Écrivain catholique, philosophe mystique et homme de lettres, Pierre Simon Ballanche, né à Lyon, le 4 août 1776, meurt à Paris, le 12 juin 1847. Il est inhumé au cimetière Montparnasse, dans le caveau où sera enterré deux ans plus tard son amie Juliette Récamier [1777-1849].Immédiatement après la mort de Ballanche, Jean-Jacques Ampère [que Ballanche considérait comme son fils], se met à écrire un ouvrage de célébration : Ballanche, par J.-J. Ampère, de l'Académie française [Paris : A. René et Cie, imprimeurs-éditeurs, rue de Seine, 32. In -18, 248 p., 1848], qui sera réédité en 1849.
C'est dans ce livre d'hommage que Jean-Jacques Ampère [1800-1864], alors professeur de Littérature au collège de France, consacre une page à la mort de Ballanche.
« Dans les premiers jours du mois de juin de cette année, M. Ballanche, dont la santé était depuis longtemps très-frêle, fut atteint d’une fluxion de poitrine que sa grande faiblesse rendit bientôt dangereuse … Pendant les huit jours que dura sa maladie, la douceur et la sérénité d’âme du malade ne l’abandonnèrent pas un instant ; il ne montra aucune inquiétude, pour n’inquiéter personne ; mais ses amis ne doutent point qu’il n’ait senti toute la gravité du danger ; durant les derniers jours, il faut aussi entouré que le permettait le repos nécessaire à sa faiblesse. Un ancien ami, M. Dupré, ne le quitta point ; enfin il éprouva une grande joie lorsque celle qui était la vie de son cœur vint s’établir auprès de lui, souffrante elle-même, et quand ses yeux n’avaient pas soulevé un voile qui pour quelque temps est retombé avec ses larmes.
M. Ballanche, dès les premiers jours de sa maladie, avait réclamé les secours de la religion ; le neuvième, il s’éteignit avec le calme d’un sage, la résignation d’un saint, et, comme il l’avait dit lui-même, il s’endormit dans le sein d’une grande espérance.
Le surlendemain, vers l’heure où tous les jours il se rendait à l’Abbaye-aux-Bois, il en franchissait la grille une dernière fois, escorté d’amis en deuil et d’un grand nombre d’hommes éminents, tous pénétrés profondément de la perte que faisaient en ce jour les lettres, la philosophie et la religion. Son illustre ami, M. de Chateaubriand, fondait en larmes ; tous les cœurs étaient remplis d’émotion et de recueillement ; un sentiment unanime d’attendrissement et de respect régnait aussi dans la foule choisie qui l’accompagna au cimetière. Ce sentiment trouva un interprète qui le satisfit pleinement dans le discours de M. de Tocqueville.
Un poète penseur, l’élève et l’ami de M. Ballanche, M. de la Prade, après avoir passé la nuit pieusement auprès de ses dépouilles mortelles, vint prononcer sur sa tombe , au nom de cette partie de la jeunesse qui voyait en lui plus spécialement le chef d’une école dévouée, et en particulier au nom de la patrie lyonnaise, de touchants adieux ».