Dans l’histoire mouvementée du XIX ème siècle, Marie Stanislas Rattier, ancien élève de l’École normale, mêle des activités d’enseignant, d’avocat, de journaliste, d’éditeur scolaire, de recteur et d’Inspecteur d’Académie.L’unité de ce kaléidoscope professionnel ce sont, fondées sur un légitimisme militant, la défense et l’illustration de la religion catholique.Marie Stanislas Rattier [1793-1871] Né le 1er juin 1793, à Provins [département de Seine-et-Marne] ; mort le 3 octobre 1871, à Troyes [département de l’Aube].
PREMIÈRES ÉTUDES.
Fis d’un instituteur, Marie Stanislas Rattier est élevé au presbytère de Villethierry [Yonne], où son oncle est curé.
1811. ANCIEN ÉLÈVE DE L’ÉCOLE NORMALE.
Élève de la seconde promotion de l’École normale [1811], recruté, comme il en est encore l’usage à l’époque, sans concours, sur avis d’un Inspecteur général, pour une scolarité de deux ans.
Sont reçus cette année à l’École, dans la section lettres, par ordre alphabétique : Alphonse Beljame [1793- ], Inspecteur d’Académie à Bourges ; Bernard Beyne [1791- ], magistrat ; Pierre Blaise Carrère [1793-1864], directeur du Journal de l’Aveyron ; Amédée Champanhet [1791-1862], Vice-président du tribunal civil de Privas ; Louis Cherest, Principal du collège d’Abbeville ; Claude Decaix [ -1882], secrétaire du conseil de la Banque de France ; Hyacinthe Devès [1793-1871], conseiller à la Cour d’appel de Bordeaux ; Alphonse Ducazau [1793-1838], recteur de l’Académie d’Angers ; Gabriel Fort Dutrey [1792-1879], Inspecteur général de l'Instruction publique ; Philippe Foy, professeur au lycée Charlemagne ; Mathieu Gabriel ; Antoine Garrigues, professeur de rhétorique et d’histoire au lycée de Versailles ; Pierre Grattepain, professeur de sixième au collège de Castelsarrasin ; Joseph Daniel Guigniaut [1794-1876], professeur d’Histoire et de morale au collège de France [1854-1862] ; Jean Guyot, professeur au lycée Louis-le-Grand ; Alexandre Hourdou, [1793-1868], homme de lettres ; Jean Laquerbe, [ -1854] professeur de troisième au collège de Bédarieux ; Jean Louis Larauza [1793-1825], Maître de conférences de Littérature, puis de grammaire générale à l’École normale [1815-1822] ; Charles Loyson [1791-1819] ; Pierre Alphonse Martin (1812) ; Jean Baptiste Meuzy [vers 1792-1848], professeur de Littérature ancienne à la Faculté des Lettres de Besançon ; Louis Mézières [1793-1872], recteur de l’académie de Metz ; Louis Monal, principal du collège de Perpignan ; Henri Patin [1793-1876], professeur de Poésie latine à la Faculté des lettres de Paris [1832-1876], doyen de la Faculté des Lettres de Paris [1865-1876] ; Pierre Quétil, agréé au tribunal de commerce de Paris ; Marie Stanislas Rattier [1793-1871], Inspecteur d’Académie à Troyes ; Pierre Remy [ -1870], principal du collège de Joigny ; Joseph Riballier-Desilles, officier d’infanterie ; Pierre Rioust, professeur au collège de Sedan ; Nicolas Rougeron [1794-1867] ; Jean Sallandrouze [1791- ] ; Thibault ; Augustin Thierry [1795-1856], historien ; Jacques Veissier-Descombes [1791- ], professeur de quatrième au lycée Henri-IV ; Épagomène Viguier [1793-1867], Inspecteur général de l’Instruction publique ; Louis [Eugène Sylvain] Villevaleix-Seguy [1792-1859], Inspecteur général des études de l’École normale.
À la sortie de l’École [octobre 1813] est nommé régent de septième au collège de Troyes. Mais, en octobre 1814, abandonne l’enseignement à l’occasion des Cent-Jours et du retour des Bourbons.
En 1814, se rend à Paris pour faire son droit, en même temps qu’il enseigne les humanités dans plusieurs institutions.
1817. JOURNALISTE À LA QUOTIDIENNE.
Marie Stanislas Rattier collabore également à La Quotidienne, journal royaliste beaucoup plus ancien fondé initialement en 1790, et relancé par Joseph François Michaud 1767-1839], membre de l’Académie française [1813], promoteur de la Biographie universelle, et que son Histoire des Croisades [1812-1822] rend très célèbre. Michaud devient le rédacteur en chef de La Quotidiene en 1817. Rattier y rencontre Pierre Sébastien Laurentie [1793-1876] qui, appelé par Michaud, collabore au journal dès 1817.
1818. LE SPECTATEUR RELIGIEUX ET POLITIQUE.
A partir d’octobre 1818, Marie Stanislas Rattier est avec Pierre Sébastien Laurentie [1793-1876] ; l’abbé Jean Jacques Fayet [1786-1849], futur Inspecteur général des études ; l’abbé Félicité de Lamennais [1782-1854] ; Eugène de Genoude [1792-1849] ; Claude Louis Bouchard de La Poterie [1744-1819], l’un des journalistes de la publication intitulée Le Spectateur religieux et politique [Paris : A la librairie ecclésiastique de Beaucé-Rusand, rue de l’Abbaye Saint-Germain, n° 31. In-8, 1818].
La première livraison paraît le 19 octobre 1818, et la publication se poursuit jusqu’au 10 février 1819.
Marie Stanislas Rattier y participe avec de nombreux articles et quelques comptes-rendus d’ouvrages : La Charité chrétienne et la tolérance philosophique ; l’Amour de la patrie est l’amour de l’ordre ; De la véritable indépendance ; De l’Athéisme politique ; Comparaison de la philosophie de l’Évangile et de la philosophie moderne.
Une large place est donnée au Cours de Morale chrétienne, ou conférences de l’abbé Frayssinous, futur Grand-Maître de l’Université.
1819. JOURNALISTE AU DRAPEAU BLANC.
Marie Stanislas Rattier mène une activité journalistique. Il collabore au Drapeau blanc [1819-1830] journal ultra-conservateur favorable aux légitimistes, fondé par le publiciste et écrivain de théâtre Alphonse de Martainville [1776-1830] et quelques hommes de lettres en juin 1819.
Le journal paraît tout d’abord comme périodique in-octavo à publication irrégulière, pour échapper à la censure ; puis, après les lois de 1819 sur la presse, comme journal quotidien in-folio paraissant jusqu’en février 1827. Henri de Bonald [1754-1840], membre de l’Académie française [1816] ; l’historien Achille de Jouffroy [1785-1859] ; Charles Nodier [1789-1844] alors journaliste au Journal des Débats ; l’abbé Félicité de Lamennais [1782-1854] sont également des collaborateurs du journal.
1819. LA CÉLÉBRATION D’UN ARCHICUBE.
Charles Loyson [1791-1819], maître de conférences de Littérature à l'École normale à partir de 1815, rédacteur au Journal des Débats, chef de bureau au ministère de la Justice, meurt en fin juin 1819.
Charles Loyson avait collaboré avec François Guizot, aux Archives philosophiques et au Spectateur français, et avait été un des fondateurs du journal le Lycée français.
Marie Stanislas Rattier a été pendant deux ans son camarade de promotion [1811] à l’École normale, et avait partagé le même idéal chrétien.
Il participe, le 29 juin 1819, aux côtés des professeurs Victor Cousin [1792-1867] de la promotion 1810, et Henri Patin [1793-1876], de la promotion 1811, à ses funérailles.
1821. LA FRANCE CHRÉTIENNE.
C’est avec le journaliste anti-libéral Pierre Sébastien Laurentie [1793-1876], futur Inspecteur général de l’Université [septembre 1824-1826], et farouche partisan de la liberté de l’enseignement, qu’il fonde La France chrétienne, journal religieux, politique et littéraire, paraissant deux fois par semaine.
En 1827, le journal change légèrement de titre et devient : La France chrétienne, journal politique et littéraire et devient hebdomadaire [depuis 1826].
1822-1823. RÉPÉTITEUR À L’ÉCOLE POLYTECHNIQUE.
Devient répétiteur du cours des belles-lettres et d’histoire à l’École polytechnique. Son ami Pierre Sébastien Laurentie y avait rempli les mêmes fonctions en avril 1818.
1823. LA POLICE DES LETTRES.
En avril 1823, Marie Stanislas Rattier entre à la Préfecture de police comme chef du troisième bureau, celui des lettres, du théatre et des mœurs, où il succède, encore une fois, à Pierre Sébastien Laurentie. Il y reste jusqu’en août 1830, au lendemain de la Révolution de Juillet, date à laquelle il donne sa démission.
1830-1835. AVOCAT À LA COUR ROYALE DE PARIS.
Il ouvre alors un cours particulier de droit, et dirige des élèves dans leurs études juridiques. Il s’inscrit comme avocat au tableau de la Cour royale de Paris.
Il continue à apporter sa collaboration aux journaux royalistes : le Correspondant, le Courrier de l’Europe, l’Univers.
1835-1850. PHILOSOPHIE ET ÉCOLE LIBRE.
En 1835, Marie Stanislas Rattier est appelé pour enseigner la philosophie [1835-1846] à l’école libre de Pontlevoy [dans le Loir-et-Cher], anciennement collège bénédictin, et École militaire.
Il publie son enseignement sous le titre : Cours complet de philosophie mis en rapport avec le programme universitaire, et ramené aux principes du catholicisme, par M. Rattier, avocat, ancien élève de l’École normale, ancien répétiteur du cours de Belles-lettres et d’histoire à l’École polytechnique, professeur de philosophie à l’école de Pont-Le Voy [Paris : Gaume frères, libraires-éditeurs, rue du Pot de fer, n°5. Trois volumes. 1843-1844]. Ainsi qu’un abrégé de ce cours : Manuel élémentaire de philosophie, ou Abrégé du cours complet de philosophie, publié par M. Rattier, [Paris : Gaume frèresIn-16, 383 p., 1844] qui connaît plusieurs tirages. « La science philosophique y est ramenée aux principes du catholicisme ».
Devient en 1843 le directeur de cette institution.
1846. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU COLLÈGE ROYAL DE REIMS.
En juin 1846, Marie Stanislas Rattier est nommé professeur de Philosophie au collège royal de Nantes.
Mais il n’y reste que quelques semaines ; car en septembre est nommé, dans l’Académie de Paris, professeur de Philosophie au collège royal de Reims [département de la Marne]. L’Académie de Paris est alors très étendue et comprend les départements de l’Aube ; de l’Eure-et-Loire ; de la Marne ; de la Seine ; de la Seine-et-Marne ; de la Seine-et-Oise, ; de l’Yonne.
Il y rencontre d’ anciens normaliens : le censeur des études, Pierre Bazile Flammanville, de la promotion de 1816, futur Inspecteur d’Académie ; Isidore Boulian [vers 1812-1847], professeur de rhétorique, de la promotion de 1831 ; Charles Thurot [1823-1882], professeur de seconde, de la promotion de 1841 ; Jules Helleu [1824-1874], professeur de quatrième, de la promotion de 1843.
Le proviseur est Louis Pierre Soilly [1795-1866], futur recteur départemental de l’Académie de l’Eure [août 1850-août 1854].
1847. CORRESPONDANT DE L’ACADÉMIE DES SCIENCES ET DES ARTS DE REIMS.
A cette époque, Marie Stanislas Rattier est nommé correspondant de l’Académie des Sciences, arts et belles-lettres de Reims. Il adresse à l’Académie son Cours complet de philosophie, en trois volumes, qui fait l’objet d’un rapport de l’abbé Querry.
Et produit un Rapport sur les opuscules de M. de Maizière intitulés : Théorie du règne du mal sur terre, et Dialogues entre un adjoint et un maître d’école sur la loi divine du travail.
1850. RECTEUR DÉPARTEMENTAL.
La loi organique du 15 mars 1850, inspirée par Alfred de Falloux [1811-1886], et mise en œuvre par le ministre de l’Instruction publique et des Cultes [octobre 1849-janvier 1851] Félix Esquirou de Parieu [1815-1893], transforme profondément le système universitaire. Les académies, jusqu’alors regroupement de plusieurs départements voient leur ressort restreint. Conçues pour un encadrement plus étroit du personnel enseignant, elles deviennent, selon l’article 7 de la loi, strictement départementales et de « petits recteurs », aux attributions réduites, sont nommés.
Aussi quatre-vingt sept académies sont créées et quatre-vingt-sept postes sont à pourvoir, dont beaucoup sont occupés par d'anciens inspecteurs d'académie.
C’est à cette occasion que Marie Stanislas Rattier est nommé le 10 août 1850, recteur départemental de la Corrèze, et établi à Tulle, devenu chef-lieu académique.
Mais, remplacé par Jean Jacques Guillemin [1814-1870], professeur d'histoire au lycée de Nancy, Rattier ne reste en poste que quelques jours.
Il est définitivement nommé recteur départemental de l’Académie de la Creuse [1850-1854], en remplacement de Joseph Guichemerre [1794-1870] ancien Inspecteur d’Académie à Bordeaux qui, lui aussi, n’a été en poste comme recteur que quelques jours.
Marie Stanislas Rattier est établi à Guéret, chef-lieu de l'Académie de la Creuse. Son secrétaire est Pétard.
1854. INSPECTEUR D’ACADÉMIE EN RÉSIDENCE À TROYES.
Mais, en 1854, par la loi du 14 juin 1854 et le décret impérial du 22 août de la même année, les Académies régionales sont rétablies.
Le plus souvent les anciens recteurs départementaux sont nommés à nouveaux Inspecteurs d’Académie.
C’est la cas de Marie Stanislas Rattier, nommé dans l’Académie de Dijon, auprès du nouveau recteur Antoine Augustin Cournot [1801-1877], ancien Inspecteur général des études [1838-1854] nommé recteur de l’Académie de Dijon, l’une des dix-sept académies rétablies.
L’Académie de Dijon, comprend alors dans son ressort les départements de la Côte-d'Or, de l’Aube, de la Haute-Marne, de la Nièvre, de l’ Yonne. Et Marie Stanislas Rattier est l’un des cinq Inspecteurs d’Académie nommés le 24 août 1854
Ainsi, pour le département de la Côte-d’Or, Eugène Garsonnet [1814-1876], en résidence à Dijon [août 1854-novembre 1861], futur Inspecteur général de l’enseignement secondaire pour les lettres [18741876] ; pour le département de l’Aube, Marie Stanislas Rattier [1793-1871], ancien recteur départemental de la Creuse, en résidence à Troyes [1854-1863] ; pour le département de la Haute-Marne, Pierre Fayet [1801-1893], ancien recteur départemental de la Haute-Marne, en résidence à Chaumont [1854-1863] ; pour le département de la Nièvre, Jacques Reynaud [1795-1874], ancien recteur départemental de la Nièvre, en résidence à Nevers [août 1854-février 1856] ; pour le département de l’ Yonne, Charles Huret [1800-1875], ancien recteur départemental de la Vendée, en résidence à Auxerre [août 1854-février 1858].
Marie Stanislas Rattier garde son poste jusqu’au 1er janvier 1864, date à laquelle il prend sa retraite, un peu plus d’un an après le départ d’ Antoine Augustin Cournot du rectorat.
Marie Stanislas Rattier est remplacé comme inspecteur d’Académie à Troyes, par Henri Wartel [ -1887]. Reçoit le titre d’ Inspecteur honoraire d’Académie.
DECORATION.
Chevalier de la Légion d’honneur [1829].
SOURCES.
Gustave Vapereau. Dictionnaire universel des contemporains. 1870.
Annuaire de l’Association des anciens élèves de l’École normale. [Année 1872, pages 11 et 12].
Jean-François Condette. Les Recteurs d’Académie en France de 1808 à 1940. Tome II, Dictionnaire biographique. [Paris : Institut national de recherche pédagogique. Collection : Histoire biographique de l’enseignement. In-8, 411 p.+3. 2006].
Fournit les dates précises des nominations, et des extraits de rapports d’inspection.
c JJB, 12-2011