s.-d.].
• Le 11 mars, Charles Pierre Fradin vote contre la projet de loi suspensive de la liberté individuelle, comme inutile et dangereux ; et souhaite, si pourtant il est adopté, qu'il soit adouci par les amendements de Jean de Courvoisier [1775-1835], député du Doubs. Publie son « opinion » : Opinion de M. Fradin […] sur le projet de loi relatif à la liberté individuelle [Paris : imprimerie de Mme Jeunehomme-Cremière. In-8, 11 p., s.-d.].
• Le 29 mars Charles Pierre Fradin vote contre les articles 6 et 7 du projet de loi relatif à la censure.
• De même publie son « opinion » exprimée dans la séance du 26 juin 1820 : Opinion de M. Fradin […] sur le budget du ministère des Finances, chapitre II [Paris : imprimerie de Hacquart. In-8, 27 p., s.-d.].
• Dans la séance du 4 juillet 1820 Charles Pierre Fradin, dans le cadre de la discussion sur les droits d'enregistrement, propose des amendements, visant à percevoir ces droits préalablement et directement chez les producteurs. Mis aux voix, ils sont rejetés.
Charles Pierre Fradin siège à la Chambre des députés du département jusqu'au 9 mai 1823. Notons que la Chambre sera dissoute par ordonnance royale le 24 décembre 1823, ouvrant une troisième législature, du 23 mars 1824 au 5 novembre 1827.
1827. DEUXIÈME ÉDITION DE POMPONIUS MELA.
En janvier 1827, Charles Pierre Fradin fait paraître à l'identique une deuxième édition de Pomponius Mela.
Sont modifiés les titres de l'auteur : C.- P. Fradin, Ex-Député du département de la Vienne, Professeur adjoint à la Faculté de Droit de Poitiers.
Modifié le nom de l'éditeur : [Paris : A la Librairie de Brissot-Thivars et Cie ; Rue de l'Abbaye, n° 14. 1827].
Avec un Avertissement des éditeurs pour cette deuxième édition. La dédicace de Charles Pierre Fradin à l'Athénée de Poitiers est maintenue.
Numérisé : Hathi Trust.
https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=njp.32101073028985;view=1up;seq=9
1829. NOMINATION COMME PROFESSEUR DE DROIT ROMAIN.
En 1829, les enseignement de la Faculté de Droit de Poitiers se répartissent de la façon suivante :
La chaire de Droit romain est vacante depuis le 13 janvier 1827, date du décès de Louis Marguerite Aimé Allard [1750-1827], titulaire depuis 1806. L'enseignement est assuré par intérim par Charles Pierre Fradin.
L'enseignement du Code Civil [anciennement Code Napoléon] est assuré par trois enseignants : Louis Guillemot [1760-1844] ; Hiérome Bonaventure Gibault [1763-1834] ; Joseph René Gennet [1750-1834].
La Procédure et la Législation criminelle sont enseignées, depuis le 24 juin 1822, par Pierre Boncenne [1775-1840], anciennement suppléant.
Le Code de Commerce, matière nouvelle, est enseigné, depuis 1824, par Victor Bécanne [1791-1854].
Charles Pierre Fradin [1769-1846] est le premier suppléant. Émile Foucart [1799-1860], qui deviendra doyen en 1840, est le second suppléant, nommé récemment sur concours après le 5 juille