Lemonnier, Guillaume Antoine (1721-1797), un lettré à l’ancienne, honoré par la Révolution

Lemonnier n’est pas un abbé de Cour, mais un curé féru de grec et de latin, un amoureux du genre humain, un familier de Diderot et des Encyclopédistes, fréquentant littérateurs, peintres et artistes qui ont encore aujourd’hui un renom.

Guillaume Antoine Lemonnier [1721-1797]. Autre forme du nom : Le Monnier. C’est la forme employée de son temps.
Né en 1721, à Saint-Sauveur-le-Vicomte [aujourd’hui département de la Manche] ; mort le 15 germinal an V [4 avril 1797], à Paris [Seine].

Études au collège de Coutances [diocèse de Coutances, généralité de Caen. Aujourd’hui département de la Manche] ; puis à Paris, au collège d’Harcourt [sur l’emplacement de l’actuel lycée Saint-Louis], qui accueille traditionnellement des enfants de la noblesse de robe, et de la haute-bougeoisie, ainsi que des élèves boursiers normands.
Le collège d’Harcourt est l’un des dix collèges parisiens de plein exercice de l’Université de Paris, c’est à dire assurant toutes les classes, à savoir : Louis-le-Grand ; Collège du Cardinal Lemoine, des Grassins, d’Harcourt, de La Marche, Lisieux, Montaigu, Navarre, du Plessis, des Quatre-Nations. 
Dès la fin de ses études, Guillaume Antoine Lemonnier y enseigne les auteurs grecs et latins à quelques élèves.

1743
CHAPELAIN À PARIS DE LA SAINTE-CHAPELLE.
En 1743, chapelain < perpétuel > de la Sainte-Chapelle [autrement dit, l’un des cinq sous-chapelains], où, en 1747, en tant que l’un des directeurs de la musique, il enseigne tout à la fois le latin et le plain-chant aux enfants de choeur. Il garde cette fonction pendant de nombreuses années.

En 1748 devient curé de Montmartin-en-Graignes, en Normandie, non loin de Saint-Lô.
Ce qui lui rapporte un bénéfice estimé à plus de douze mille livres par an.

Puis est nommé aumônier des Gardes du Corps de Monseigneur le Comte d’Artois [frère du roi Louis XVI, futur Charles X].

1765
FRÉQUENTATION DE DENIS DIDEROT ET DES ENCYCLOPÉDISTES.
Autour de 1765, se lie amicalement à Denis Diderot, rencontré chez les soeurs Volland [Sophie et Marie Jeanne Élisabeth]. Diderot relie les manusrits et corrige les épreuves avant leur publication, aide à la recherche des éditeurs pour les traductions de Térence et de Perse.

Traducteur, auteur de théâtre, écrivain, fréquentant le milieu des Encyclopédistes, l’abbé Guillaume Antoine Lemonnier, comme l’indique l’historien d’art irlandais Neil Jeffares dans sa notice sur Mme Roslin [The Dictionary of pastellists before 1800] est proche de nombreux artistes et d’écrivains, hommes et femmes de son temps : Cochin, Greuze, Grétry, Sedaine, Moreau le jeune, Élie de Beaumont, l’abbé Raynal, Sophie Arnould.

Melchior Grimm [1723-1807], en 1771, dans sa Correspondance littéraire le décrit ainsi : « L’abbé Lemonnier est un auteur original, ayant dans son caractère un assemblage rare de naïveté, de rusticité, de causticité, de bonhomie et de finesse.
il est Normand, et il a une place dans le chapitre de la Sainte-Chapelle. Il ne se pique ni de bon ton, ni de belles manières, ni d’un grand usage du monde ; mais il est gai et bon vivant, ayant bien conservé son accent normand et aimant mieux passer sa vie dans les coteries des artistes que dans le grand monde. Il chante de cette voix nasillarde qu’on nomme haute-contre en France ».

En effet, Guillaume Antoine Lemonnier, sur près d’une quinzaine d’années, participe à la vie culturelle française, écrivant aisément de la poésie et du théâtre, traduisant au plus juste des textes d’auteurs anciens, publiant des fables aimables.

1759
DISCOURS D’UN NÈGRE MARRON.
Discours d’un nègre marron, qui a été repris et qui va subir le dernier supplice.

Le terme de marron, dans le vocabulaire colonial de l’époque, s’applique à un esclave qui s’est échappé, mais qui a été repris, et qui sera mis à mort.
1759 est la date de la première publication de ce texte de sept pages, paru à l’origine s.l. ; s.n. et sans nom d’auteur.

Ce texte littéraire, qui est une prise de position contre l’esclavage, est republié en 1775 par Fréron, dans l’Année littéraire [Tome VIII de l’année 1775, pp. 106-116], avec une courte présentation élogieuse.
Puis republié, un peu plus tard, en 1777, puis en 1778, par Guillaume Antoine Lemonnier, comme texte complémentaire [mais sans aucun rapport avec le titre] de la Fête de Bonnes-Gens de Canon et des Rosières de Briquebec.

Le texte est republié en 1790, [pages 50-56] à la suite de Le Songe, par N. R. Camus [A Paris : chez Desenne, libraire, au Palais-Royal, et chez tous les marchands de nouveautés. In-8, 56 p., 1790].

1765
DIALOGUE SUR LA RAISON HUMAINE.
Dialogue sur la raison humaine.
[(Paris) : imprimerie de Hérissant, rue Neuve Notre-Dame, à la Croix d’or. In-8, 16 p., s. d.].
L’ouvrage, dialogue en alexandrins, entre Pierre et Jean, est dédié : A Monsieur, M. de N* de C*. Signé Le Monnier.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6516489p/f8.item

Le texte, modifié sur les conseils de Denis Diderot, sera repris en 1733, dans Fables, contes et épîtres, par M. l’abbé Le Monnier.

1769
UNE LETTRE PARMI D’AUTRES DE DIDEROT.
À l’été 1769, Lemonnier est au vert, au château de Couterne, près d’Alençon, une lettre de Diderot vient l’y trouver : « Mon ami, courez bien les champs, soyez sobre, faites de l’exercice, ne pensez à quoi que ce soit au monde, pas même à faire un vers aisé, quoiqu’il vous en coûte bien peu de chose pour le faire bon ; je vous le défends, entendez-vous, et si vous revenez avec une pièce de vingt vers en poche, vous nous la
lirez, nous l’écouterons avec plaisir et vous battrons comme plâtre. » (Lettre IV).

Les lettres de Diderot à Lemonnier ont été publiées en 1876, dans les Oeuvres complètes de Diderot, sous le titre Lettres à l’Abbé Le Monnier. Texte établi par J. Assézat et M. Tourneux [Paris : Garnier.1876]. À savoir seize lettres retrouvées, et parfois datées, écrites entre 1760 et 1779.

  • https://fr.wikisource.org/wiki/Lettres_à_l’Abbé_Le_Monnier/03

1770
PORTRAIT AU PASTEL PAR MADAME ROSLIN.
Marie Suzanne Roslin [née Giroust], [1734-1772], l’une des treize femmes admises jusqu’alors à l’Académie royale de peinture et de sculpture, et célébrée pour ses qualités de coloriste, fait en 1770, au pastel sur papier, le portrait de l’abbé Le Monnier.
Ce dernier est exposé au Salon de 1771 [sous le numéro 151], en même temps qu’un Portrait du sculpteur Pigalle, qu’elle a exécuté pour sa réception à l’Académie.
• http://www.pastellists.com/essays/roslins_lemonnier.pdf

Denis Diderot, alors dans sa cinquante-septième année, et qui depuis 1759 rend compte des Salons qui se tiennent au Salon carré du Louvre, fait l’éloge du portrait de l’abbé Le Monnier par Madame Roslin, dans son compte rendu du Salon de 1771, le septième Salon dont il rend compte dans la Correspondance littéraire, philosophique et critique de son ami Melchior Grimm : « Notre ami l’abbé Lemonnier ; c’est sa physionomie, sa simplicité, sa rusticité, sa vivacité, et même le reste de son apoplexie à la bouche. Très-vigoureux. Courage, Mme Roslin ! ».

1771
TRADUCTION DES COMÉDIES DE TÉRENCE.
Les Comédies de Térence. Traduction nouvelle, avec le texte latin à côté, et des notes. par M. l’abbé Le Monnier, de l’Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Lyon, Aumônier des Gardes du Corps de Monseigneur le Comte d’Artois.
[À Paris : Rue Dauphine, Chez Ant. Jombert père, Libraire du Roi et Claude Ant. Jombert fils, Libraire. De l’imprimerie de Louis Cellot. Trois volumes, in-8, XXIV-591+512+485 pp., M. DCC. LXXI (1771)].
Avec un frontispice et six illustrations gravées d’après Charles Nicolas Cochin.
Avec Approbation & Privilège du Roi.
L’ouvrage est dédié À Madame la Marquise de La Vaupallière. Préface. Vie de Térence. Notes. Fautes à corriger.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15100049
    Les illustrations de Charles Nicolas Cochin sont gravées par Choffard, Prévost, Rouseau, et Saint-Aubin.

L’éditeur prévoit trois tirages :

  1. Trois volumes, in-8, grand papier, sept Figures, de M. Cochin.
  2. Trois volumes, petit in-8, sans Figures.
  3. Trois volumes, petit in-8, sans Figures, & corrigé sur le Texte, à l’usage des jeunes gens.

Réédité en 1825, puis en 1832.
Comédies de Térence, traduction de Lemonnier, revue, corrigée avec soin, et précédée d’un essai sur la comédie latine et en particulier sur Térence, par M. Auger […] avec le texte en regard et des notes [Six volumes].‎
[Paris: Chez Janet et Cotelle, Libraires, impr. Jules Didot aîné, Imprimeur du Roi, à Paris].
Volume I : L’Andrienne. Volume II : L’Eunuque. Volume III : L’Héautontimorumenos. Volume IV : Les Adelphes. Volume V : L’Hécyre. Volume VI : Le Phormion.

C’est cette traduction de Térence [et de Perse], qui vaudra à l’abbé Lemonnier, de figurer, en 1795, presque vingt ans plus tard, sur la liste des gratifications attribuées par la Convention, sur le rapport de son Comité d’Instruction publque, aux savants et gens de lettres.

1771
TRADUCTION DE PERSE.
En 1771, Guillaume Antoine Lemonnier fait paraître une édition du poète stoïcien Perse [34-62], sous le titre : Satires de Perse, traduction nouvelle, avec le texte latin à côté et des notes, par M. l’abbé Le Monnier.
[Paris :  C.-A. Jombert père, L. Cellot, C.-A. Jombert fils aîné. Rue Dauphine. In-8, XXVIII-226p., M. CII. LXXI. (1771)].
Avec un frontispice gravé par Jean François Rousseau d’après Charles Nicolas Cochin.
Avec Approbation et Privilège du Roi.
L’ouvrage est dédié à Antoine Petit, docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris […].
Préface. Vie de Perse. Avertissement. Texte latin, sur la page de gauche, traduction française en regard. Notes [très détaillées].
Avec, en exergue sur la page de titre, deux vers de l’Art poétique de Boileau :
« Perse, en ses vers obscurs, mais serrés et pressants
Affecta d’enfermer moins de mots que de sens ».

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72206h/f3.item

Le texte de la traduction a été révisé, sur les épreuves, par Denis Diderot.

Le « frontispice » des Satires de Perse [ainsi que le frontispice du Térence et ses six illustrations] sont exposées par Charles Nicolas Cochin au Salon du Carré du Louvre de 1771, c’est à dire la même année que le portrait de Lemonnier, par Mme Roslin.

L’éditeur prévoit deux tirages :

  1. Un volume, grand in-8, 1 Figure.
  2. Un volume, petit in-8, sans Figure.
  3. ÉPÎTRE À UNE DAME DE VALOGNE.
    Épître à une Dame de Valogne.
    [s. l. ; s. d.] In-8, 16 p. Par M. D.
  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5467646v/f4.item

À la suite du texte cette épître en octosyllabes, une citation de Gresset, Comédie du Méchant : On ne vit qu’à Paris, & l’on végète ailleurs.

1777
PETITE GUERRE ENTRE LEMONNIER ET SÉLIS.
Quelques années plus tard, en 1776, Nicolas Joseph Sélis, ultérieurement professeur de rhétorique au collège Louis-le-Grand, fait également paraître une traduction en prose des Satires de Perse [34-62] : Satires de Perse, traduites en françois, avec des remarques. Par M. Sélis, ancien Professeur d’Éloquence. Docteur agrégé en la Faculté des Arts de l’Université de Paris, de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres & Arts d’Amiens.
[À Paris : chez Antoine Fournier, Libraire, rue de Hurepoix, à la Providence. Avec Approbation, et Privilège du Roi. In-8, LII-246 p., 1776].
Dédicace. Préface. Notes sur la Préface. Notes. Approbation. Privilège. Fautes à corriger.
Numérisé : Bibliothèque de Lyon.
•https://numelyo.bm-lyon.fr/f_view/BML:BML_00GOO0100137001102684839#

À la suite de la parution de cette édition de Perse, par Nicolas Joseph Sélis, l’abbé Lemonnier fait paraître, en mai 1776, dans le numéro 8 de l’Année littéraire une critique.
Nicolas Joseph Sélis réplique, presque un an plus tard, en mars 1777, et sur un ton assez vif, met en cause la traduction de Lemonnier, en en relevant les contre-sens…

Guillaume Antoine Lemonnier fait alors paraître les éléments du dossier, sous le titre piquant : Petite guerre entre M. l’abbé Le Monnier et M. Sélis, au sujet de la Traduction des Satires de Perse par ce dernier. Pour l’amusement de ceux qui aiment encore les Auteurs Latins.
[À La Haye ; Et se trouve à Paris : Chez Fournier l’aîné, Libraire, rue du Hurepoix, près du Pont Saint-Michel. 1777].

  • https://www.google.fr/books/edition/Petite_guerre_entre_M_l_Abb%C3%A9_LeMonnier/woY9AAAAcAAJ?hl=fr&gbpv=1&dq=S%C3%A9lis&pg=PA2&printsec=frontcover

En 1817, l’éditeur A. Delalain publie une édition des Satires de Perse, avec les deux traductions et les notes réunies de MM. Le Monnier et Sélis [et une Lettres de M. Le Monnier à M. Sélis].
[Paris : impr. de A. Delalain. In-12, LX-434 p.1817].

1773
RECUEIL DE FABLES, CONTES ET ÉPÎTRES.
Fables, contes et épîtres, par M. l’abbé Le Monnier. [Suivi de : Réponse aux questions sur la traduction de Térence].
[Paris : Rue Dauphine, Ch.-Ant. Jombert père. Libraire du Roi ; L. Cellot, Imprimeur-Libraire ; Cl. Ant. Jombert fils aîné, Libraire. In-8, XXIV-215-7 pp. M. DCC. LXXIII (1773)]. En liminaire, en prose : De la Fable. Table [quarante-quatre fables ; trois contes ; six épîtres]. Fautes à corriger. Explication de l’estampe. Estampe.
Avec Approbation et Privilège du Roi.
Avec en exergue des vers de La Fontaine :
Vous voulez qu’on évite un soin trop curieux,
Et des vains ornements l’effort ambitieux :
Je le veux comme vous : cet effort ne peut plaire.
Un auteur gâte tout quand il veut trop bien faire.»

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74855v

L’éditeur prévoit deux tirages :

  1. Un volume, in-8, 1 Figure.
  2. Un volume, petit in-8, sans Figure.

Dans ce recueil de vers est repris, sous le titre Le Fils ingrat [Fable XLIV], un texte initialement rédigé [et paru en 1765] avec le titre Dialogue sur la raison humaine, première oeuvre, en vers alexandrins, de l’abbé, remaniée sur les conseils de Diderot.

1773
LE BON FILS.
Le Monnier écrit par ailleurs pour le compositeur de musique François André Danican-Philidor [1726-1795], une comédie intitulée Le Bon fils, ou Antoine Masson, en un acte et en prose, mêlée d’ariettes, imprimée sous le pseudonyme de François Antoine De Vaux [livret imprimé : Paris : chez la Vve Duchesne, libraire rue Saint-Jacques, au Temple du Goût. In-8, 80 p., 1774].

Jouée le 11 janvier 1773 par les Comédiens italiens ordinaires du Roi, cette pièce de théâtre, de piètre qualité littéraire si l’on en croit quelques critiques de l’époque, serait l’élément déclencheur du départ de Paris de Lemonnier.
En effet, si l’on se fie aux Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la République des lettres [rédigés par L. Petit de Bachaumont, M.-F. Pidansat de Mairobert et Moufle d’Angerville], « le Chapitre est furieux contre ce suppôt prévaricateur, & l’archevêque de Paris exige dit-on qu’il soit destitué de sa place ». Moqueur, le commentateur estime, le 5 février 1773, « Ce serait acheter bien cher la honte d’avoir produit une aussi détestable drogue »

1775
PORTRAIT À NOUVEAU.
Un autre portrait de Lemonnier, peint cette fois par Anne Vallayer-Coster [1744-1818], admise elle aussi à l’Académie royale de peinture et de sculpture depuis 1770, réputée pour ses natures mortes, est exposé au Salon de 1775. Mais on a perdu la trace du tableau.

1777
FÊTES DES BONNES-GENS.
Fêtes de bonnes-gens de Canon et des Rosières de Briquebec.
[À Avignon. Et se vend au profit des Rosières de Briquebec ; À Paris : chez L’Abbé Le Monnier, Cour du Palais, près la Première Présidence ; chez Prault, Imprim. du Roi, quai de Gêvres ; chez Les Frères Jombert & Cellot, rue Dauphine ; chez La Veuve Vallat-La-Chapelle, sur le Perron de la Sainte-Chapelle. In-8, 208 p., M. DCC.LXXVII, (1777)].

Vignette sur la page de titre. Orné d’un frontispice dessiné et gravé sur cuivre par J. M. Moreau le Jeune.
Le texte qui donne le titre de l’ouvrage est sous forme de quinze lettres en prose et quelques pièces de vers, et quelques unes, lorsqu’elles sont longues, avec des « suites ».
L’ouvrage composite contient également : Le Curé de Briquebec, conte moral [en vers].
La Bergère bienfaisante, petit drame pastoral, tiré d’un idylle de Gessner : Ménalque & Alexis.
Discours d’un nègre marron, qui a été repris et qui va subir le dernier supplice [déjà paru en 1759].
Plus une page non chiffrée donnant une liste des publications de l’abbé Lemonnier

L’ouvrage est dédié : « A Monseigneur l’Evêque de Coutances [Mgr. Talaru]. Préface, qu’il fera bon de ne lire qu’après l’Ouvrage ».

  • https://books.google.fr/books?id=Tfs5AAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Le village de Canon, alias Canon-les Bonnes Gens, aujourd’hui Mézidon-Canon, ou encore Mézidon Vallée d’Auge], dans le Calvados ; et Briquebec dans le Cotentin.
Cette fête eut lieu de 1775 à 1786 : elle récompensait le meilleur vieillard, la meilleure fille, la meilleure mère, le meilleur chef de famille de quelques villages de la commune de Coutances.
C’est le père de l’abbé Lemonnier qui fut nommé meilleur vieillard de la fête en 1775.

Quant à la Fête de la Rosière, strictement dit, elle vise à célébrer et à recompenser une jeune fille reconnue par sa vertu. Cette institution se répandit vers la fin des années 1760, notamment grâce à la comédie en trois actes [mêlée d’ariettes] La Rosière de Salency montée par Charles Simon Favart, représentée au château royal de Fontainebleau le 25 octobre 1769 et au Théâtre-Italien le 14 décembre. Et à la célébration de ce thème, à plusieurs reprises, par Mme de Genlis dès 1766.

Les premières pages de l’ouvrage ont été publiées, en avant-première en 1775, dans le Journal littéraire de Fréron, avec une courte présentation élogieuse.

L’ouvrage est réédité en 1778 : Fêtes des Bonnes-Gens de Canon et des Rosières de Briquebec et de Saint-Sauveur le Vicomte [Paris : Prault, Jombert et Cellot, Veuve Duchesne et Lesclapart. 1778].
Et, comme un prolongement en 1778 : Supplément à la Fête des Rosières de Briquebec et Fête de la Rosière de Saint-Sauveur le Vicomte. Prix 1 livre 4 sols, au profit de la Rosière de St Sauveur le Vicomte [Paris : Prault, Jombert et Cellot, Veuve Duchesne et Lesclapart. 1778].

Et encore la même année [sans l’indication du nom d’auteur] : Rosière de Passais, ou Piété filiale de Jeanne Closier, récompensée par L. A. MM. les ducs de Chartres, de Montpensier & Mademoiselle, pour servir de suite et de complément aux Fêtes de bonnes gens de Canon. Par l’abbé Le Monnier.
[À Paris : Jombert & Didot, la Veuve Esprit ; et à Caen : chez Poisson. In-8, 104 p., 1788].

1778
CURÉ DE MONTMARTIN.
Curé de Montmartin en Graignes, Guillaume Antoine Lemonnier participe en 1789, à Coutances [département de la Manche] à la préparation des États-Généraux. Puis en 1791, prête serment à la Constitution civile du clergé.

1794
PENDANT LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.
Cependant Guillaume Antoine Lemonnier, au gré des variations politiques de la Révolution, est arrêté à Montmartin, placé en prison à Sainte-Marie du Mont, puis transferé à Paris à Sainte-Pélagie. Remis en liberté au lendemain de la « chute de Robespierre » le 9 thermidor an II [27 juillet 1794].

Des « Pièces justificatives pour Guillaume-Antoine Le Monnier, ci-devant curé de Montmartin-en-Graignes », l’accusant ou le disculpant en détail, publiées en 1793 [in-4, 27 p.] sont accessibles sur Internet, via Gallica.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5474796f/f4.item

1795
BÉNÉFICIAIRE D’UNE GRATIFICATION DE LA CONVENTION.
Guillaume Antoine Lemonnier est inscrit, au 27 germinal an III [16 avril 1795], dans une deuxième liste de gratification pour la somme de deux mille livres ; liste portant sur quarante-huit personnes, proposée sur le rapport du Comité d’Instruction publique de la Convention.
Au 27 germinal trois listes sont décidées, une première pour trois mille livres ; une seconde pour deux mille livres ; une troisième pour mille cinq cents livres.

La liste pour deux mille livres concerne : Bérenger, littérateur ; Bridan, sculpteur. Castillon [de Toulouse], littérateur ; Desforges, littérateur ; Fénouillot-Falbaire, littérateur ; Gastelier, médecin ; Gail, traducteur de Xénophon, de Théocrite, etc. ; Giraud-Kérundou, mathématicien ; Leblanc, poète ; Leclerc, auteur de l’Histoire naturelle de l’homme malade ; Lemonier [sic], traducteur de Térence et de Perse ; Millin, auteur des Antiquités de la France ; Sylvestre-Sacy, littérateur, savant dans les langues orientales ; Schweig Hoenser, littérateur ; Thillier, géomètre.

Au 14 nivôse an III [3 janvier 1795], une première liste, avec ses trois niveaux, avait été proclamée, portant sur un total de cent seize personnes.

1796
ÉLU COMME ASSOCIÉ NON RÉSIDANT À L’INSTITUT NATIONAL.
Guillaume Antoine Lemonnier est élu à l’Institut national, le 13 février 1796, associé non résidant de la classe de Littérature et des Beaux-Arts [section des Langues anciennes].
L’Institut national des sciences et des arts est créé par la loi sur l’organisation de l’Instruction publique du 3 brumaire an IV [25 octobre 1795].
Sont élus au 13 février 1796, les premiers associés non résidants, dans les sections de Grammaire, de Langues anciennes, de Poésie, d’Antiquités et Monuments, etc.

Dans la section des Langues anciennes, sont élus : Richard Brunck [1729-1803], commissaire des guerrres ; Guillaume Antoine Lemonnier [1721-1797], bibliothécaire de la bibliothèque du Panthéon ; François Sabathier [1735-1807], professeur au collège de Châlons-sur-Marne ; Pierre Ruffin [1742-1824], premier secrétaire d’ambassade ; Jean Schweighaeuser [1776-1844], futur membre libre.

La notice consacrée à Lemonnier, en tête des lettres de Diderot à l’abbé Le Monnier, signale qu’à cette occasion, il aurait rédigé un « Mémoire » sur le pronom Soi.

1796
ATTACHÉ COMME ADMINISTRATEUR À LA BIBLIOTHÈQUE DU PANTHÉON.
Nommé en mai 1796, attaché à la Bibliothèque du Panthéon [nouvelle appellation depuis 1790 de la Bibliothèque publique des Génovéfains, devenue propriété nationale], comme administrateur, au poste rendu vacant par le décès de l’ancien dominicain Alexandre Guy Pingré [1711-1796] survenu le 1er mai 1796, chronologiquement le premier bibliothécaire.
Sa nomination se fait grâce à l’appui d’Étienne François Le Tourneur [1751-1817], député du département de la Manche, et, depuis la fin octobre 1795, l’un des cinq directeurs du Directoire.

La Bibliothèque du Panthéon reste située au dernier étage de l’abbaye de Sainte-Geneviève, abbaye sur l’emplacement de laquelle s’établira en octobre 1796 l’École centrale du Panthéon, puis le lycée Napoléon [1804], le collège Henri-IV [1814], etc.
La bibliothèque prendra ultérieurement le nom de Bibliothèque Sainte-Geneviève, dans les locaux construits, de 1843 à 1850, par Henri Labrouste [1801-1875] sur l’emplacement de l’ancien collège de Montaigu.

Guillaume Antoine Lemonnier reste en poste comme administrateur à peine un an, jusqu’à son décès, survenu le 4 avril 1797, à Paris.
Est remplacé par Pierre Claude François Daunou [1761-1840], nommé administrateur-en-chef de la Bibliothèque du Panthéon le 17 floréal an V [6 mai 1797], et qui restera en poste jusqu’en 1804, date de sa nomination comme Garde des Archives. Jean Marie Viallon [1746-1805] et Étienne Pierre Ventenat [1757-1808] étant auprès de lui conservateurs.

1797
LYCÉE DES ARTS.
Le Journal du Lycée des Arts, paraissant à partir d’avril 1795, dans sa livraison du 30 ventôse an V [20 mars 1797], rend compte d’une intervention de Guillaume Antoine Lemonnier, dans sa cinquantième séance, un peu moins d’un mois avant son décès : « Le bon, le naïf le Monnier [sic] est entendu avec le plaisir qu’il est accoutumé de faire, dans une nouvelle fable qui est vivement applaudie ». Ce qui laisse présager d’autres interventions antérieures.
Le Lycée des Arts et Métiers [à distinguer du Lycée créé en 1781, où enseignent entre autres Garat et La Harpe], créé en août 1792, sous les auspices de la Société philomatique, par Charles Emmanuel Gaulard de Saudray [1740-1832], avec le médecin et chimiste Antoine François Fourcroy [1755-1809] comme premier président, est inauguré le 7 avril 1793. Installé dans le Cirque du Jardin Égalité du Palais-Royal, l’établissement comprend un salon, une salle de spectacle, quatre salles de cours, un cabinet de lecture, un museum, un café et un restaurant. Une vingtaine de personnalités au moins, souvent des scientifiques, y prêtent gratuitement leur concours régulier pour des conférences.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9800729n.texteImage

CÉLÉBRATIONS.
Dans l’édition par Jules Assézat et Maurice Tourneux des Lettres de Denis Diderot à l’Abbé Le Monnier [dans Oeuvres complètes de Diderot. Garnier. XIX. pp. 353-358], sont fournies des indications sur les célébrations dont Lemonnier fut l’objet après son décès survenu le 4 avril 1797.

L’abbé François Valentin Mulot [1749-1804], ancien prédicateur, député à l’Assemblée nationale législative [1791-1792] et homme de lettres, prononce dans la séance publique du Lycée des Arts, le 30 floréal an V [19 mai 1797], un éloge de Lemonnier, publié sous forme de Notice, avec comme titre :  Au sujet de Guillaume-Antoine Lemonnier, décédé le 4 avril 1797 [s.l. : In-8, 23 p.].

VARIATIONS.
La Bibliothèque nationale de France [BnF], dans son Catalogue général donne 1721, comme année de naissance.

  • https://data.bnf.fr/fr/13006427/guillaume-antoine_lemonnier/

Le Comité des travaux historiques et scientifiques [CTHS], rattaché à l’École des Chartes, donne comme date de naissance : 17 janvier 1723.

  • https://cths.fr/an/savant.php?id=115705

À DISTINGUER DE.
Guillaume Antoine Lemonnier [1721-1797] est à distinguer de Pierre René Lemonnier [1731-1796] dramaturge français et librettiste, auteur d’une dizaine de pièces théatrales, et notamment du livret de Le Cadi dupé, Opéra-comique en un acte [et en prose] mêlé d’ariettes. Par l’auteur du « Maître en Droit » [Paris : Duchesne. In-8, 64 p., 1761]. Musique de Christoph Willibald vonGlück.

  • https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k74469f.image

Est également à distinguer de l’astronome Pierre Charles Le Monnier [1715-1799], de l’Académie royale des Sciences.
De Louis Guillaume Le Monnier [1727-1799], professeur au Jardin des Plantes.
De Joseph Henri Lemonnier [1842-1936], professeur d’histoire de l’art à la Sorbonne.