Successivement enseignant d'École centrale [1796], de Lycée [1803], puis de Faculté [1810], en tant que professeur de Littérature grecque et latine, Étienne Vital Rabillon, après 1815, poursuit et achève sa carrière dans la fonction administrative d'inspecteur d'académie.
Sous l'emprise de l'Université, le système d'enseignement à l'échelle de la Nation, qui se met en place à partir de 1795 [les Écoles centrales], se modifie en 1802 [les Lycées], se prolonge en 1809 [les Facultés], qui se poursuit sous le premier Empire, assure un formidable appel du personnel enseignant.La suppression de dix-sept Facultés de Lettres [arrêté du 31 octobre 1815] amène la reconversion, souvent perçue comme une promotion, de certains enseignants en personnel administratif, notamment comme inspecteurs d'académie.
C'est cette trajectoire, vécue par plus d'une vingtaine d'enseignants, qui est celle d'Étienne Vital Rabillon, né le 28 avril 1769, à Piolenc [aujourd'hui Vaucluse] ; mort le 5 février 1840, à Rennes.
1796-1802. PROFESSEUR À L'ÉCOLE CENTRALE DE RENNES.
Les Écoles centrales sont créées par un décret du 25 février 1795 [7 ventôse an III], modifié ensuite par le titre II de la Loi Daunou du 25 octobre 1795 [3 brumaire an IV] sur l'organisation de l'Instruction publique : il est décidé d'établir une École centrale par département. Plus de quatre-vingt dix écoles centrales sont progressivement créées.
L'École centrale du département d'Ille-et-Vilaine est établie à Rennes, chef-lieu du département.
Étienne Vital Rabillon, en 1796, y est nommé professeur d'Histoire. Il enseigne dans la troisième section, ouverte aux élèves [exclusivement des garçons] âgés de seize ans, qui reçoivent également un enseignement de Grammaire générale par l'abbé Pierre Michel Lesage [1760-1819] ; de Belles-lettres par l'abbé Augustin François] Germé [1745-1824] ; de Législation par Jean Denis Lanjuinais [1753-1827].
Rabillon reste en poste jusqu'en mai 1802, date de la loi du 1er mai 1802 supprimant les Écoles centrales [11 floréal an X]. Il est alors nommé au lycée de Rennes.
1803-1809. PREMIER PROGRAMME D'ENSEIGNEMENT DES LYCÉES.
Les École centrales supprimées sont remplacées dans chaque département par les lycées.
L'enseignement qui y est distribué est encore fortement marqué par l'enseignement des anciennes Écoles centrales. Ainsi, jusqu'en 1809, les enseignements des lycées se répartissent encore classiquement en Belles-Lettres [un enseignant] ; Latin [trois enseignants] ; Mathématiques transcendantes [un enseignant] ; Mathématiques [trois enseignants].
C'est dans ce cadre que Rabillon est nommé en 1803, professeur de latin, pour les classes de première et de seconde au lycée de Rennes. Il est un des trois professeurs de latin du lycée. Les deux autres enseignants de cette discipline sont Pierre Michel Lesage, ancien professeur de Grammaire générale à l'École centrale et Bertrand.
L'abbé Augustin François Germé, déjà ancien professeur de Belles-Lettres à l'École centrale assure l'enseignement des Belles-Lettres au lycée.
L'enseignement de mathématiques transcendantes est assuré par Jacques Binet [1786-1856], ancien élève de l'École polytechnique.
Rozais, Marot, Sarthou sont professeurs de mathématiques.
Étienne Vital Rabillon reste en fonction comme professeur de latin jusqu'en 1809.
1809. LE NOUVEAU PROGRAMME D'ENSEIGNEMENT DES LYCÉES.
À partir de 1809, l'enseignement des lycées connaît une nouvelle répartition : après deux années de Grammaire [première et deuxième années d’enseignement des lycées ] ; deux années d’Humanités [troisième et quatrième années d’enseignement des lycées] ; une année de Rhétorique [cinquième année d’enseignement des lycées] ; la sixième année de l’enseignement oblige à une bifurcation, ou bien une année de Philosophie, ou bien une année de Mathématiques transcendantes.
C'est seulement le règlement du 19 septembre 1809 qui introduit les cours de philosophie dans les lycées, et enfin un arrêté du 10 février 1810 qui impose la philosophie dans tous les lycées sans exception.
C'est dans cette configuration que Rabillon est professeur de la seconde année d'Humanités.
Les enseignants du lycée impérial de Rennes, établi dans le bâtiment de l'ancien collège des Jésuites, se répartissent alors de la façon suivante : l'abbé Jacques Joseph Molle [1764-1834], en philosophie ; Félix Mainguy [1747-1818], en rhétorique ; Étienne Vital Rabillon [1769-1840], en seconde année d'humanités ; de Baroy, en première année d'humanités ; A. R. Thébault, en deuxième année de grammaire ; Magnes, en première année de grammaire ; Victor Turgot [1785-1850], agrégé professeur, susceptible de remplacer n'importe quel autre enseignant ; Louis, pour la classe élémentaire.
Charles Galbaud-Dufort, ancien professeur de mathématiques élémentaires au lycée de Nantes, pour les mathématiques transcendantes ; Rozais, pour les sciences physiques ; Lepord, pour les mathématiques spéciales. Le professeur de mathématiques élémentaires, pas encore nommé en 1809, sera ultérieurement désigné [Badiat].
1809. LA FACULTÉ DES LETTRES DE RENNES.
Dans le cadre général de l'Université impériale, décidée par Napoléon en 1806, les différentes chaires des Facultés se mettent en place en 1808-1809.
La Faculté de Droit et la Faculté des Lettres de Rennes sont créées en 1810.
Les chaires de la Faculté des Lettres de Rennes se répartissent en 1809 de la manière suivante : Littérature française, avec l'abbé Augustin François Germé, Félix Mainguy comme adjoint ; Littérature latine, avec de Balsac ; Littérature grecque, avec Étienne Vital Rabillon ; Histoire, avec Eusèbe Delalande-Mesnildrey [1770-1836] ; Philosophie, avec l'abbé Jacques Joseph Molle [1764-1834].
1809-1812. RABILLON PROFESSEUR DE LITTÉRATURE GRECQUE.
C'est au sein de la Faculté des Lettres que Rabillon, après avoir passé sa licence ès-lettres [1809] est nommé professeur de Littérature grecque, poste qu'il occupe jusqu'en 1812.
Dans son enseignement à la Faculté des Lettres, comme l'indique l'affiche de la Faculté, Étienne Vital Rabillon explique Homère, Démosthène, Sophocle, la poétique d'Aristote, Théocrite, et met en rapport les auteurs grecs avec leurs imitateurs dans la littérature française.
1812-1815. RABILLON PROFESSEUR DE LITTÉRATURE LATINE.
De Balsac, en même temps qu'il est professeur de première année d'humanités au lycée de Rennes, enseigne la littérature latine à la Faculté, de 1809 à 1813.
Mais en 1813, de Balsac cesse son enseignement. Il est remplacé dans l'enseignement de la Littérature latine, par Étienne Vital Rabillon.
Rabillon assure cet enseignement de Littérature latine jusqu'en 1815/1816, année de la suppression des Facultés de Droit et de Lettres de Rennes, au moment de la Restauration.
En effet, un arrêté de la commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816, décide de la suppression de de Facultés au sein de dix-sept académies [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
Seules sont maintenues, en Lettres, les Facultés de Besançon, Caen, Dijon, Paris, Strasbourg, Toulouse.
LE CUMUL DES ENSEIGNEMENTS.
À Rennes, comme pour toutes les villes universitaires, les premiers enseignements sont déterminés au moment de la création des lycées en 1802. Quelques années après, au moment de la création des Facultés à dater de 1809, plusieurs enseignants, déjà professeurs au lycée, sont nommés à la Faculté. Le diplôme de docteur ès-lettres, exigé pour l'enseignement en Faculté, leur est le plus souvent attribué par décret.
C'est le cas, concernant Rabillon, déjà professeur de la seconde classe d'Humanités au lycée impérial, nommé professeur de Littérature grecque à la Faculté, tout en gardant son enseignement au lycée, et en étant également le secrétaire de l'abbé Augustin François Germé [1745-1824] dans sa fonction de doyen.
D'autres enseignants cumulent les charges de professeurs de lycée et d'enseignant de la Faculté. C'est le cas de Jacques Joseph Molle, professeur de philosophie au lycée, professeur de Philosophie à la Faculté. Également celui de Félix Mainguy, professeur de rhétorique au lycée, adjoint d'Augustin François Germé pour l'enseignement de la Littérature française. Quant au doyen lui-même, l'abbé Germé, il cumule les fonctions de recteur de l'académie de Rennes, avec celle de professeur de Littérature française à la Faculté et la charge de doyen.
RABILLON PROFESSEUR DE RHÉTORIQUE AU LYCÉE DE RENNES.
En 1812, Rabillon est en même temps professeur de rhétorique au lycée de Rennes. Lorsque la Faculté des Lettres est supprimée, à l'occasion de la Restauration, Étienne Vital Rabillon perd son enseignement à la Faculté, mais garde son enseignement au lycée, transformé en collège royal.
Il reste en poste jusqu'en 1821, date de sa nomination comme inspecteur d'académie.
I1821-1830. INSPECTEUR D'ACADÉMIE DE RENNES.
Après quoi, en 1821, Étienne Vital Rabillon est nommé inspecteur de l'académie de Rennes, sur un troisième poste créé en 1821, alors que l'abbé Constantin Julien Le Priol [1763-1849] est encore recteur pendant un an [1816-1822].
L'arrondissement de l'académie de Rennes s'étend sur les cinq départements suivants : Côtes-du-Nord ; Finistère ; Ille-et-Vilaine ; Loire-Inférieure ; Morbihan.
Il y a, alors, en même temps que Rabillon, deux autres inspecteurs en fonction à Rennes, d'une part Poirrier, nommé inspecteur en 1821 et qui reste en poste jusqu'en 1827 ; d'autre part Delamarre, nommé en 1817 et qui reste en poste jusqu'en 1830.
Étienne Vital Rabillon reste en fonction jusqu'en 1830, date à laquelle il est admis à faire valoir ses droits à la retraite. Il est alors âgé de soixante et un ans.