L'abbé Jean François de Valrivière [1762-1839] est le premier professeur de philosophie au lycée impérial [puis collège royal] de Limoges, de 1810 à 1822, et à la Faculté des Lettres de Limoges, de 1811 à 1815. Il est en même temps secrétaire de la Faculté.
Dans l'Almanach impérial pour l'année M. DCCC. XI, et pour les années suivantes, almanach présenté à S. M. l'Empereur et Roi par Testu, de Valrivière s'écrit < Devalrivière >.
Une graphie généralement acceptée est Jean François de Valrivière.
La Bibliothèque Nationale de France indique François Valrivière.
Né le 17 juillet 1762, à Carrenac [aujourd'hui département du Lot] ; mort le 27 juin 1839.
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DANS LES LYCÉES.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques, au nombre de six : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : Langues anciennes, Histoire, Rhétorique [anciennement Belles-Lettres], Logique, et les éléments des Sciences mathématiques et physiques.
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues, comme analyse du jugement.
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement.
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes.
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808.
Démarche complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862].
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
1811. VALRIVIÈRE, PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE LIMOGES.
C'est dans ce cadre que l'abbé Jean François de Valrivière est le premier professeur de philosophie au lycée de Limoges [classé lycée de troisième classe], à partir de 1811. Il y reste en poste jusqu'en 1822.
Il est à noter qu'en 1810, tous les enseignements du lycée sont attribués [Pierre Cabantous en rhétorique ; Bataillard, pour la seconde année d'humanités ; etc. ], sauf celui de la philosophie.
Les lycées de troisième classe sont ceux de : Avignon ; Bonn ; Bruges ; Cahors ; Casal ; Clermont-Ferrand ; Dijon ; Gand ; Grenoble ; Limoges ; Moulins ; Nancy ; Napoléonville [Pontivy après 1814] ; Pau ; Poitiers ; Rodez.
Ainsi les différents professeurs de philosophie au lycée de Limoges, sont successivement :
L'abbé Jean François de Valrivière [1762-1839], de 1811 à 1822 ; l'abbé Garrigou, de 1823 à 1832 ; Charles Mallet [1807-1875] en 1832 ; Henri Pichard [vers 1810-1884] en 1834 ; Adolphe Bertereau [1811-1879] de 1835 à octobre 1845 ; Augusto Vera [1813-1885], à partir de fin 1845, jusqu'à fin 1848, date à laquelle il est suppléé par Joseph Guichemerre [1794-1870].
Ainsi on voit que le type de recrutement des professeurs de philosophie se modifie en 1835 avec Charles Mallet.
Dans un premier temps l'enseignement de philosophie est assuré le plus souvent par des prêtres, qui sont parfois en même temps aumônier de leur lycée.
Charles Mallet lui est un ancien élève de l'École normale [1831]. Au sortir de l’École normale, titulaire de la licence, il est chargé de l’enseignement de la philosophie au collège royal de Cahors. Après l'agrégation de philosophie en 1835 est nommé au collège royal de Limoges, en remplacement de l'abbé Garrigou.
De même Henri Pichard est un ancien élève de l’École normale [1830] et sera agrégé de philosophie en 1836. Joseph Guichemerre est lui aussi un ancien élève de l’École normale [1814], et déjà agrégé des lettres en 1822.
Ces nominations d'anciens élèves de l'École normale et d'enseignants qui ont passé le concours de l'agrégation de philosophie sous la présidence, à partir de 1830, de Victor Cousin [1792-1867], assure la laïcisation du corps professoral et l'homogénéisation des contenus d'enseignement [sous la houlette du spiritualisme cousinien].
1810. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE À LA FACULTÉ DES LETTRES DE LIMOGES.
Selon la norme de l'époque, la position de Jean François de Valrivière comme professeur de philosophie [professeur de première classe] au lycée de Limoges l'amène à devenir en même temps professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de la ville.
Ainsi à partir de l'année 1810, l'abbé Jean François de Valrivière est professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres de Limoges ; faculté dont l'abbé Louis d'Humières [1753-1834], professeur d'Histoire, est le premier doyen [1810-1815], en même temps que recteur de l'académie de Limoges [1809-octobre 1815].
L'abbé Jean François de Valrivière reste en poste jusqu'au 31 octobre 1815, date à laquelle la Faculté est supprimée.
La Faculté des Lettres de Limoges est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées, par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique du 31 octobre 1815, présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816. [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
La Faculté des Lettres de Limoges ne sera pas recréée.
1814. SECRÉTAIRE DE LA FACULTÉ DES LETTRES DE LIMOGES.
L'abbé Jean François de Valrivière devient en 1814, secrétaire de la Faculté des Lettres auprès du Doyen l'abbé Louis d'Humières [1753-1834], professeur d'Histoire.
Il succède, comme secrétaire de la Faculté, à Vincent* Daruty [1767-1812], professeur de Littérature française, secrétaire de 1810 à 1812, année de son suicide.
CURRICULUM ET PUBLICATIONS.
Ancien membre de la Congrégation de la Doctrine chrétienne [1781], dont la vocation générale est de former des enseignants.
À ce titre, enseigne, jusqu'à la Révolution, dans les collèges de Carcassonne, Limoges, Moulins et Bourges, en occupant successivement des postes en seconde, en rhétorique, en logique.
Après la Révolution [1799-1801] a la charge de l'enseignement et de la direction des élèves dans les collèges de Villefranche et de Souillac.
PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES AU LYCÉE DE LIMOGES.
Au moment de la création des lycées [à partir de 1803] Jean François de Valrivière enseigne [peut-être] au lycée de Bordeaux.
De 1804 à 1809, il est en toute certitude professeur de Belles-Lettres [on dira plus tard rhétorique] au lycée de Limoges, tandis que Pommeraux [ou Pommereau] ; Barny ; Isecq y sont professeurs de latin.
PRINCIPAL ET AUMÔNIER DU COLLÈGE DE GUÉRET.
Après les douze années d'enseignement de la philosophie au lycée [puis collège royal] de Limoges, Jean François de Valrivière est nommé au collège de Guéret [département de la Creuse, académie de Limoges].
Il y est le principal. Et assure en même temps les fonctions d'aumônier.
SITOGRAPHIE.
Les chaires des Facultés de Lettres et de Sciences en France au XIXème siècle :
facultes19.ish-lyon.cnrs.fr/prof_facultes_1808_1880.php