L'abbé Jean Louis Bernardeau [1762-1829] est le premier professeur de philosophie nommé au lycée impérial de Poitiers [Vienne]. Il y enseigne sur toute la période qui va de fin 1809 à 1815.
De fin 1809 à octobre 1815, est en même temps professeur suppléant de Philosophie et d'Histoire à la Faculté des Lettres de Poitiers.
Né le 26 janvier 1762 à Parthenay [Poitou, aujourd'hui département des Deux-Sèvres] ; mort le 14 décembre 1829, à Poitiers [Vienne].
1808-1810. L'ENSEIGNEMENT DE LA PHILOSOPHIE DANS LES LYCÉES.
L'article 5, du titre 1er, du décret impérial du 17 mars 1808, portant organisation de l'Université, définit l'ordre des écoles et leurs fonctions spécifiques, au nombre de six : Facultés ; Lycées ; Collèges, écoles secondaires communales ; Institutions, écoles tenues par des instituteurs particuliers ; Pensions, appartenant à des maîtres particuliers ; Petites écoles, écoles primaires.
Aux Lycées revient l'enseignement de la Logique, indiqué dans la liste des matières enseignées : Langues anciennes, Histoire, Rhétorique [anciennement Belles-Lettres], Logique, et les éléments des Sciences mathématiques et physiques.
Cet enseignement de la Logique est à comprendre encore dans l'esprit de la Grammaire générale, entendue au sens des Idéologues, comme analyse du jugement.
Une inflexion du contenu de l'enseignement, dans un sens plus conforme à la tradition des collèges royaux d'avant la Révolution française, apparaît dans le règlement du 19 septembre 1809, qui organise l'enseignement.
L'article 5 indique : « Il y aura une année de philosophie dans les lycées chefs-lieux d'académies ». Soit trente-cinq lycées situés dans les frontières, et hors frontières, de la Révolution.
L'article 17 du règlement du 19 septembre 1809 détermine avec précision la matière de cet enseignement.
Ainsi, c'est à partir de cette date que se met en place, dans les lycées de l'Empire, un enseignement de philosophie comprenant : les principes de la Logique, de la Métaphysique, de la Morale ; ainsi que l'Histoire des opinions des philosophes.
Le cours est prononcé soit en latin soit en français. Il est confié à un professeur spécifique, à raison de quatre leçons par semaine, de deux heures chacune. Il est indiqué également : Le professeur fera composer ses élèves sur des matières philosophiques.
Pour le traitement et le rang, le professeur de philosophie est un professeur de premier ordre, comme celui de mathématiques transcendantes et de rhétorique.
« Les professeurs de premier ordre des lycées des chefs-lieux d'académie sont professeurs de faculté, et en prendront rang hors du lycée ; mais ils n'en seront pas moins subordonnés au proviseur dans l'intérieur de la maison ».
Enfin, un arrêté du 10 février 1810 décide une extension : « Il sera établi des chaires de philosophie dans tous les lycées qui ne sont pas placés dans les chefs-lieux d'Académies ».
LA DÉMARCHE DE LAROMIGUIÈRE.
Cette réintroduction de l'enseignement de la philosophie se fait vraisemblablement à la suite d'une démarche de Pierre Laromiguière [1756-1837], alors « bibliothécaire du Prytanée français [Louis-le-Grand] », depuis le 9 frimaire an XII [1er décembre 1803]. Démarche auprès de l'abbé Martial Borye Desrenaudes [1755-1825], l'un des dix conseillers titulaires du Conseil de l'Université, créé par le décret impérial du 17 mars 1808.
Intervention complétée par une lettre à Louis de Fontanes [1757-1821], Grand-Maître de l'Université, nommé par un autre décret du 17 mars 1808. Texte dont rend compte François Mignet, dans sa Notice historique sur Laromiguière [1862].
C'est ce qu'indique clairement, Prosper Alfaric, dans son ouvrage : « Laromiguière et son École. Étude biographique » [Paris : Les Belles-Lettres. 1929. pages 63 sq.].
1809-1815. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE DE POITIERS.
C'est dans ce cadre que l'abbé Jean Louis Bernardeau, est chronologiquement, à partir de la fin de l'année 1809, le premier professeur de philosophie au lycée de Poitiers [département de la Vienne, académie de Poitiers], classé lycée de troisième classe.
Il y reste en poste, comme professeur de philosophie, jusqu'en 1815.
En 1809 les lycées de troisième classe sont ceux de : Avignon ; Bonn ; Bourges ; Cahors ; Casal ; Clermont-Ferrand ; Dijon ; Gand ; Grenoble ; Limoges ; Moulins ; Nancy ; Napoléonville [Pontivy] ; Pau ; Poitiers ; Rodez.
L'abbé Jean Louis Bernardeau est remplacé en 1816 dans la chaire de philosophie [le lycée devient collège en 1814], par Jean François Alain Caro [1790-1872].
LES PROFESSEURS DE PHILOSOPHIE AU LYCÉE, PUIS COLLÈGE ROYAL, DE POITIERS.
Les différents professeurs de philosophie au lycée, puis collège royal, de Poitiers, sont successivement :
L'abbé Jean Louis Bernardeau [1762-1829], titulaire de la chaire de fin 1809 à 1815 ; Jean François Alain Caro [1790-1872], de 1816 à 1830 ; Adolphe Mazure [1799-1870], de 1831 à 1838 ; Charles Jeannel [1809-1886], à partir de 1839, et qui était déjà en 1838, suppléant et chargé du cours, en poste jusqu'en 1846 ; Antonin Rondelet [1823-1893], en 1847 ; Albert Lemoine [1824-1874], à partir de 1848.
Ainsi on voit que le type de recrutement des professeurs de philosophie à Poitiers se modifie, dès l'année 1831, avec la nomination d'Adolphe Mazure.
Dans un premier temps, de 1809 à 1830, l'enseignement de philosophie dans les lycées est assuré le plus souvent par des prêtres, qui sont parfois en même temps aumônier. Dès après la Révolution de Juillet, une nouvelle orientation est donnée à l'ensemble des nominations, renouvelant ainsi la quasi totalité des membres du corps enseignant des lycées [dont l'appellation se change en collèges].
Adolphe Mazure est un ancien élève de l'École normale [1816]. Et les enseignants qui succèdent à Adolphe Mazure sont pour deux d'entre eux aussi anciens élèves de l'École normale : Antonin Rondelet en 1841 ; Albert Lemoine en 1844.
Ces nominations de professeurs venant de l'École normale contribue à la laïcisation du corps des professeurs de philosophie, engagée en 1830 et assure généralement l'homogénéisation des contenus d'enseignement, le plus souvent dans l'esprit du spiritualisme de Victor Cousin [1792-1867].
1809-1814. PROFESSEUR SUPPLÉANT À LA FACULTÉ DES LETTRES DE POITIERS.
Selon la norme de l'époque, sa position de professeur de philosophie [professeur de première classe] au lycée de Poitiers permet à l'abbé Jean Louis Bernardeau d'être, en même temps, professeur de Philosophie à la Faculté des Lettres.
En réalité, il est professeur suppléant de l'abbé Eloy de Belissens [1758-1833], professeur titulaire de la chaire de philosophie en 1809, puis recteur de l'académie de Poitiers [1809-1815] ; d'Orléans [1815-1827] ; de Metz [1827-1828].
En 1811, Jean Louis Bernardeau cumule cette fonction avec celle de professeur suppléant d'Histoire, auprès de Charles Fradin [1769-1846], ancien professeur d'Histoire à l'École centrale du département de la Vienne, titulaire de la chaire, et secrétaire de la Faculté.
L'abbé Jean Louis Bernardeau y restera en poste jusqu'au 31 octobre 1815.
En effet, la Faculté de Poitiers est supprimée le 31 octobre 1815. Suppression prise par un arrêté de la Commission de l’Instruction publique, commission présidée par Pierre Paul Royer-Collard [1763-1845], arrêté confirmé par l’ordonnance royale du 18 janvier 1816.
Poitiers est l'une des dix-sept Facultés des Lettres supprimées [Amiens ; Bordeaux ; Bourges ; Cahors ; Clermont ; Douai ; Grenoble ; Limoges ; Lyon ; Montpellier ; Nancy ; Nîmes ; Orléans ; Pau ; Poitiers ; Rennes ; Rouen].
Les autres professeurs à la Faculté de Poitiers sont : pour la Littérature latine : Charles Creuze de Chateliers [1764- ], Doyen de la Faculté ; pour la Littérature française : Jacques Bernardy Lespinasse [1758-1836], ancien professeur de Législation à l'École centrale du département de la Charente [Angoulême], professeur de rhétorique au lycée impérial de Poitiers.
CURRICULUM.
Maître ès-arts de l'Université de Poitiers.
1783. COLLÈGE DE POITIERS.
L'abbé Jean Louis Bernardeau, en 1783, est sous-principal au collège de Poitiers.
1784-1791. PROFESSEUR DE PHILOSOPHIE.
Professeur de philosophie, à Saintes, puis à Poitiers au collège de Sainte-Marthe de Poitiers
1792. ÉMIGRÉ EN ITALIE.
Refusant vraisemblablement de prêter le serment constitutionnel, exigé des membres du clergé, l'abbé Jean Louis Bernardeau émigre en 1792 en Italie. Venant de Naples, il est, en 1803, de retour en France en passant par Marseille.
Il prête serment à Parthenay en 1803. Obtient de la part des élus locaux la création d'une école secondaire à Parthenay. Mais ne parvenant pas à en obtenir la direction, il porte l'affaire auprès du directeur de l'Instruction publique, conseiller d'État [8 septembre 1803].
1804-1809. PROFESSEUR DE MATHÉMATIQUES AU LYCÉE DE POITIERS.
En 1804, l'abbé Jean Louis Bernardeau est l'un des trois professeurs de mathématiques du lycée de Poitiers, dont l'ouverture avait été prévue au 1er floréal an XII [21 avril 1804] : Abbé Jean Louis Bernardeau ; Alphonse Louis Boubée de Lespin [1778-1857], futur inspecteur d'académie, puis recteur [Amiens ; Metz ; Orléans] ; Pierre Demeré, ancien professeur de Physique et Chimie expérimentales à l'École centrale du département des Deux-Sèvres [Niort], futur professeur de mathématiques spéciales au lycée royal de Poitiers.
Ainsi, pour emprunter la terminologie de notre époque, enseigne-t'il les mathématiques auprès des élèves de seconde et de première, avant d'être nommé professeur de philosophie.