CANT SEGOUND
APARICIOUN
Bernadeto,
la defenso levado, se rend mai i Roco.- Segoundo Aparicioun. La Vesènto
trais d'aigo-signado.- Recito lou rousàri emé lis autris
enfant.- Lourdo s'esmou.- Dono Millet e Antounieto Peyret.-Tresenco Aparicioun.-
Demando de Bernadeto.-Responso de la «Damo.»- Lou Curat Peyramalo.Lou
Vicàri.- Sièisenco Aparicioun.- L'Agalancié.- Tristesse
de la Vesioun.
Lou
Dimenche avenènt, Bernadeto pu tristo
A
se de mai jouï d'uno tant bello visto.
Vòu
pas desoubéï pamens :
A
sa maire dounc umblamen
Vai
s'adreissa ; Jano e Mario,
Vesènt
qu'ansin se desvarìo,
Fan
coume elo, e la maire A la fin dis
amen.
Urouso que-noun-sai, de-que te fan ? Prenguèron
Un
pau d'aigo-signado, e vite partiguèron.
Lis
enfant entr'éli avien di:
Quau
saup s'
es pas quauque maudi
Que
t'esblèugis ? Es bon d'ou saupre
S'es
maufatan, noun pourra caupre
Contro
faigo-signado, e lèu Sara 'nbandi.
Arrivèron
ansin i Roco Massabièlo,
Emé d'àutris enfant, que n'i'avié 'no sequelo.
Dins leu roucas pas rèn d'estra.
- Touti se fau ageinouia
E prega,- faguè la Vesènto.
E subran la troupo innoucènto
Dins lis aire escampè sis Ave Maria.
Puro ouresoun! qu'ausido en tant lèu, dins la baumo,
Deguè couri la « Damo » à soun perfum qu'embaumo.
Visage en plen trasfigura,
Front resplendènt, regard astra,
Entreduberto sa bouqueto,
Talo se tenié Bernadeto...
Soulet, li qu'hou-z-an-vist podon s'hou figura.
- La vaqui, crido pièi, que sourris e saludo
Espinchon, lis enfant : la Poco crouseludo
Em'un sauvage agalancié
Tant soucamen i'aparoissié.
Té, ié fan li pichoto fiho,
Ié remetènt une boutiho,
Trais-ié d'aigo-signado, e'ntanterin dis-ié
- S'es de la part de Diéu. à veni vous envite;
S'es de la part dóu Diable, au liuen fugissès vite.
L'enfant reprenguè d'un toun viéu :
- Se venès de la part de Diéu,
Aprouchas.- Pièi, s'estènt levado,
L'asperjo ciné l'aigo-signado,
E tant fuguè loti signe à la « Damo » agradiéu,
Que ié
respoundeguè pèr un galant sourrire,
Vers
elo S'avançant, coume se voulié dire :
Agues pas pòu, ma migo, es iéu,
E vène de la part de Diéu.
Repetà l'enfant soun envito,
Mai lou noum dou Diable s'evito
De lou dire, qu'acò i'es avis trop catiéu.
E
quand leu noum de Diéu toumbavo de si labro,
Vesié
l'Aparicioun, pus atentivo, alabro,
Resplendènto
de milo rai,
S'alumina
de mai en mai;
Parlant
pièi à si cambarado
-
Quand ié trase d'aigo-signado,
Aubouro
au Cèu lis iue, risènto, e d'un gènt biai
Vers
iéu se clino. . . Vès, coume nous aregardo !. - .
Sourris...
vire la tèsto.. . A si pèd, prenès garde..
Aro
floto leu blu riban
Que
ié pendoulo pèr davans...
Moun
Diéu! se vesias qu'es poulido!
Are,
semblo qu'es reculido...
Lou
chapelet qu'au bras pourtavo pendoulant,
Lou
pren... se signo. - À peno avié di Bernadeto,
Que
s'entorno e revèn de-vers sis amigueto.
Se
met d'à geinoun e de cor
Recitant
leu rousàri en cor,
Parti
d'aqui rèsto esbaubido,
Palo,
brego descoulourido,
Lou
regard fissa'n l'èr, e de clinoun lou cors.
© Textes Rares
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CHANT SECOND
APPARITIONS
Bernadette, une fois la défense levée, se rend encore aux
Roches.-
Deuxième Apparition.- La Voyante jette de l'eau bénite.-Elle
récite
le rosaire avec les autres enfants. - Lourdes s'émeut. -
Madame Millet
et Antoinette Peyret. - Troisième Apparition.
Demande de Bernadette. - Réponse de la « Dame. »- Le
Curé
Peyreale. - Le Vicaire. - Sixième Apparition. - L'Eglantier. -
Tristesse
de la Vision.
Le
dimanche suivant, Bernadette, plus triste, a soif de jouir encore d'une
si belle vue. Cependant elle ne veut pas désobéir: humblement
donc elle va s'adresser à sa mère: Jeanne et Marie, la voyant
se désoler ainsi, se joignent à elle, et la mère
enfin y consent.
Heureuses
à souhait, que font-elles? Elles prirent un peu d'eau bénite,
et vite de partir. Les enfants s'étaient dit entre elles . - Qui
sait si ce n'est pas quelque esprit de malédiction qui t'éblouit?
Il est bon de le savoir; s'il est mauvais, il ne pourra tenir contre l'eau
bénite et s'enfuira bientôt. -
Elles arrivèrent
ainsi aux Roches Massabielle, avec d'autres enfants, en grand nombre.
Dans le rocher rien d'extraordinaire.- Toutes il faut se mettre à,
genoux et prier, - dit la Voyante. Et, soudain, la troupe innocente jeta
dans les airs ses Ave Maria.
Prière
pure! qu'entendue aussitôt, dans la grotte dut accourir la «
Dame », pour respirer son parfum embaumé. Visage en plein
transfiguré, front éclatant, regard illuminé, sa
petite bouche entr'ouverte, telle se tenait Bernadette; seuls ceux qui
l'ont vue peuvent se la bien représenter.
- La voilà,
s'écrie-t-elle ensuite, qui sourit et salue.
-Les
enfants regardent : la roche creuse, avec un églantier sauvage
, uniquement se présentait à leurs yeux- Tiens, lui font
les petites filles en lui remettant une bouteille, jette-lui de l'eau
bénite et dis-lui en même temps
:
- Si vous
venez de la part de Dieu, je vous prie d'approcher; si c'est de la part
du démon, disparaissez vite. - L'enfant reprit alors d'un ton vif:
- Si vous venez de la part de Dieu, approchez. - Puis, s'étant
levée, elle l'asperge avec l'eau bénite, et ce signe fut
tellement agréable à la « Dame »,
Qu'elle
y répondit par un sourire gracieux, s'avançant vers elle,
comme pour lui dire. N'aie point peur, mon amie, c'est moi, et je viens
de la part de Dieu. L'enfant répéta son invitation, mais
elle évita de prononcer le nom du diable, car cela lui parut trop
méchant.
Et
lorsque le nom de Dieu tombait de ses lèvres, elle voyait l'Apparition,
plus attentive, avide, brillante de mille rayons, s'illuminer encore plus.
Parlant ensuite à, ses compagnes : - Quand je lui jette de l'eau
bénite, elle lève les yeux au Ciel, souriante et, d'un air
plein de grâce,
Vers
moi elle se penche... Voyez comme elle nous regarde... elle sourit ...
elle tourne la tête... prenez garde à ses pieds Il flotte,
le ruban bleu qui est suspendu à sa ceinture Mon Dieu! si vous
voyiez comme elle est belle ! .. Maintenant, il me semble qu'elle s'est
recueillie... Le chapelet qui pendait à son bras,
Elle
le prend... se signe. - A peine Bernadette avait dit ces mots, qu'elle
se retourne et revient vers ses amies. Elle se met à genoux, et
de coeur récitant le rosaire avec elles, à partir de ce
moment elle reste tout émotionnée, pâle, les lèvres
décolorées, le regard fixé en l'air et le corps penché
en avant.
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