Taranget, André (1752-1837), soigner, enseigner, diriger, itinéraires croisés

Hésitant à propos de sa vocation religieuse, écarté d’une carrière politique, volontairement médecin, et même professeur de médecine, André Taranget se fait aussi un nom comme doyen de la Faculté des Lettres de Douai, et recteur d’académie.

André [Étienne Louis] Taranget [1752-1837]. Né le 2 août 1752, à la Citadelle de Lille [Flandre. Aujourd’hui département du Nord] ; mort le 26 août 1837, à Douai [Nord].

Études secondaires au collège d’Arras.

S’oriente vers la prêtrise et reçoit au séminaire un enseignement de théologie.
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Puis opte finalement pour des études médicales à la Faculté de Médecine de Douai [Nord].

1782
DOCTEUR EN MÉDECINE.
Licencié en médecine [1777]. Docteur en médecine le 2 mai 1782, avec deux thèses en latin : Dissertatio physiologica de succorum excrementitiorum excretione, et precipue de insensibili transpiratione ; et Dissertatio medica de Variolis [Duaci : ex typis Willerval. 1782].

Enseigne la physiologie, comme professeur royal, à l’Université de Douai, dans la chaire de physiologie, de 1782 jusqu’en 1792.
Démis de ses fonctions de professeur, en 1792, pour avoir refusé de prêter le serment dit serment de < liberté-égalité > [Je jure d’être fidèle à la Nation et de maintenir la liberté et l’égalité ou de mourir en les défendant].

Auteur de nombreux mémoires sur des maladies observées dans le Nord : rédige en 1802-1803 un ouvrage demeuré manuscrit : L’histoire médicale du département du Nord dans ses rapports avec le climat, les mœurs, les usages et le régime des habitants.

1793
MÉDECIN DE L’HÔPITAL MILITAIRE.
Mais, en nivôse an II [décembre 1793] est chargé de remplir les fonctions de médecin de l’hôpital militaire, alors que se propage dans la région de Douai une épidémie de typhus. Atteint par l’épidémie, André Taranget en réchappe.
André Taranget reprend l’enseignement de la médecine qu’il assure jusu’en 1797, date de son élection au Conseil des Cinq-Cents.

1796
MEMBRE DU JURY D’INSTRUCTION POUR LE DÉPARTEMENT DU NORD.
Lors de la création des Écoles centrales, dans la période 1795/1796, il est prévu un moment de créer, pour le département du Nord, trois Écoles centrales, à Cambrai, à Maubeuge et à Lille. Dans chacune de ces écoles il était prévu une chaire d’hygiène. André Taranget est nommé simultanément dans ces trois chaires.
Mais seule sera créée, pour le département du Nord, une École centrale à Lille. Et, dans le schéma final des enseignements, aucune chaire d’hygiène n’est établie.

André Taranget est cependant désigné pour faire partie du Jury central d’enseignement chargé d’examiner et de nommer les différents professeurs de l’École Centrale pour le Département établie à Lille.

1797
ÉLU MEMBRE DU CONSEIL DES CINQ-CENTS.
Le Conseil des Cinq-Cents est, avec le Conseil des Anciens, l’une des deux assemblées du Corps législatif du Directoire.
Le Conseil des Cinq-Cents est l’assemblée chargée, par le vote de résolutions, de présenter des textes au Conseil des Anciens, ce dernier les transformant ou non en lois.
Établi par la Constitution de l’an III, le Conseil des Anciens fonctionne du 27 octobre 1795 au 26 décembre 1799.
Ses membres, âgés de plus de trente ans, sont élus pour trois ans, renouvelables par tiers tous les ans.

André Taranget est élu, le 23 germinal au V [12 avril 1797], au suffrage censitaire indirect, l’un des députés du Nord au Conseil des Cinq-Cents, pour faire partie du nouveau tiers. Comme tous les membres du Conseil des Cinq-Cents, il est élu au deuxième degré par une assemblée électorale réunie au chef-lieu du département [Douai] et composée d’électeurs nommés par une assemblée primaire.

André Taranget est élu au Conseil des Cinq-Cents par 346 voix sur 402 votants.

1797
« FRUCTIDORISÉ » APRÈS LE 4 SEPTEMBRE 1797.
Partisan des modérés, il est « fructidorisé », c’est à dire exclu du Conseil des Cinq- Cents au 18 fructidor an V [4 septembre 1797], à la suite du coup d’État contre les royalistes devenus majoritaires au Conseil des Cinq-Cents et au Conseil des Anciens, à l’occasion des élections législatives de mars et avril 1797.

1809
PROFESSEUR DE LITTÉRATURE FRANÇAISE À LA FACULTÉ DE DOUAI.
André Taranget est nommé en 1809, Professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Douai.

Comme l’ensemble des Facultés, mises en place dans le cadre de l’Université impériale, la Faculté des Lettres de Douai est créée avec cinq chaires : Philosophie, avec Jean Baptiste Delétoille [1761-1844] ; Littérature ancienne, dont le titulaire n’est pas nommé immédiatement, mais dont la chaire sera finalement confiée en 1814 à André Taranget [1752-1837] ; Littérature latine, avec Didier Thirion [1763-1815] ; Littérature française, avec André Taranget [1752-1837] ; Histoire, avec Antoine Seryès [1755-1829], censeur des études au lycée de Douai, et qui est en même temps secrétaire de l’académie.

André Taranget est également nommé le 26 août 1809 le premier doyen de la Faculté.

En 1814, André Taranget quitte nominativement la chaire de Littérature française. Il est suppléé depuis 1810 par Charles Agnant [1760-1850] en poste jusqu’au 31 octobre 1815, date de la suppression de la Faculté des Lettres.
À partir de 1814, André Taranget est nommé professeur dans la chaire de Littérature ancienne, qui jusqu’alors, n’avait pas encore reçu d’affectation.

1809
LA CRÉATION DES RECTORATS.
Les académies sont créées par le décret impérial du 17 mars 1808, en application de la loi du 10 mai 1806 organisant l’Université impériale.
L’Université est composée d’autant d’académies [formées d’un regroupement de départements] qu’il y a de Cours d’Appel.

Une nouvelle fonction administrative est créée : celle de recteur. C’est un agent majeur dans l’affirmation des prérogatives de l’État en matière d’enseignement, travaillant avec l’aide d’inspecteurs « particuliers », les inspecteurs d’académie.
Le recteur est défini comme le représentant direct du Grand-Maître au sein de son ressort géographique spécifique, l’académie. 

C’est au cours de l’année 1809, que sont nommés la plupart des recteurs, à la tête de chaque académie. Le recteur a sous sa dépendance les fonctions d’administration et d’enseignement ; il contrôle la gestion financière des établissements ; veille à la moralité et à la discipline. Il est aidé dans sa tâche par deux inspecteurs d’Académie. Il préside le Conseil académique composé de dix membres, nommés par arrêté du Grand-Maître.

Une première vague de nominations a lieu par décret du 10 mars 1809 : André Alexandre d’Eymar [1754-1840], pour l’académie d’Aix ; Clément Joseph Duquesnoy [1750-1824], pour l’académie de Metz ; l’abbé Dominique Eliçagaray [1758-1822], pour l’académie de Pau ; Pierre Jacotot [1756-1821], pour l’académie de Dijon ; Jacques Benoît Pal [1754-1830], pour l’académie de Grenoble ; Pierre Chaudru de Raynal [1768-1849], pour l’académie de Bourges ; Jean Luc Ferry de Saint Constant [1755-1830], [alias Giovani Ferri], pour l’académie d’Angers ; Vacher de Tournemine [1755-1840], pour l’académie de Clermont ; etc.

Une seconde vague de nominations de recteurs, portant sur quinze recteurs, est effectuée le 24 août 1809 par Louis de Fontanes, Grand-Maître de l’Université, et désignant Pierre Robert Alexandre [1741-1819], pour l’académie de Caen ; l’abbé Éloy Bellissens [1758-1834], pour l’académie de Poitiers ; Louis Nompère de Champagny [1757-1827], pour l’académie de Lyon ; l’abbé Edmé Georges de Champeaux [1761-1830], pour l’académie d’Orléans ; Charles Louis Dumas [1765-1813], pour l’académie de Montpellier ; Louis Urbain de Maussion [1765-1831], pour l’académie d’Amiens ; Jean Jacques Ordinaire [1770-1843], pour l’académie de Besançon ; Nicolas Rémy Paulin [1752-1840], pour l’académie de Cahors ; Paul Victor de Sèze [1754-1830], pour l’académie de Bordeaux ; André Taranget [1752-1837], pour l’académie de Douai ; l’abbé Pierre Tédenat [1755-1832], pour l’académie de Nîmes ; etc. 

La plupart des recteurs sont désignés pour prendre leur fonction le 24 août 1809.
Quelques autres recteurs seront encore nommés jusqu’à l’année 1810.

1809
RECTEUR DE L’UNIVERSITÉ DE DOUAI.
André Taranget est nommé chronologiquement le premier recteur de l’académie de Douai le 24 août 1809, dans la seconde vague de nominations de recteurs.
En 1809, l’arrondissement de cette académie s’étend sur les deux départements suivants : Nord [chef-lieu préfectoral et académique : Douai] ; Pas-de-Calais [chef-lieu préfectoral : Lille].

Les deux premiers inspecteurs qui l’assistent sont en 1809 : en première ligne, Bonaventure Calixte Lemoine [1732-1818], ancien proviseur du lycée d’Amiens ; en deuxième ligne, Jean Étienne Judith Forestier Boinvilliers [1764-1830], ancien censeur du lycée d’Orléans.
Le secrétaire de la Faculté est Vauthier-Wesmaël.

En 1827, dernière année où André Taranget est encore recteur de la Faculté de Douai, les inspecteurs qui l’assistent sont en première ligne Charles Agnant [1760-1850], ancien suppléant de Taranget dans la chaire de Littérature française ; et en deuxième ligne Louis Hubert Caillat [1786-1847], ancien censeur au collège royal d’Orléans.
Chastain est le secrétaire de la Faculté.

André Taranget sera jusqu’à sa mise à la retraite en 1827 le principal artisan de la renaissance des collèges communaux dans le Nord et le Pas-de-Calais.

1827
GRATET-DUPLESSIS NOUVEAU RECTEUR.
André Taranget assume ses fonctions jusqu’au 4 octobre 1827, date à laquelle il est mis d’office à la retraite, par décision de Mgr. Denis Frayssinous [1765-1841] Ministre des Affaires ecclésiastiques et de l’Instruction publiquet, depuis le 26 août 1824.

Est remplacé comme recteur par Pierre Alexandre Gratet-Duplessis [1792-1853], anciennement inspecteur d’académie à Caen [1823], recteur de l’académie de Douai, du 4 octobre 1827 au 11 mars 1828, puis recteur de l’académie de Lyon [1828-1830],
puis à nouveau recteur de l’académie de Douai du 7 avril 1830 jusqu’au 23 septembre 1842.

PUBLIE.
Réflexions sur le nouveau remède proposé contre la rage (1787).

Description détaillée du typhus, de ses causes et des possibles moyens de lutte (1795).

Corps législatif. Conseil des Cinq-cents. Rapport fait par André Taranget (du Nord), au nom d’une commission spéciale, sur les canaux de dessèchemens, dits « Wateringhes », situés dans le ci-devant district de Bergues, département du Nord, etc. Séance du 7 fructidor an V (24 août 1797).
[Paris : Impr. nationale. In-8, 11 p., an V (1797)].

Éloge funèbre de M. Antoine-Joseph Mellez, Docteur en médecine, ancien professeur de la Faculté de Douai et Maire de ladite ville prononcé… le 22 thermidor an XII
(10 août 1804).
[Douai : de l’Imprimerie de la Ve Wagrez. in-4, 19 p., 1804].

Réflexions sur la vaccine. Suivies d’un rapport sur la vaccination pratiquées dans la ville de Douai (Nord), depuis fructidor, an X, jusqu’en frimaire, an XII, par André Taranget.
[Douai : Marlier. In-8, 80 p., an XII (1805)].
A cette occasion reçoit en récompense une médaille d’or [mars 1806].
• https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8804541

SOCIÉTÉ SAVANTE.
Membre de la Société littéraire « anacréontique » des Rosati d’Arras [1778-1787].

Membre de la Société littéraire et poétique du Valmuse, établie à Brunémont [Nord].

Membre de l’Académie d’Arras [1787]. Son discours de réception porte sur La Constitution physique et morale des femmes.

Membre de la Société Libre d’Amateurs de Sciences et Arts.
Élu le 7 thermidor an VII [25 juillet 1799].

L’Académie d’Arras fusionne avec la Société Libre d’Amateurs de Sciences et Arts, pour devenir Société d’Agriculture, Sciences et Arts du département du Nord.
Taranget en est secrétaire, et à treize reprises Président. Reçoit le titre de Président Honoraire, en 1833.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k55336305/texteBrut

Académie nationale de Médecine. Associé non-résidant 1820-1837.

DÉCORATION.
Légion d’honneur [2 mai 1821].

SOURCE.

  • Françoise Huguet et Boris Noguès. Les Professeurs des facultés des lettres et des sciences en France au XIXe siècle (1808-1880).
    http://facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/fiche.php?indice=1413
  • Jean-François Condette. Les Recteurs d’académie en France de 1808 à 1940. Tome II. Dictionnaire biographique. [Paris : Service d’histoire de l’éducation/INRP. In-8, 411 p., 2006].
    http://www.persee.fr/doc/inrp_0298-5632_2006_ant_12_2_4557
  • https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/17947
  • « Notice nécrologique » par Maugin dans Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai. Tome 1, 1837-1838, pp. 309-360.