Le doctorat ès-lettres, diplôme effectivement obtenu en 1812, à sa troisième année d'existence, ouvre à Frédéric Vaultier, déjà licencié, la carrière de l'enseignement. Elle se déroule toute entière à Caen [Calvados], d'abord au lycée pour la classe de rhétorique ; puis en Faculté pour la chaire de Littérature latine et de Littérature française.
Frédéric Vaultier [1772-1843]. Né le 22 février 1772, Barbery [aujourd'hui département du Calvados], dans la contrée du Cinglais, entre Caen et Falaise ; mort le 21 janvier 1843, à Caen [Calvados].
Le prénom complet est Marie Claude Frédéric Étienne. S’écrit également Vauthier.
Études à Caen, au collège du Bois. Prix d’honneur de rhétorique en 1789.
Favorable aux Girondins, prend part, en mai-juin 1793, aux combats des Fédérés bretons contre le gouvernement central jacobin. Puis, pour échapper à des poursuites, s’engage dans la marine, comme matelot.
Revient à Caen vers 1799, à la fin du Directoire, et se marie au début de l’année 1801.
Se rend à Paris et devient précepteur dans la famille de Louis Ravel, frère de Pierre Antoine Ravel, de la grande banque parisienne Tourton et Ravel.
1812. DOCTORAT ÈS-LETTRES.
Licencié ès-lettres, Frédéric Vaultier se présente à Paris au doctorat ès-lettres. Ayant déposé ses deux thèses, il est convoqué le 22 juillet.
*Docteur ès-lettres en 1812 [Paris, 22 juillet], avec une thèse latine sur Causarum causa Deus. [In-4, 13 p., 1812].
La thèse en français est une thèse de Littérature ancienne et moderne, De la Traduction [Paris : impr. de Fain. In-4, 16 p.].
Sur la dernière page [page 16] est imprimée la mention : Les points de doctrine exposés dans cette thèse seront développés, éclaircis et défendus par M.-C.-F Vaultier, licencié, aspirant au grade de docteur, le 22 juillet 1812, de midi à deux heures.
Pierre Paul Royer-Collard, doyen de la Faculté des Lettres de Paris, fait partie du jury.
La thèse n'est pas dédiée.
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La thèse est republiée, en 1842, dans le Bulletin de l’Instruction publique et des Sociétés savantes de Caen, à l’occasion de la polémique sur la traduction engagée entre deux professeurs de la Faculté des Lettres de Caen : d'une part Pierre Maillet-Lacoste [1776-1860], professeur titulaire de Littérature latine [1824-1842] et d'autre part Antoine Charma [1801-1869], chargé de cours [1830-1832] puis professeur titulaire de la chaire de Philosophie [1832-1869], la thèse ayant été citée à l’appui de leurs arguments.
LES THÈSES DE DOCTORAT EN 1812.
C'est la troisième année où sont délivrés les diplômes de doctorat. Neuf doctorats délivrés à à la Faculté des Lettres de Paris : François Cimttierre de Saint Amand ; Jean Baptiste Polyeucte Humbert [1773- ] ; Jules Amable* Pierrot-Desseilligny [1792-1845] ; Valentin Testard ; Claude Antoine Félix Frémion [1785-1839] ; Alexandre Théodore Gaillard [1793-1860] ; Jean Ambroise Ducondut [1793-1871] ; Jean Sallandrouze [1791- ] ; Frédéric Vaultier [1772-1843].
Un doctorat délivré à Jean Baptiste Martineaud [1789-1832], à la Faculté des Lettres de Poitiers.
1812. PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE.
Le 17 octobre 1812, est nommé suppléant de Jérôme Levée [1769-1835], professeur de rhétorique du lycée de Caen. Il y est nommé agrégé en rhétorique. Puis est nommé professeur titulaire le 4 octobre 1814.
Il est chargé à la rentrée scolaire de prononcer le discours d'usage. Édité comme Discours « à la rentrée du corps académique le 4 novembre 1814 par M. Vaultier ».
Compte tenu des circonstances historiques, le texte de ce discours est édité beaucoup plus tard, en 1817 [Caen : impr. de F. Poisson. In-4, 15 p., 1817]. Vaultier y prononce un panégyrique des langues grecques et latines.
1816-1817. PROFESSEUR SUPPLÉANT DE LITTÉRATURE LATINE À LA FACULTÉ.
En septembre 1816 [21 septembre], est nommé suppléant à la Faculté des Lettres de Caen, pour la Littérature latine.
Il est le suppléant de Jean Bouisset [1735-1825], ancien chanoine de Bayeux, professeur d'Éloquence au collège du Bois à Caen, titulaire de la chaire de Littérature latine à la Faculté des Lettres de Caen, de 1809 à 1824.
Frédéric Vaultier succède comme suppléant à Jérôme Levée [1769-1835], suppléant de 1810 à 1814.
Frédéric Vaultier sera lui-même remplacé comme suppléant par Jean Héron de la Thuilerie, agrégé de troisième à Caen [1812], suppléant à la Faculté des Lettres de Caen de 1817 à 1820.
1824. PROFESSEUR TITULAIRE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE À LA FACULTÉ.
En mars 1824 [24 mars], Frédéric Vaultier est nommé professeur titulaire dans la chaire de Littérature française à la Faculté des Lettres de Caen.
Il succède à François Roger [1798-1872], professeur suppléant de 1822 à 1824. Le premier titulaire de la chaire de Littérature française ayant été, de 1809 à 1821, le chanoine Thomas Bellenger [1743-1824], à la retraite en 1821.
Frédéric Vaultier reste titulaire de la chaire de Littérature française jusqu’en 1843. Mais son état de santé, et sa fonction de doyen à partir de 1835, l’amènent à se faire suppléer à de nombreuses reprises : de 1834 à 1836, par François Roger [1798-1872] ; de 1836 à 1839, par Napoléon [Maxime Gabriel] Latrouette [1802-1869] ; de 1839 à 1843, par Julien Travers [1802-1888].
1843. SUCCESSION DE LA CHAIRE DE LITTÉRATURE FRANÇAISE À CAEN.
Après la mort de Frédéric Vaultier, survenue le 21 janvier 1843, à Caen, la chaire de Littérature française de la Faculté des Lettres de Caen est d'abord confiée à Ferdinand Delavigne [appelé aussi Delavigne-Marreaux] [1817-1801], chargé du cours de Littérature française à Caen de 1843 à 1846, jusqu'à sa nomination à Toulouse [1846-1880].
Puis à Célestin Hippeau [1803-1883], qui avait tenté un moment de se présenter à l'agrégation de philosophie, chargé du cours de 1847 à 1849, et titulaire de la chaire de Littérature française de 1849 à 1862.
PUBLICATIONS SUR LA POÉSIE.
En 1829, Frédéric Vaultier fait paraître : Essais de traduction de poésie sacrée, dans lesquels on s'est attaché à conserver le mouvement de parallélisme des originaux, précédés d'une exposition de principes sur l'objet et les conditions de ce travail, par M. Vaultier, professeur à la Faculté des Lettres de l'académie royale de Caen [Caen : imprimerie de T. Chalopin, imprimeur de l'Académie. In-8, 63 p., 1829].
Il traduit dans la forme de quatrains, qui lui semble la mieux adaptée, différents cantiques de la Bible.
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PUBLICATIONS POUR L'ACADÉMIE DE CAEN.
Membre de l'Académie royale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen, il publie dans les Mémoires de l’Académie différents travaux se rapportant à la poésie.
De la Poésie lyrique en France. Origine et premier développement, jusqu'à la fin du 13e siècle. Par M. Vaultier, Professeur à la Faculté des Lettres de l'académie royale de Caen. Avec en exergue Six vers de Delille.
Repris en tiré à part [Caen : T. Chalopin, impr. de l'académie et des sociétés savantes. In-8, 82 p., 1834].
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Ce texte est complété en 1840 par De la Poésie lyrique en France au XIVe et XVe siècles, par M. Vaultier [Caen : A. Hardel. In-8, 135 p., 1840].
En 1834, paraissent aussi dans les Mémoires de l'Académie de Caen : Fragmens d'études sur les poètes français du seizième siècle,
Repris en tiré à part [Caen : T. Chalopin, impr. de l'académie et des sociétés savantes. In-8, 66 p., 1834].
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Vaultier se démarquant des critiques contemporains, notamment de Sainte-Beuve, s’y livre à une critique de Ronsard.
C'est également, en 1840, dans les Mémoires de l'Académie royale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen que Vaultier publie Analyse rhythmique du vers alexandrin, par M. F. Vaultier, Professeur à la Faculté des Lettres, de l'Académie royal de Caen.
Repris en tiré à part [Caen : chez A. Hardel, successeur de T. Chalopin, imprimeur de l'Académie. In-8, 30 p., 1840],
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Texte dans lequel Vaultier s’oppose à la démarche de Victor Hugo.
1821-1835. SECRÉTAIRE DE LA FACULTÉ DES LETTRES.
Frédéric Vaultier, de 1821 à 1835, est Secrétaire de la Faculté des Lettres, auprès du doyen l’abbé Gervais de La Rue.
Ce dernier était lui-même Secrétaire de la Faculté jusqu'au début de l'année 1821, auprès du précédent doyen Nicolas Tyrard-Deslongchamps [1750-1821], en exercice jusqu'à son décès, survenu le 21 janvier 1821, à Caen.
Frédéric Vaultier étant nommé en 1835 doyen de la Faculté, pendant plusieurs années son poste de secrétaire auprès de la Faculté n'est pas remplacé. Il est prévu que chaque professeur de la Faculté remplit « ad turnum » les fonctions de secrétaire.
1835-1840. DOYEN DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE CAEN.
En novembre 1835 [20 novembre] Frédéric Vaultier est nommé doyen de la Faculté des Lettres de Caen.
Il succède ainsi à l’abbé Gervais de La Rue [1751-1835] [écrit aussi Delarue], professeur d’Histoire, titulaire de la chaire d'Histoire de 1809 à 1829.
A la mort de Gervais de La Rue, doyen auquel il succède, Frédéric Vaultier consacre à son prédécesseur une Notice, qui paraît en 1837, puis à nouveau en 1840, dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie, puis comme tiré à part : Notice sur la vie et les travaux littéraires de feu M. l'abbé de La Rue, par M. Vaultier [Caen : Mancel. In-8, LII p., 1841]. Avec un portrait gravé par Hopwood, d’après une peinture de Touzé.
1842. PUBLICATION DE NOUVEAUX ESSAIS HISTORIQUES DE L'ABBÉ DE LA RUE.
En 1842, Frédéric Vaultier fait paraître : Nouveaux essais historiques sur la ville de Caen et son arrondissement, contenant mémoires d'antiquités locales et annales militaires, politiques et religieuses de la ville de Caen et de la Basse-Normandie, par feu M. l'abbé de La Rue, membre de l'Institut de France, chevalier de la Légion d'honneur, membre de la Société des antiquaires de Londres, etc. [Caen : Mancel Libraire, éditeur d'un grand nombre d'ouvrages relatifs à la Normandie. Deux tomes en un volume in-8, 1842].
• Numérisé par Archives.org : https://archive.org/stream/nouveauxessaish04ruegoog#page/n10/mode/2up
1840. SUCCESSION DE FRÉDÉRIC VAULTIER COMME DOYEN.
La santé de Frédéric Vaultier étant affaiblie, il est remplacé comme doyen en 1840.
Le décanat est alors assuré par François Bertrand [1797-1875], professeur de Littérature grecque, doyen de 1840 à 1863.
LES DOYENS DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE CAEN AU XIX ÈME SIÈCLE.
Les différents doyens, qui se succèdent à la Faculté des lettres de Caen, sont : Nicolas Tyrard-Deslongchamps [1750-1821], professeur de Philosophie, doyen de 1809 à 1821 ; l'abbé Gervais de La Rue* [1751-1835], professeur d'Histoire, doyen de 1821 à 1835 ; Frédéric Vaultier [1772-1843], professeur de Littérature française, doyen de 1835 à 1840 ; François Bertrand [1797-1875], professeur de Littérature grecque, doyen de 1840 à 1863 ; Antoine Charma [1801-1869], professeur de Philosophie, doyen de 1863 à 1869 ; Thomas Chappuis [1822-1897], professeur de Philosophie, doyen de 1869 à 1871 ; Aristide Joly [1824-1893], professeur de Littérature française, doyen de 1871 à 1884 ; Jacques Denis [1821-1897], professeur de Littérature ancienne, puis de Littérature grecque, doyen de 1884 à 1891 ; Jules Tessier [1836-1908], professeur d'Histoire, doyen de 1891 à 1897.
RECHERCHES HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.
Frédéric Vaultier publie plusieurs ouvrages historiques, ou parfois de simples notices, publiées dans les Mémoires de l'académie de Caen, ou dans les Mémoires de la Société des antiquaires de Normandie et reprises en tiré à part :
Le pays de Cinglais. Histoire des
Paroisses du diocèse de Bayeux, par Vaultier, Doyen de la Faculté des Lettres de Caen. Publié par Mancel, 1836 [Caen: E. Brunet, Libraire, 48 et 50, rue Ecuyère. In-8, 688 p., 1836].
Publié dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie [tome X, 1836], puis en tiré à part.
• Numérisé par Hathi Trust.
L'ouvrage est réédité en 1992, sous le titre : Le pays de Cinglais : recherches historiques, par M. Vaultier [Reproduction de l'édition 1836].
Notice sur le Mont Saint-Michel, à l'occasion
de l'ouvrage de M. l'abbé Desroches*, [Caen : Pagny. In-8,1839]. Publié d'abord dans les Mémoires de l'Académie de Caen.
Recherches historiques sur l'ancien doyenné
de Vaucelles au diocèse de Bayeux [Caen, Hardel. In-8, 170 p., carte, 1840]. Publié dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de Normandie [deuxième série, tome II, 1841].
Mémoire sur les Vaux-de-Vire d'Olivier Basselin et de Jean Le Houx, par M. Vaultier, professeur à la Faculté des Lettres de l'académie royale de Caen [Caen : T. Chalopin, imprimeur de l'académie et des sociétés savantes. In-8, 60 p., 1834].
• Numérisé par Google Books.
« L'auteur tout en rendant justice, dans ce mémoire,
au talent naturel du chansonnier virois, lui
conteste l'invention du Vaudeville, qu'on lui attribue
trop aisément, et donne des preuves nombreuses
qu'il existait des compositions du même genre bien
avant lui, non seulement égales, mais encore supérieures
aux siennes » [Georges Mancel].
1843. HISTOIRE DE LA VILLE DE CAEN.
En 1843, sans doute à l'initiative de Guillaume Stanislas Trébutien [1800-1870], conservateur-adjoint de la Bibliothèque de Caen, paraît posthume, de Frédéric Vaultier Histoire de la ville de Caen depuis son origine jusqu’à nos jours, contenant la description de ses monuments, et l’analyse critique de tous les travaux antérieurs, par M. Fréd. Vaultier, chevalier de la Légion d’honneur, doyen et professeur de Littérature française à la Faculté des Lettres de Caen [Caen : B. Mancel, libraire. Éditeur d'un grand nombre d'ouvrages, dessins, plans er gravures relatifs à la Normandie. Rue Saint-Jean, 66. In-16, VI-372 p., plus Table des matières et Prospectus. 1843].
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ÉDITION POSTHUME ET RÉÉDITION.
Georges Mancel [1811-1862], conservateur de la Bibliothèque de Caen, édite de Frédéric Vaultier un texte jusqu'alors inédit, sous le titre : Souvenirs de l'insurrection normande dite du fédéralisme, en 1793 par M. F. , Vaultier Ancien doyen de la Faculté des Lettres de Caen ; publiés pour la première fois avec notes et pièces justificatives par M. Georges Mancel [Caen : Le Gost-Clérisse, rue Écuyère, 36. In-8, XXX-320 p., 1858]. L'ouvrage est dédié à Mme Escher, en date du 20 février 1858.
• Numérisé par Gallica BNF.
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Réédité en 1989, par Pergamon Press [4 microfiches : 105×148 mm.], dans la collection Les Archives de la Révolution française ; 2.12 [The French Revolution research collection].
SOCIÉTÉS SAVANTES.
Membre de l'Académie royale des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Caen.
Membre de la Société des Antiquaires.
DÉCORATION.
Officier de l’Instruction publique [27 janvier 1821] .
Chevalier de la Légion d’honneur.
SOURCE.
La « Notice sur M. Vaultier » placée en tête des Souvenirs de l'insurrection normande dite du fédéralisme, en 1793, pp. XI-XXX, signée G. M. [Georges Mancel].
Rééditée à part : Notice sur M. F. Vaultier, ancien doyen de la Faculté des Lettres de Caen, par M. G. Mancel [Caen : imprimerie de Laporte. In-8, 16 p., 1858].
SITOGRAPHIE.
Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle :
facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php