CANT PRE.MIÉ
I ROCO MASSABIÈLO
Invoucacioun
à Mario Immaculado, à santo Estello.Espousicioun. - Lourdo.-
Tres pichouno van culi de bos. - Bernadeto Soubiruas.- Premiero Aparicioun.-
Li coumpagno de Bernadeto se trufon d'elo.- Aquesto muto d'abord- Pièi
dis tout à sa maire. - Defenso de mai retourna i Roco.
Bello
Rèino dou Cèu, o Vierge immaculado !
Qu'un
moumen davalant dis esfèro estelado
As
fa lusi ti resplendour
Au
gènt païs di Troubadour
;
Tu,
qu'as chausi nosti valengo,
E
qu'as bresiha nosto lengo,
T'en
pregue, ajudo-me dins moun prefa d'amour!
Car
t'ame, e voudriei, iéu, Miejournau de la bono,
Entouna
'n cant d'ounour à ma douço Madono:
Tout
ço qu'à Lourde as dich, as fa,
E
ti lausour e ti benfa,
En
pure lengo prouvençalo,
Qu'es
nosto lengo majouralo,
Lou
cantarai, Mario; assousto moun prefa!
Anen,
ma douço lengo ! antan tu mespresado,
En pleno glori aiuei pèr ti felibre aussado,
Pren toun lahut entrefouli.
S'en
murmurant toun parauli,
La Vierge de Diéu t'a cantado,
Es-ti pas juste, benastrado,
Que ié rendes loucant que t'a fa tressaIi ?
Apound-ié toun aflat, courouso santo Estelle,
E cencho menu couplet di set rai de l'estello.
Ansin alisca, diamantin,
Trelusira dins l'azur sin
De la celèsto pouesio
Gramaçi ta lusour qu'esbriho,
Estello, miraren l'Estello dóu Matin.
Esperit de fe, tu qu'aluminant fas vèire
À nòstis iue nebla coume se devon crèire
Li causo que lou mescresènt
Se n'en tèn quite, en se risènt,
Eselairo moun inteligènço ;
Clafis moun amo de cresènço;
Di vers paradisen fai raia lou sourgènt!
Adounc, l'anan canta l'esbrihandant miracle
Que Jeu Cèu à, la terro a douna 'n espetacle
En plen siecle dès-e-nouven:
Pòu que te charron li savènt,
O te chicane l'incredule,
Moun vers, fai-te mai d'escrupule :
Dóu soul flame verai enlusis lis avèn.
© Textes Rares
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CHANT PREMIER
AUX
ROCHES MASSABIELLE
Invocation à Marie Immaculée, à sainte
Estelle. - Exposition. -
Lourdes. - Trois fillettes vont ramasser du bois. - Bernadette Soubirous.
- Première apparition- Les compagnes de Bernadette se moquent d'elle-
Celle-ci se tait d'abord- Puis elle dit tout à sa mère.
- Défense de retourner aux Roches.
Belle Reine du Ciel, Ô Vierge Immaculée! qui, des sphères
étoilées un moment descendue, as fait briller tes splendeurs
au charmant pays des Troubadours ; toi, qui, de préférence,
as choisi nos vallées, et qui as soupiré notre langue, je
t'en supplie, viens à mon aide dans cette oeuvre toute d'amour
!
Car
je t'aime, et je voudrais, Méridional à la foi robuste,
entonner un chant d'honneur à ma douce Madone : tout ce qu'à
Lourdes tu as fait, tu as dit, et tes gloires, et tes bienfaits, en pure
langue provençale, qui est notre grande langue, ô Marie,
je le chanterai ; protège mon labeur
!
Courage,
ma
douce langue? toi si méprisée jadis, et aujourd'hui si élevée
en gloire par tes félibres, prends ton luth d'allégresse.
Si, en murmurant tes paroles, la Vierge de Dieu t'a chantée, n'est-il
pas juste que, privilégiée, tu lui rendes le chant qui t'a
fait tressaillir ?
Joins-y
ton souffle, gracieuse sainte Estelle, et environne mon couplet des sept
rayons de l'étoile
félibréenne.
Ainsi orné, comme un diamant il resplendira dans l'azur serein
de la poésie céleste : grâce à ton éclat
étincelant, Estelle, nous contemplerons l'Étoile du Matin.
Esprit de foi, toi qui, par tes clartés, montres à nos yeux
obscurcis comment nous devons croire les vérités dont l'impie
se tient quitte, avec un sourire, éclaire mon entendement, emplis
mon âme de croyance; des vers paradisiaques fais couler la source
!
Nous allons donc le chanter, l'étonnant miracle que le Ciel a donné
en spectacle à la terre, en plein dixneuvième siècle
: de peur que les savants ne te cherchent noise ou que l'incrédule
ne
te
contredise,
ô
mon vers, fais-toi scrupuleux, et du vrai
seul
illumine les Profondeurs.
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