Lemoine, Albert (1824-1874), à la jonction de la psychologie et de la physiologie

Albert Lemoine parcourt sans encombre toutes les étapes d'une carrière universitaire réussie : professeur de lycée en province puis à Paris, professeur de philosophie à la Faculté des Lettres à Nancy puis à Bordeaux, maître de conférences à l'École normale supérieure. Mais, bien que lauréat de l'Académie des Sciences morales et politiques, ne parvient pas, malgré cinq tentatives, à se faire élire.

[Jacques] Albert [Félix] Lemoine [1824-1874]. Né le 8 avril 1824, à Paris ; mort le 25 septembre 1874, à Paris.1844.

ANCIEN ÉLÈVE DE L'ÉCOLE NORMALE.
Albert Lemoine est reçu à l'École normale en 1844. Il est classé huitième sur les dix-huit élèves reçus, et bénéficie d'une demi-bourse.

Sont reçus cette année, pour la section lettres, dans l'ordre alphabétique : Jean Anselme ; Aristide Aubert ; Émile Beaussire ; Auguste Blandin ; Louis Brétignère ; Jean Nicolas Paul Théophile Caublot ; Frédéric Duvernoy ; Jean Eugène Fallex ; Eugène Gandar ; Jules Girard ; Louis Ernest Gomond ; Joseph Daniel Guigniaut ; Albert Lemoine ; Frédéric Morin ; Paul Alexandre Perrault ; Alexandre Pey ; Wilhelm Rinn ; Paul Wissemans.

Il effectue une scolarité de trois ans.

1847. AGRÉGATION DE PHILOSOPHIE.

Agrégation de philosophie, au sortir de l'École, en 1847.

Cette année, sous la présidence de l'Inspecteur général Georges Ozaneaux [1795-1852], sont reçus, dans l'ordre de classement : François Julien Brisebarre, ancien élève de l’École normale [1839] ; Albert Lemoine, ancien élève de l'École normale [1844] ; Amédée de Margerie ; Augustin Pellissier ancien élève de l’École normale [1839], Louis Bourgeois, ancien élève de l’École normale [1840].

1847. COLLÈGE ROYAL DE NANTES.

Au lendemain de l'agrégation, Albert Lemoine est nommé professeur de philosophie au collège royal, puis lycée, de Nantes [1847-1853].

Il y prépare son doctorat, passé à Paris. Et reste en fonction jusqu'en 1853.

1850. DOCTORAT ÈS-LETTRES.

Docteur ès-lettres [Paris, octobre 1850], avec une thèse latine Quid sit materia apud Leibnitium [Parisiis : A. Durand. In-8, 95 p., 1850].

La thèse française a pour titre : Charles Bonnet, de Genève, philosophe et naturaliste [Paris : A. Durand. In-8, 232 p., 1850].

1851. CONCOURS DE PHILOSOPHIE SUR LE SOMMEIL.

Dans le cadre des concours de la section de Philosophie, adoptés par l'Académie des Sciences morales et politiques, est proposé par Victor Cousin en novembre 1851, le sujet suivant : Du sommeil au point de vue psychologique. Le concours est récompensé par un prix de mille cinq cents francs [Prix du Budget]. Le terme est fixé au 31 décembre 1853.

Le programme est défini de la manière suivante :

Quelles sont les facultés de l’âme qui subsistent ou sont suspendues ou considérablement modifiées dans le sommeil ?

Quelles différences y a-t-il entre rêver et penser ?

Les concurrents comprendront dans leurs recherches le somnambulisme et ses différentes espèces.

Dans le somnambulisme naturel y a-t-il conscience et identité personnelle ?

Le somnambulisme artificiel est-il un fait ?

Si c’est un fait, l’étudier et le décrire dans ses phénomènes les moins contestables, reconnaître celles de nos facultés qui y sont engagées, et essayer de donner de cet état de l’âme une théorie, selon les règles d’une saine méthode philosophique.

Cinq mémoires sont remis et soumis à l'appréciation de la section de Philosophie. Dans sa séance du 19 août 1854, Jules Barthélemy-Saint-Hilaire lit le rapport préparé par le docteur Francisque Lélut.

Albert Lemoine « docteur ès-lettres, professeur de philosophie au lycée de Nantes », qui a remis le Mémoire n°5 [Manuscrit in-folio de 221 feuillets] reçoit le prix. Il éditera son travail en 1855.

LE JUGEMENT DE RAVAISSON SUR LE MÉMOIRE DE LEMOINE.

Dans le cadre plus général des nombreux Rapports sur les progrès des lettres et des sciences en France, commandés par le Ministère de l'instruction publique, parallèlement à l'Exposition universelle de l'Industrie [avril-novembre 1867], Félix Ravaisson [1813-1900], alors Inspecteur général pour l’enseignement supérieur des lettres fait paraître, en 1868, La Philosophie en France au XIX ème siècle [Paris : Imprimerie impériale. In-8, 266 p., 1868].

Dans ce texte, il consacre quelques lignes au Mémoire d'Albert Lemoine :

« L'Académie des Sciences morales et politiques ayant mis la question du sommeil au concours, M. Albert Lemoine remporta le prix qu'elle avait proposé. Dans son Mémoire, il soutint et il appuya de nombreuses et ingénieuses remarques des opinions peu différentes de celles que M. Lélut avait sommairement exposées [dans un Mémoire sur le sommeil, les songes et le somnambulisme, lu à l'Académie des sciences morales et politiques les 27 mars et 17 avril 1832] ».

1853. PROFESSEUR À CONDORCET.

Après le doctorat Albert Lemoine est nommé en 1853, à Paris, comme professeur de Logique au lycée Bonaparte [Condorcet]. Il y reste une quinzaine de mois, jusqu'en décembre 1854, date à laquelle il est nommé à la Faculté des Lettres de Nancy.

1854. FACULTÉ DES LETTRES DE NANCY.

La Faculté des Lettres de Nancy, avec vingt-deux autres facultés, est créée en 1810, dans le cadre de l’Université impériale.

Mais en 1815, avec la seconde Restauration, dix-sept académies sont supprimées par l’arrêté du 31 octobre 1815 de la commission de l’Instruction publique, présidée par Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816. ?C’est le cas de la Faculté de Nancy.

La Faculté des Lettres de Nancy est reconstituée par décret en date du 22 août 1854.

Albert Lemoine y est nommé en décembre 1854, comme délégué dans la chaire de Philosophie. Il y remplace Charles Lévêque [1818-1900], nommé à Nancy en octobre 1854, mais qui n'a pas rejoint son poste ayant été nommé simultanément chargé du cours d’Histoire de la philosophie à la Faculté des Lettres de Paris [1854-1856] auprès de Jean Philibert Damiron.

Il prononce sa première leçon le 9 février 1855, et édite sa leçon d'ouverture : Leçon d'ouverture du cours de philosophie professé à la Faculté des lettres de Nancy, par Albert Lemoine, faite le 9 février 1855. [Nancy : impr. de A. Lepage. In-8, 27 p. 1855].

Il y reste un an comme chargé de cours [1855-1856], puis, nommé à Bordeaux, est remplacé comme chargé de cours à Nancy, par Amédée [Jacquin] de Margerie [1825-1905], agrégé de philosophie en 1847, docteur ès-lettres [Paris, 1855].

1855. DU SOMMEIL AU POINT DE VUE PHYSIOLOGIQUE ET PSYCHOLOGIQUE.

En 1855, à partir du Mémoire qui a obtenu le prix de l'Académie des Sciences morales et politiques, Albert Lemoine publie : Du Sommeil au point de vue physiologique et psychologique, par Albert Lemoine, docteur ès-lettres, professeur de philosophie à la faculté des Lettres de Nancy. Ouvrage couronné par l'Institut de France [Académie des Sciences morales et politiques]. [Paris : Chez J. B. Baillière, librairie de l'Académie impériale de Médecine. Rue Hautefeuille, 19 […]. In-8, VIII-410 p., 1855]. Avec, sur la page de titre une citation de Cicéron et une citation de Pascal.

La Préface de l'ouvrage donne l'intitulé détaillé du sujet.

« Aucun changement, précise Albert Lemoine, n'a été fait au fond même de cette étude, qui pût en altérer le sens et le caractère ; mais nous avons dû profiter des sages conseils et des justes critiques du savant rapporteur. Quelques lacunes ont donc été comblées, quelques chapitres remaniés, afin de rendre ce travail le moins indigne qu'il nous était possible d'être offert au public ».

1856. FACULTÉ DES LETTRES DE BORDEAUX.

Après la mise à la retraite de Jean Ladevi-Roche [1794-1871], professeur titulaire de 1840 à 1855, alors âgé de soixante deux ans, Albert Lemoine est chargé de cours [1856-1858], puis titulaire [1858-1859] dans la chaire de Philosophie de la Faculté des Lettres de Bordeaux.

Nommé en 1858, à Paris, Albert Lemoine est suppléé par Louis Lefranc pendant l'année universitaire 1858-1859.

1857. MÉMOIRE SUR STAHL ET L'ANIMISME.

Dans les séances des samedis 22 et 29 août, puis du samedi  26 septembre, des samedis 10 et 17 octobre 1857, du samedi 7 novembre 1857 le secrétaire perpétuel, François Mignet, fait la lecture d’un Mémoire d' Albert Lemoine [1824-1874] sur Stahl et l’animisme.

Publié dans Compte-rendu des Séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques. Année 1857. Tome 42, pages 461-480 ; et année 1858, tome 43, pages 119-148 et 269-299 ; tome 44, pages 433 sq. ; tome 45, pages 197 sq.

Un an plus tard, en 1858, Albert Lemoine publie son Mémoire sous forme d'un ouvrage : Le vitalisme et l'animisme de Stahl [Paris : Germer Baillière. In-18. 1858].

1858. PROFESSEUR DE LOGIQUE À CONDORCET.

Nommé à nouveau à Paris, Albert Lemoine quitte son enseignement à la Faculté des Lettres de Bordeaux, et vient enseigner au très prestigieux lycée Condorcet [1858-1863].

1862. L'ALIÉNÉ DEVANT LA PHILOSOPHIE, LA MORALE ET LA SOCIÉTÉ.

L'aliéné devant la philosophie, la morale et la société, par Albert Lemoine, professeur de philosophie au lycée Bonaparte [Paris : Librairie académique Didier et Cie, libraires-éditeurs, 35, quai des Augustins. in-8, VII-552 p., 1862]. Dans l'Avant-Propos, Albert Lemoine justifie son travail, bien qu'il ne soit pas médecin. Avec une Table des matières.

L'ouvrage est réédité, comme deuxième édition, en 1863.

1862. L'ÂME ET LE CORPS. ÉTUDES DE PHILOSOPHIE NATURELLE.

L'âme et le corps. Études de philosophie morale et naturelle, par Albert Lemoine, professeur de philosophie au lycée Bonaparte [Paris : Librairie académique Didier et Cie, libraires-éditeurs, 35 quai des Augustins. in-12, IV-424 p., 1862].

Le livre est un recueil d'articles parus dans des revues :

Pages 1-60 : Opinion des Anciens et recherches des modernes sur le siège de l'âme.

Pages 61-178 : Apologie des sens par un spiritualiste.

Pages 179-268 Le Génie. La folie et l'idiotisme.

Pages 269-294. Le Démon de Socrate. Commentaire de l'ouvrage de Louis Francisque Lélut qui avait fait paraître en 1836 Le Démon de Socrate : Specimen d'une application de la science psychologique à celle de l'histoire [Paris : Trinquart, libraire-éditeur, rue de l'École de médecine, 9. In-8, 363 p., 1836]. Paru initialement dans les Annales médico-psychologiques, et publié en tiré à part [Paris : imprimerie de L. Martinet. In-8, 16 p., 1857].

Pages 295-337. Descartes médecin. A propos de la publication des Oeuvres inédites de Descartes par le comte Foucher de Careil. Deux parties 1859-1860.

Pages 339-362. Broussais. Philosophie.

Pages 363-423. Maine de Biran. A propos de la publication des Oeuvres philosophiques [de Maine de Biran] par M. Cousin. Quatre volumes 1834-1841 ; et des Oeuvres inédites publiées par Naville. Trois volumes 1859.

D'évidence ce recueil vise à conforter la position d 'Albert Lemoine par rapport aux membres de l'Académie des Sciences morales et politiques, académie prestigieuse dans laquelle il songe, depuis quelques mois, à se faire élire.

1863. PREMIÈRE TENTATIVE AUPRÈS DE L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.

Cette même année 1862, Albert Lemoine songe à se faire élire à l'Académie des Sciences morales et politiques, dans la section de Philosophie.

Un fauteuil s'est libéré en 1862 avec le décès de Jean Philibert Damiron [1794-1862], survenu le le 11 janvier 1862.

Il soumet sa candidature, en sachant qu'en se présentant cette première fois, il prend simplement date.

L'élection a lieu le 7 février 1863. La section de Philosophie avait placé au premier rang Émile Saisset [1814-1863], professeur d'Histoire de la philosophie à la Faculté des Lettres de Paris [1856-1863] ; au deuxième rang Nicolas Bouillet [1798-1864], Inspecteur général de l’Instruction publique pour l'enseignement secondaire [1861-1864] ; au troisième rang Charles Lévêque [1818-1900], professeur de Philosophie grecque et latine au collège de France, qui avait posé tardivement sa candidature le 3 janvier 1863 ; enfin au quatrième rang ex-æquo, et dans l'ordre alphabétique, le mathématicien Antoine Augustin Cournot [1801-1877] ancien Inspecteur général et Recteur de l’Académie de Dijon ; Alexandre Louis Foucher de Careil [1826-1891], spécialiste de Leibniz ; Albert Lemoine [1824-1874].

Sur trente-deux votants, Émile Saisset, dès le premier tour obtient vingt-sept suffrages ; deux pour Nicolas Bouillet ; deux pour Foucher de Careil, un seul pour Charles Lévêque.

Albert Lemoine ne recueille aucun suffrage. Mais il va se représenter en mai 1865.

1863. MAÎTRE DE CONFÉRENCES À L'ÉCOLE NORMALE.

En 1863, Albert Lemoine est délégué aux fonctions de maître de conférences de philosophie à l'École normale supérieure, en remplacement de Charles Lévêque [1818-1900], qui n'y reste qu'un an [1861-1862].

Albert Lemoine assure une des deux conférences de philosophie, et reste en fonction jusqu'en 1872. L'autre conférence est assurée par Elme Marie Caro [1826-1887], de 1857 à 1864, puis par Jules Lachelier [1832-1918], de 1863 à 1877.

Albert Lemoine est remplacé en 1872 par Alfred Fouillée [1838-1912].

1863. LES FUNÉRAILLES D'ÉMILE SAISSET.

Émile Saisset [1814-1863], meurt le 27 décembre 1863.

Ancien élève de l’École normale [1833], agrégé de philosophie [1836], il avait succédé à Jean Philibert Damiron [1856-1863] dans la chaire d'Histoire de la philosophie moderne de la Faculté des Lettres de Paris.

Il venait d’être élu, le 7 février 1863, à l'Académie des Sciences morales et politiques, dans la section de Philosophie [fauteuil 1], en remplacement de Jean-Philibert Damiron, décédé lui-même le 11 janvier 1862.

Aussi, trois discours sont-ils prononcés le 29 décembre 1863 à ses funérailles : celui de Joseph Naudet [1786-1878], alors Président de l'Académie des Sciences morales et politiques, au nom de l'Institut ; celui de Paul Janet [1823-1899], au nom de la Faculté des Lettres de Paris ; et enfin celui d'Albert Lemoine, au nom des anciens élèves de l'École normale [Paris : impr. de P.-A. Bourdier. In-8, 20 p., 1863].

1864. LE VITALISME ET L' ANIMISME DE STAHL.

Albert Lemoine publie sous forme d'ouvrage : **Le vitalisme et l'animisme de Stahl, par Albert Lemoine, maître de conférences à l'Ecole normale supérieure [Paris : Germer Baillière, libraire-éditeur, rue de l'Ecole de médecine, 17. Collection Bibliothèque de philosophie contemporaine. In-18, VII-206 p., 1864].

Dans la séance du 29 octobre 1864, Raymond Wolowski [1810-1876], membre de la section d’Économie politique, présente en hommage à l’Académie des Sciences morales et politiques l’ouvrage d' Albert Lemoine, « maître de conférences à l’École normale supérieure » sur Le Vitalisme et l’animisme de Stahl ; manière de préparer une seconde candidature d'Albert Lemoine, rendue possible par le décès d' Émile Saisset.

1865. DE LA PHYSIONOMIE ET DE LA PAROLE.

Albert Lemoine intervient devant les membres de l'Académie des Sciences morales et politiques sur le thème De la Physionomie et de la parole, au cours de plusieurs séances.

Notamment dans les séances du 11 et 18 février 1865, quelques semaines avant l'élection qui doit pourvoir au fauteuil libéré par le décès d' Émile Saisset.

Il achève sa lecture dans la séance du 18 novembre 1865, après son échec à l'élection.

Ces lectures sont reproduites dans le Compte-rendu des Séances et travaux de l’Académie des Sciences morales et politiques. Année 1865. Tome 72, pages 437-468 ; et dans le tome 73, pages 73-104. Au titre des articles des savants étrangers.

Dans la même année, en 1865, Albert Lemoine publie sous forme d'un ouvrage : De la Physionomie et de la parole [Paris : Germer Baillière. Bibliothèque de philosophie contemporaine. In-18, 219 p., 1865].

1865. DEUXIÈME TENTATIVE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.

Le décès d' Émile Saisset [1814-1863] le 27 décembre 1863, l'année même de son élection libère à nouveau un fauteuil dans la section de Philosophie de l'Académie des Sciences morales et politiques.

Albert Lemoine décide de s'y présenter. L'élection a lieu le 6 mai 1865.

La section de Philosophie ne place Albert Lemoine qu'au troisième rang, ce qui ne lui donne à nouveau aucune chance d'être élu.

Le classement par la section était le suivant : au premier rang ex-æquo Charles Lévêque [1818-1900], professeur de Philosophie grecque et latine au collège de France ; et Étienne Vacherot [1809-1897], ancien directeur des études à l'Ecole normale ; au deuxième rang ex-æquo Elme Marie Caro [1826-1887], Inspecteur de l'Académie de Paris [1861-1864] et Jean Félix Nourrisson [1825-1899], professeur de Logique au lycée Napoléon, aujourd’hui lycée Henri-IV [1858-1871] ; au troisième rang ex-æquo Ernest Bersot [1816-1880], alors critique philosophique et littéraire au Journal des Débats ; Albert Lemoine [1824-1874], maître de conférences de Philosophie à l’École normale supérieure ; Charles Waddington [1819-1914], professeur de philosophie au lycée Saint-Louis, déjà correspondant de la section de Philosophie depuis le 20 juin 1863.

Au premier tour de scrutin, sur trente-quatre votants, quinze suffrages pour Charles Lévêque ; dix pour Étienne Vacherot ; trois pour Elme Marie Caro ; trois pour Jean Félix Nourrisson ; trois pour Ernest Bersot.

Au deuxième tour de scrutin sur trente-cinq votants, vingt-six suffrages pour Charles Lévêque, cinq pour Étienne Vacherot, quatre pour Ernest Bersot. Charles Lévêque, ayant réuni la majorité absolue des suffrages est proclamé élu.

Albert Lemoine n'a encore recueilli aucun suffrage. Il décide pourtant de se représenter encore.

1866. TROISIÈME TENTATIVE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.

En mai 1866, à la suite du décret impérial du 9 mai 1866, le nouveau règlement de l'Institut prévoit que la section de Philosophie de l'Académie des Sciences morales et politiques comptera huit membres [au lieu de six antérieurement]. En effet le décret, en son premier article, supprime la section Politique, administration, finances, créée le 14 avril 1855. Ainsi chacune des autres sections voit son nombre de membres porté de six à huit.

A la suite de la création de deux nouveaux fauteuils l'un de ceux-ci [fauteuil 7] est attribué à Paul Janet, qui se voit transféré de la section de Morale à la section de Philosophie.

Mais il y a encore un autre fauteuil [fauteuil 8] à pourvoir.

Albert Lemoine se présente à l'élection, qui a lieu le 23 juin 1866.

Au premier rang était placé le duc Victor de Broglie, déjà membre de l’Académie française [1855], qui avait le soutien de V. Cousin, bien que de Broglie fut le candidat du parti monarchiste et religieux, combattu par Sainte-Beuve ; au deuxième rang ex-æquo, Elme Marie Caro [1826-1887], Inspecteur de l’Académie de Paris depuis 1861, qui s’est déjà présenté en mai 1865 ; Albert Lemoine [1824-1874], maître de conférences de philosophie à l’École normale supérieure [1863-1872] ; Jean Félix Nourrisson [1825-1899], professeur de philosophie au lycée Napoléon [aujourd’hui lycée Henri-IV], qui s’est déjà présenté en mai 1865 ; Charles Waddington [1819-1914], professeur de philosophie au lycée Saint-Louis, déjà correspondant de l’Institut depuis 1863, qui s’est déjà présenté en mai 1865, face à Charles Lévêque, pour tenter d' être élu membre titulaire.

Victor de Broglie est élu au premier tour de scrutin avec vingt-quatre suffrages sur trente-et-un votants. Elme Marie Caro obtient une voix. Il y a six billets blancs [c’est un nombre anormalement élevé, manifestation de la mauvaise humeur de l’Académie au sujet de cette élection].

Albert Lemoine n'a encore recueilli aucun suffrage. Il décide pourtant de se représenter une nouvelle fois.

1868. LECTURE SUR L'IMMORTALITÉ DE L'ÂME.

Albert Lemoine est à nouveau autorisé à prononcer une lecture devant l'Académie des Sciences morales et politiques, sur le thème de l'Immortalité de l'âme. Il intervient le 18 janvier et 1er février 1868, soit environ à peu près un mois avant les prochaines élections qui visent à pourvoir, dans la section de Philosophie, le fauteuil libéré par le décès de Victor Cousin.

Le texte de cette intervention est publiée dans le Compte-rendu des Séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques. Année 1868. Tome 84, pages 101-129.

1868. QUATRIÈME TENTATIVE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.

Le décès de Victor Cousin [1792-1867], qui se produit le 14 janvier 1867, libère à nouveau une place dans la section de Philosophie de l'Académie des Sciences morales et politiques.

L'élection a lieu, presque un an plus tard, le 7 mars 1868. Et cette fois Albert Lemoine est placé en deuxième et non pas en troisième ligne ; mais cependant il a très peu de chances d'être élu.

La section de Philosophie présentait en première ligne Étienne Vacherot [1809-1897], ancien directeur de l'École normale ; en deuxième ligne ex-æquo Elme Marie Caro [1826-1887], professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Paris ; Albert Lemoine [1824-1874] maître de conférences de Philosophie à l’École normale supérieure ; Jean Félix Nourrisson [1825-1899], professeur de Logique au lycée Napoléon, aujourd'hui Henri-IV ; en troisième ligne Charles Mallet [1807-1875], ancien recteur de l'Académie de Seine-Maritime [1850-1852], qui s'était déjà présenté sans succès le 13 février 1864, dans la section de Morale, face à Paul Janet, pour le fauteuil de Louis Villermé, décédé le 16 novembre 1863.

Le premier tour de scrutin donne dix-huit suffrages pour Étienne Vacherot, neuf pour Elme Marie Caro, neuf pour Jean Félix Nourrisson.

Le deuxième tour de scrutin donne dix-neuf suffrages pour Vacherot, dix pour Nourrisson, sept pour Caro. Étienne Vacherot, ayant obtenu la majorité absolue, est élu.

Albert Lemoine, une fois de plus, n'a recueilli aucun suffrage.

1869. MÉMOIRE SUR L' HABITUDE.

Albert Lemoine est admis, à nouveau, à lire un travail devant les membres de l'Académie des Sciences morales et politiques. Il intervient dans les séances du 16 octobre et 6 novembre 1869, avec un Mémoire sur l'Habitude.

Le texte de cette intervention est publiée dans le Compte-rendu des Séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques. Année 1870. Tome 91, pages 149-165 ; et Tome 92, pages 79-107.

Sera repris en 1875, dans l'ouvrage posthume : l'Habitude et l' Instinct, étude de psychologie comparée [Paris : Germer-Baillière].

1870. CINQUIÈME ET DERNIÈRE TENTATIVE À L'ACADÉMIE.

Albert Lemoine tente encore de se faire élire à l'Académie des Sciences morales et politiques, lorsqu'une place se libère à nouveau dans la section de Philosophie, à l'occasion du décès du duc Victor de Broglie [1785-1870], survenu le 25 janvier 1870.

Pour cette élection, qui a lieu le 14 mai 1870, la section de Philosophie présente au premier rang Félix Ravaisson [1813-1900] alors Inspecteur général pour l’enseignement supérieur des lettres ; au deuxième rang Jean Félix Nourrisson [1825-1899], professeur de Logique au lycée Napoléon, aujourd'hui Henri-IV ; au troisième rang Albert Lemoine [1824-1874], maître de conférences de philosophie à l’École normale supérieure. Il y a trente sept votants, la majorité absolue est 19.

Au premier tour Jean Félix Nourrisson obtient vingt suffrages, Félix Ravaisson quatorze suffrages, Albert Lemoine deux suffrages. Il y a un billet blanc. Jean Félix Nourrisson est donc élu au premier tour.

C'est la dernière fois que Albert Lemoine se présente, d'autant qu'aucun fauteuil ne se libère avant septembre 1874, mois et année de son décès.

1872. INSPECTEUR D' ACADÉMIE DE PARIS.

Pour des raisons de santé, Albert Lemoine quitte son enseignement à l'École normale supérieure et obtient un poste comme Inspecteur de l'Académie de Paris, en résidence à Paris. A ce titre fait partie du Conseil académique.

Sont Inspecteurs en résidence à Paris, en même temps que lui : Augustin Boutan [1820-1900] ; Marie Antoine Alexis Chassang [1827-1888] ; Henri Joseph Chevriaux [1816-1883] ; Julien Alexis Courgeon [1814-1887] ; Nicolas Félix Deltour [1822-1904] ; Eugène Garsonnet [1814-1876] ; Eugène Manuel [1823-1901].

On peut noter que pour beaucoup de ses collègues le poste d'Inspecteur de l'Académie de Paris, est une étape vers l'Inspection générale.

Albert Lemoine reste en fonction jusqu'à sa mort qui intervient le 25 septembre 1874.

La fin de sa vie est endeuillée par la mort de l'aîné de ses quatre enfants, qui venait d'être admissible à l'École normale.

1875. OUVRAGE POSTHUME.

En 1875, quelques mois après sa mort, paraît L' Habitude et l' Instinct. Études de psychologie comparée, par Albert Lemoine, Inspecteur de l'Académie de Paris [Paris : Librairie Germer Baillière, 17 rue de l'École de Médecine. In-12, VI-186 p., 1875]. Avec un Avertissement qui indique que la partie consacrée à l' Instinct a été revue par Élie Rabier, professeur de philosophie au lycée Charlemagne et Victor Egger, agrégé de philosophie avec le concours d'Émile Beaussire. Albert Lemoine y expose la théorie de Condillac, de Lamarck, de Darwin.

1875. CÉLÉBRATION DE LEMOINE À L'ACADÉMIE DES SCIENCES MORALES.

Dans la séance du 19 juin 1875 de l'Académie des Sciences morales et politiques, quelques mois après la mort d'Albert Lemoine, Adolphe Franck fait un compte-rendu très élogieux du travail de Lemoine sur l'Habitude, en renvoyant d'une part au Compte-rendu des Séances et travaux de l'Académie des Sciences morales et politiques. Année 1870. Tome 91, pages 149-165 ; et Tome 92, pages 79-107 ; et d'autre part au livre posthume qui vient de paraître sur L'habitude et l'instinct étude de psychologie compar&eac